En tant que fabricant de haut-parleurs, vous sortez enfin, après des années de rumeurs, votre premier casque et vous décidez de synchroniser ‘parfaitement’ ce lancement avec le remake le plus radical à ce jour de votre appli. Est-ce donc bien utile? Non, comme nous avons pu le constater lors de notre test. Il n’empêche que ce Sonos Ace est quand même un casque à fort potentiel.
L’expérience de la synchronisation coule pourtant dans les ‘veines’ de Sonos, spécialisée dans les systèmes audio multi-room, pourriez-vous croire. Cela fait en effet un peu moins de deux décennies déjà que vous écoutez chez vous dans chaque pièce votre musique préférée à la milliseconde près, à moins que vous ne vouliez écouter quelque chose de différent dans tous les endroits de votre habitation. Mais avec la toute nouvelle appli que Sonos a imposée à ses utilisateurs début mai, l’entreprise a complètement foiré, désolé pour ce mot. Les fonctionnalités essentielles semblaient ne plus répondre à l’appel ou, pire encore, avaient été tout simplement bazardées! En outre, l’appli réagissait lentement et se plantait même régulièrement, ce qui provoqua un afflux de plaintes d’utilisateurs mécontents issus de la communauté Sonos généralement très loyale. Et ce, donc, à la veille du lancement de l’Ace, le premier casque de l’entreprise. Vous avez dit mauvais genre…
En coulisses
Sonos s’est défendue dans un premier temps en affirmant qu’il ‘lui avait fallu pas mal de courage pour rénover complètement son appli’. Mais quelques jours plus tard, l’entreprise dut se rendre à l’évidence et présenta des excuses. Il s’ensuivit des mises à jour. Un mois après que nous ayons reçu notre exemplaire de test du Sonos Ace, nous sommes quand même parvenus durant le première semaine de juin à le rendre vraiment opérationnel, ce qui nous a valu quelques cheveux gris en plus.
Voilà ce qui s’est réellement passé en coulisses chez votre serviteur, le testeur de service. Car si après avoir lu cet article, vous décidez d’acheter un Ace, il y a de fortes chances que le casque fonctionnera à merveille du premier coup. Même si cela ne veut pas dire que tous les problèmes seront entre-temps résolus. C’est ainsi que dans l’appli Sonos rénovée, nous ne réussissons encore et toujours pas à accéder à la compile musicale sur notre disque réseau (NAS) et que la fonction de calibrage TruePlay n’a provisoirement aucun sens. En outre lors du démarrage de l’appli, nous obtenons encore beaucoup trop souvent le message ‘aucun produit trouvé’. Après quelque temps, les haut-parleurs connectés apparaissent généralement, mais c’est encore bien loin du niveau d’utilisation auquel Sonos nous a habitués.
Vous êtes toujours là? N’abandonnez surtout pas votre lecture, car ce casque Sonos Ace a assurément du répondant. Même si le terme ‘fort potentiel’ utilisé dans l’intro de cet article ne correspond pas tout-à-fait à nos attentes. Qu’à cela ne tienne, il y a heureusement aussi beaucoup de bonnes nouvelles et c’est ainsi que nous voulions poursuivre le rapport de ce test.
Sonos ne laisse subsister aucun doute: l’Ace est un casque sans fil du segment premium, où il devrait concurrencer des valeurs confirmées telles que l’Apple AirPods Max, le Sony WH-1000XM5 et le Sennheiser Momentum. Qu’est-ce que cela signifie? Un ‘over-ear-design’ (l’oreille disparaît dans l’écouteur), un système anti-bruit très efficace, mais un prix pas piqué des vers de 499 euros.
Le design est très clean et ressemble un peu à un mix entre le Parrot Zik (quel casque de qualité, malheureusement sous-évalué, lancé il y a dix ans déjà!) et le modèle Sony susmentionné. Le confort qu’il offre, est excellent – léger, offrant une sensation de velours sur les oreilles – sans compter cet extra très pratique de pouvoir remplacer en un tour de main les oreillettes à fixation magnétique. Il vous en coûtera 50 euros environ, mais si le similicuir se détériore au bout de quelques années, ce qui se produit avec la plupart des casques, cette solution devrait vous plaire. Original: les oreillettes sont de couleurs différentes, afin que vous ne deviez pas toujours rechercher les inscriptions L et R (qui sont du reste encore et toujours bien présentes).
Huit microphones
L’Ace, disponible en noir et en blanc, est non seulement racé, mais son ramage est aussi à la hauteur de son plumage. Très net, dynamique et bien équilibré – merci aux ‘custom 40mm dynamic drivers’ proches de vos tympans! Un esprit grincheux pourrait certes trouver que la musique reproduite revêt en général un aspect quelque peu neutre. Il y a un peu de vrai là-dedans, mais avec un égaliseur (equalizer), il est en principe possible de trouver la parade. Sauf que le bât blesse quand même un peu, car l’égaliseur de l’appli Sonos-app est très limité (aiguës, basse, balance) et se trouve en outre ridiculement loin. Si on établit une comparaison avec les possibilités offertes par l’appli Sony Headphones, la syntonisation (tuning) chez Sonos en est clairement encore à ses balbutiements.
