L’intelligence artificielle capable de prévoir la nature sexuelle sur base d’une photo

© Stanford University
Pieter Van Nuffel Journalist DataNews

Des chercheurs de l’université de Stanford ont mis au point un système AI capable de prévoir la nature sexuelle de personnes sur base de leur look. Cette technologie pose évidemment des questions éthiques.

Peut-on deviner si quelqu’un est homosexuel rien qu’à son look? Pas mal de gens affirment posséder un ‘gaydar’, à savoir un système de radar intuitif leur permettant de distinguer d’un simple regard les homos des hétéros. Des études scientifiques sur le phénomène sont cependant moins univoques. Si un jury d’hommes et de femmes tente de deviner la nature sexuelle de quelqu’un sur base de photos, le taux de succès dans la plupart de ces études varie entre cinquante et septante pour cent, ce qui est un peu mieux que de parier à l’aveugle.

L’intelligence artificielle fait, elle, nettement mieux, comme le montre à présent une étude effectuée par l’université de Stanford. Les chercheurs ont utilisé 35.326 photos et les mentions de la nature sexuelle de 14.776 personnes d’un site de rencontres en ligne. Ils ont alors formé des réseaux neuraux à identifier des modèles/gabarits. Il est ainsi apparu que les homosexuels masculins ont en général un visage plus féminin, un nez plus long, des mâchoires plus serrées et un front plus grand. Chez les lesbiennes, les résultats sont inverses, c’est-à-dire un front plus petit et des mâchoires plus larges en général. Il ne s’agit pas là de préjugés des chercheurs, mais bien le résultat des analyses effectuées par le logiciel de reconnaissance de modèles au départ des photos.

L'intelligence artificielle capable de prévoir la nature sexuelle sur base d'une photo
© Stanford University

Les modèles ont appris à l’ordinateur à identifier la nature sexuelle d’une personne. Lorsque le système AI découvrait une nouvelle photo, il pouvait prévoir la nature sexuelle de la personne avec un degré de précision de 81 pour cent pour les hommes et de 71 pour cent pour les femmes. Lorsque cinq photos d’une même personne lui étaient soumises, le degré de précision passait à 91 pour cent pour les hommes et à 83 pour cent pour les femmes. Les chercheurs ont soumis les mêmes photos à un jury humain qui rendit un avis correct dans 61 pour cent des cas seulement pour les hommes et 54 pour cent pour les femmes.

Au sein de l’équipe des chercheurs, le doute régna quant à savoir s’il fallait publier ces résultats, qui pourraient avoir des effets dangereux. Ils décidèrent finalement de le faire, parce qu’ils voulaient mettre en garde la population, les décideurs politiques et la communauté des homosexuels et des lesbiennes que cette technologie pouvait être abusée par des autorités et des entreprises. Et de faire référence à des pays, où l’homosexualité est interdite, et à la Chine, qui utilise déjà un logiciel de reconnaissance du visage pour contrôler ses citoyens. Selon les chercheurs, ce type de technologie peut enfreindre le respect de la vie privée. Il y a donc un besoin urgent d’une prise de conscience plus poussée et d’une législation en la matière.

Update (11/09): l’ensemble des données dont sont issus les pourcentages rapportés, se caractérisait par un rapport de 50 pour cent d’hétéros et de 50 pour cent d’homos. On ne peut donc pas en conclure qu’au sein d’une population donnée , on puisse identifier correctement 91 pour cent d’homos masculins.

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