L’UE préfère la 5G au wifi pour les voitures connectées

Pieterjan Van Leemputten

L’Europe rejette la proposition d’utiliser l’ITS-G5, une norme basée sur le wifi, pour les voitures connectées. Cela ouvre la voie à une solution 5G qui, bien que plus récente, n’est pas nécessairement meilleure. De plus, il n’est pas encore question de la 5G pour l’instant.

Selon Reuters, 21 États membres au total ont voté contre la proposition d’utilisation de l’ITS-G5. L’objectif est que les ministres de l’UE rejettent officiellement cette proposition le 8 juillet.

En bref, le choix se situe entre le wifi et la 5G, bien que le débat soit beaucoup plus nuancé et qu’il semble que la décision actuelle soit également inspirée par le lobbying du secteur des télécommunications. D’une part, il y a l’ITS-G5, une norme wifi, et d’autre part, le Cellular V2X, qui est aujourd’hui défini comme la 5G.

L’ITS-G5 bénéficie notamment du soutien de Volkswagen, Renault, Toyota, NXP, Autotalks et Paksch TraffiCom ; la 5G de l’appui de Daimler, BMW, Ford, du Groupe PSA, de Deutsche Telekom, Ericsson, Huawei, Intel et Samsung. Le lobby des télécommunications GSMA s’est également rangé du côté de la 5G.

Le principal argument de fond est que l’ITS-G5 existe depuis dix ans et qu’il est donc plus ancien que la 5G. Cependant, l’argument selon lequel ce qui est plus récent est par définition meilleur n’est pas établi. Ainsi, il n’est pas encore question de la 5G, mais de la 4G. L’ITS-G5 n’est pas non plus tout à fait comparable au réseau wifi qu’on utilise à la maison. Réduire la comparaison à une opposition entre le wifi et la 5G est donc trop simpliste.

“Il s’agit en effet d’une technologie plus ancienne, basée sur le wifi, mais elle convient à une communication directe et rapide”, explique Ingrid Moerman, professeure rattachée à l’institut de recherche imec. Elle dirige la recherche sans fil au sein d’imec IDLab à l’Université de Gand. À ce titre, elle est également impliquée dans des bancs d’essai qui comparent différentes technologies.

L’alternative à l’ITS-G5 (wifi) est le Cellular V2X, qui est aujourd’hui défini comme la 5G. “Tous les tests actuellement en cours utilisent la technologie 4G-LTE”, nuance la professeure Moerman. “L’ITS-G5 est plus ancien, mais aussi plus mature. Il y a actuellement sur le marché plusieurs puces qui ont été testées à grande échelle.”

En outre, il ne s’agit pas des mêmes puces 4G et 5G qui équipent nos smartphones aujourd’hui ou les équiperont bientôt. “Il n’y a pas de puces commerciales pour le Cellular V2X sur le marché aujourd’hui. Il n’existe actuellement que des prototypes. Nous les testons en ce moment, mais on ne peut pas encore les acheter en tant que produits finaux.”

Qui fournit ces prototypes ? Aujourd’hui, il s’agit principalement du géant des puces Qualcomm. Si l’Europe opte pour la 5G au lieu de l’ITS-G5, l’entreprise peut déjà compter sur une manne financière. Qualcomm possède aussi une masse de brevets 4G et 5G qui lui permettent de passer à la caisse, lorsque ses concurrents fabriquent des puces similaires.

La professeure Moerman ne se prononce pas sur la question de savoir quelle technologie sera la plus coûteuse dans la pratique, mais elle nuance en disant que l’ITS-G5 est une technologie ouverte. “Les deux technologies ne sont pas exemptes de restrictions en raison de brevets et de coûts de licence connexes. Les brevets pour le Cellular V2X sont surtout détenus par des sociétés américaines et asiatiques, alors que les brevets pour l’ITS-G5 sont également détenus par des sociétés européennes.”

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