Reconnaissons-le cependant: les paramètres par défaut suffiront à de nombreux utilisateurs, et certains artistes musicaux (ou certaines applis de services de streaming) disposent déjà d’un arsenal de réglages fins. Mais – et cela servira un peu de fil rouge tout au long de cet article -, nous n’avons, en tant qu’utilisateur de Sonos, pas du tout envie de migrer vers d’autres applis, étant donné que ce n’est pas non plus nécessaire pour les haut-parleurs de la marque.
Le système anti-bruit actif du casque s’en tire à merveille. Une fois que vous l’aurez activé, vous pourrez encore à peine entendre un claquement de doigt tout proche de vos oreilles. Pour s’opposer au bruit ambiant indésirable, l’Ace comprend pas moins de huit microphones, dont plusieurs sont également utilisés pour pouvoir effectuer des appels téléphoniques en main libre. Un léger inconvénient cependant: les microphones sont manifestement assez sensibles, car tout contact avec l’oreillette (même une éraflure d’ongle) se traduit directement en un son assez intense dans l’oreille.
Le petit bouton rond sur l’écouteur droit vous permet de basculer simplement d’un mode à l’autre, jusqu’en Aware Mode. Dans cette dernière position, vous percevrez tant la musique que le bruit ambiant pertinent, comme le trafic proche ou – pas anodin non plus – l’hôtesse dans l’avion, qui vient vous demander ce que vous souhaitez boire. À propos d’avion: un câble à fiche de 3,5 mm est fourni d’origine, afin que vous puissiez apprécier aussi le système de divertissement embarqué.
Les autres accessoires incluent un étui de rangement luxueux et un câble de recharge (USB-C vers USB-C). La batterie offre une autonomie jusqu’à trente heures et après trois minutes de recharge, l’Ace peut fonctionner trois heures durant. Une recharge complète prend trois heures environ.
Commutateur multifonction
Sonos se targue du fait que la commande de l’Ace est sensiblement plus simple que ce qui existe sur le marché jusqu’ici. Nous sommes parfaitement d’accord, d’autant plus que nous ne sommes pas tellement des adeptes d’écouteurs acceptant un tas de gestes tactiles. Mémoriser quelques mouvements de doigts, passe encore, mais certains casques vous obligent à en retenir tellement que vous commettrez à coup sûr des erreurs. C’est quasiment exclu sur l’Ace. Tout le mérite en revient au Content Key argenté, un commutateur multifonction sur l’écouteur droit, qui fonctionne de manière très intuitive.
Le Content Key sert à sauter des chansons et à marquer des pauses, mais aussi à ajuster le volume, à prendre les appels téléphoniques et – bientôt – à transférer le son de la barre de son de votre TV vers le casque. Passons du reste en revue tous les boutons de l’Ace: on y trouve un commutateur marche/arrêt (servant aussi pour l’appairage via Bluetooth), un bouton de commande de l’antibruit actif et, donc, le Content Key multifonction pratique. Voilà tout, et c’est bien ainsi.
Quelle appli Sonos?
Mais il y a aussi des inconvénients. A notre grande surprise, l’Ace semble en effet n’utiliser quasiment pas votre installation wifi intérieure. Seule exception: vous pourrez recourir à l’égaliseur limité susmentionné de l’appli Sono. A l’extérieur, ce composant ne fonctionne même plus, et l’Ace apparaît dès lors comme le ‘énième’ casque Bluetooth premium. A l’instar du Sony WH-1000XM5 ou de l’Apple AirPods Max. A mes yeux, il s’agit là du plus grand manquement du Sonos Ace dans sa forme actuelle.
‘On the go’, déambulant en ville ou voyageant en train, cela ne nous pose pas de problème: via un service musical comme Spotify ou Apple Music, il est possible de diffuser parfaitement la musique vers le casque, même si cela fait cependant bizarre que même la fonction égaliseur de l’appli Sonos refuse subitement tout service. Mais une fois arrivés dans notre environnement wifi familier, nous nous attendions quand même à un autre comportement du Sonos Ace. Nous voulions alors avoir accès (via wifi) à notre installation multi-room complète, en ce compris la musique sur le NAS, les playlists précédemment créées via l’appli Sonos, ainsi qu’à nos services de streaming et stations radio préférés. Tout comme nous y sommes habitués avec nos haut-parleurs Sonos, simplement via l’appli Sonos.
