L’intégration mène-t-elle à la désintégration?

L’arrondissement de BHV, bon nombre de mariages et toute une série d’entreprises ICT tombent apparemment dans le même piège.

L’arrondissement de BHV, bon nombre de mariages et toute une série d’entreprises ICT tombent apparemment dans le même piège. Plus nous nous efforçons d’intégrer, plus la désintégration est destructrice. Les fusions, intégrations Benelux (avec un management néerlandais…), optimalisations d’organigramme (lisez: organisations matricielles auto-cloisonnantes), etc. exercent un effet dévastateur. Le jeu devient alors un supplice, le mariage un divorce, BHV scinde la Belgique et les fusions et réorganisations font exploser le payroll: tout se déroule de façon aussi rapide qu’exponentielle. Les gens partent en masse.

Toutefois, certains affirment que le changement (donc aussi la réorganisation) a du bon. ‘When the winds of change are blowing, some build wind shelters, while others build windmills…’ Un bel adage. Mais d’un point de vue strictement littéral, le changement y est étroitement lié au vent. Voilà pourquoi, sans doute, les changements attirent tellement de baudruches qui viennent faire la pluie et le beau temps: des gestionnaires qui défendent pour ainsi dire le principe du ‘Win for Life’, mais qui ont fait du ‘Wind for Life’ leur travail. Le vent fort est toutefois un signe de mauvais temps. Qui sème le vent récolte la tempête. C’est exactement ce que font les politiciens BHV haletants, les époux soufflants et les gestionnaires de fusion expirants. Car les gens ne se laissent pas facilement ’emporter’ par les ‘winds of change’. Le changement n’est pas par définition positif et ardent, mais trop souvent gris et brumeux comme un nuage de poussière islandais.

L”intégration’ est trop souvent vue comme la fusion à froid de deux feuilles de calcul. Les gens ne sont rien de plus que de petits chiffres bidimensionnels dans une colonne bidimensionnelle. Mais les gens travaillent pour d’autres personnes, pas pour des feuilles de calcul. Leur aspiration la plus élevée n’est pas ‘d’atteindre la case F115 de la Corporate Excel Sheet’. Un contrat de travail n’est pas une paire de menottes avec d’un côté le radiateur et de l’autre le collaborateur. Vous ne le motivez pas de cette façon. Les gens fonctionnent au respect, à l’implication, à la reconnaissance, à la motivation et non par le fait de savoir ce que le changement positif qui les ‘victimise’ signifie pour la carrière du ‘Windmaker’ (par analogie avec le terme anglais ‘Rainmaker’, encore un terme qui désigne le mauvais temps mais qui revêt une signification positive pour les Anglo-Saxons).

Le meilleur conseil prodigué par ma mère était: “Fils, sois le plus malin”, ce qui signifiait réellement: tais-toi et sois indulgent pour ne pas envenimer les choses. J’ai souvent fait preuve d’indulgence, mais jamais un merci ou un compliment en retour. Au contraire, pour les autres j’étais le looser, le timide. Rien n’a changé aujourd’hui. Les personnes de bon sens qui font preuve d’indulgence vis-à-vis des baudruches pour ne pas envenimer les choses sont considérées par elles comme des objets utilisables. Le bon sens n’est ni encouragé, ni reconnu et encore moins récompensé. Le bon sens rend jaloux et embarrasse. Et pourtant, le bon sens est, avec la connaissance du terrain, le professionnalisme et les personnes impliquées, le secret des fusions et réorganisations réussies. Mais oui, Panoramix et sa potion magique a vécu à l’époque d’Astérix et Obélix et non à celle de Managerix et d’Ambitiorix.

Jan Mertens

Jan Mertens est chasseur de têtes et coach personnel dans le secteur IT depuis 15 ans.

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