Rien de tout cela, hélas. Même dans le living, l’Ace ne sait pas se comporter comme un casque Bluetooth classique. Et cela se traduit par pas mal d’opportunités manquées. Pour n’en citer qu’une: l’intégration wifi aurait pu vous éviter d’être régulièrement perturbé par des bips de notifications arrivant via votre smartphone. Mais ce qui nous manque surtout, c’est l’intégration proprement dite: pour chaque source de musique, il faut migrer vers une autre appli, alors que la force du système Sonos réside précisément dans le fait qu’il regroupe tellement de sources de musique différentes sous un seul et même toit (comprenez dans une même appli).
Une salle de cinéma hautement personnalisée
Il y a heureusement aussi un élément positif et pas anodin du tout: la possibilité de profiter avec l’Ace, dans votre living, de l’ensemble de votre installation de divertissement domestique: programmes TV, films, jeux,… L’idéal pour apprécier tout ce que vous préférez, sans pour autant réveiller vos enfants endormis ou perturber les autres membres de la famille. Et si la source d’images (ou votre abonnement de streaming) le propose, vous bénéficierez même du son surround Dolby Atmos à part entière avec la technologie Dolby Head Tracking. L’Ace offre sur ce point d’excellentes performances – on se croirait vraiment dans une salle de cinéma hautement personnalisée –, même si tout le monde n’appréciera pas le fait que le son s’adapte automatiquement à la position de la tête. Dans pareil cas, il vous suffira heureusement de désactiver simplement ce gadget. Ultérieurement cette année, Sonos prévoit par ailleurs aussi une fonctionnalité TrueCinema permettant de reproduire dans les écouteurs l’acoustique de l’espace physique dans lequel vous vous trouvez. Voilà qui devrait réduire encore la différence entre écouter avec et sans le Sonos Ace.
Il y a bien un revers à la médaille. Si vous souhaitez apprécier vraiment avec l’Ace les films, jeux ou autres contenus vidéos, il vous faudra également disposer d’une barre de son Sonos. Celle-ci transférera en effet le son vers le casque. Au moment de rédiger cet article, la fonctionnalité n’était en outre compatible qu’avec la Sonos Arc qui, avec ses 999 euros, représente le top-modèle de la gamme. Plus tard cette année, le casque acceptera également les Beam (Gen 1 et 2) et Ray plus abordables, mais le timing exact n’a pas été révélé.
Il n’empêche qu’il nous manque certaines choses sur le Sonos Ace en tant que casque de divertissement domestique. Il n’est par exemple pas possible d’écouter la TV via l’Ace (peu importe si la TV est branchée à un décodeur ou une console de jeu), Alors que votre système surround Sonos reproduit simplement la musique favorite de quelqu’un vivant sous le même toit que vous. En d’autres mots, si vous vous appropriez la TV avec l’Ace, vous accaparerez directement aussi les autres haut-parleurs dans l’espace télévisuel. Ecouter deux sources différentes n’est pas possible. Ecouter la même source non plus d’ailleurs. Et c’est bien regrettable. Nous pouvons en effet nous imaginer parfaitement un scénario où un membre malentendant de la famille préfère écouter les informations au casque, alors que les autres suivent l’émission via la barre de son.
Conclusion
Lors de ce test du Sonos Ace, nous n’avons pu nous empêcher d’évoquer les interminables mises à jour de l’appli, reçues au fil des dernières semaines. Après bien des années de fidèle service, notre système musical Sonos nous a fourvoyés complètement, pour ensuite revenir très progressivement à son ancien niveau, qui n’est aujourd’hui assurément pas encore entièrement atteint.
Durant les premières semaines, le test de ce casque s’est dès lors avéré une réelle épreuve. Mais une fois le logiciel en grande partie (de nouveau) au point, nous nous sommes directement rendu compte que le Sonos Ace présentait un solide potentiel. Il s’agit – en tant que casque Bluetooth premium – sans aucun doute d’un concurrent de taille pour les valeurs confirmées que sont les Apple AirPods Max, Sony WH-1000XM5 et Sennheiser Momentum. Son prix de quasiment 500 euros ne nous paraît pour l’instant pas à la hauteur de ses performances. Nous trouvons donc le casque de Sony au moins aussi bon, voire un tantinet meilleur, alors son prix de vente actuel avoisine les 300 euros.
Là où le Sonos Ace peut réellement se distinguer et justifier son prix supérieur, c’est dans le living. Actuellement, cette plus-value se limite certes encore à une agréable combinaison avec la Sonos Arc (pour les quelques rares bienheureux qui peuvent se la permettre, dont coût 1.500 euros), mais ce que nous aurions apprécié, c’est une intégration complète dans l’écosystème Sonos, incluant l’accès à toute notre musique préférée à partir d’une seul appli coordonnant le tout. Car avec des mises à jour logicielles, s’il est possible d’arranger pas mal de choses, on peut surtout aussi faire de très belles choses. Pas vrai Sonos?
Le Sonos Ace est disponible pour 499 euros en versions Black et Soft White.
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