L’ICT a besoin de Spiderwomen sur la Toile

Les femmes, l’ICT et l’innovation. Ce n’est pas là une combinaison si évidente, et ce pour différentes raisons qui en partie semblent être des préjugés manifestes. Les causes, on les trouve d’abord dans l’enseignement, puis dans l’emploi et, enfin, dans l’image du secteur ICT même.

Les femmes, l’ICT et l’innovation. Ce n’est pas là une combinaison si évidente, et ce pour différentes raisons qui en partie semblent être des préjugés manifestes. Les causes, on les trouve d’abord dans l’enseignement, puis dans l’emploi et, enfin, dans l’image du secteur ICT même.

Manifestement, l’écart ICT entre les filles et les garçons débute dès l’école. Dans l’enseignement secondaire, seule une minorité de filles opte pour une formation en informatique. En 2006-2007, selon les chiffres fournis par le Département Enseignement, 21% de filles ont choisi l’informatique dans l’enseignement secondaire contre pas moins de 79% de garçons. Cette tendance se confirme dans l’enseignement supérieur avec quand même une légère hausse du nombre de filles en 2007 et 2008. De chiffres récents, il ressort que davantage d’étudiants s’inscrivent en première année de sciences positives, ingénieur ou ICT, mais que les sciences industrielles restent encore et toujours un bastion masculin surtout dans les écoles supérieures, puisqu’on n’y retrouve même pas 10% de filles, et cela diminue encore. A l’université, les études d’ingénieur ont été choisies en 2007-2008 par 25,25% de filles en plus que l’année précédente.

Si l’on envisage l’emploi, la situation n’y est guère plus rose. Dans le cadre de leur travail, les femmes utilisent certes souvent l’ordinateur, mais elles en font très rarement leur profession. En 2007, 26% de femmes ont trouvé du travail dans le secteur ICT contre 74% d’hommes. Et puis, il y a encore une troisième cause: le travail ICT a une image ennuyeuse auprès des femmes, faisant penser à des ‘mordus asociaux’ qui passent des heures devant leur PC. Précisément le genre de chose qui n’intéresse pas les femmes, lesquelles préfèrent les contacts sociaux. Pour elles, l’ICT est plus un moyen qu’une fin. Le secteur ICT aurait tout intérêt à engager davantage de ‘spiderwomen’. Il devrait adapter son image, et les femmes devraient elles-mêmes choisir sciemment d’y travailler. Il serait quand même absurde de renoncer à l’avance à ce potentiel d’emploi féminin, alors que les entreprises ICT ne parviennent pas à pourvoir leurs places vacantes.

Le gouvernement flamand investit à cet égard dans une politique de sensibilisation en vue d’attirer les jeunes filles vers les sciences et l’informatique. Cette année, il va ainsi libérer 9,1 millions EUR dans le cadre du plan d’action ‘Wetenschapscommunicatie’. Pour faire mieux connaître la technique à l’école, le projet ‘Techniek op School voor de 21ste eeuw (TOS21)’ a été lancé, grâce auquel la technique sera mise en valeur dès l’école maternelle jusqu’à la fin de l’enseignement secondaire. Cela passera notamment par la mise à disposition de matériel éducatif lié aux aspects scientifiques et technologiques actuels et axés vers le futur.

Mais d’autres projets se préparent. Les femmes s’inspirent de modèles existants. Ce n’est pas que nous devons absolument rechercher le pendant féminin d’un Bill Gates, mais il existe chez nous suffisamment d’exemples de femmes ayant connu la réussite dans la technique, les sciences ou les mathématiques. Connaissez-vous par exemple Carine Moitier? Cette ex-spécialiste en marketing débuta sa carrière en 1998 chez bivolino.com, une entreprise belge qui propose des chemises sur mesure sur un site web. Personne ne croyait que la mode était possible sur internet. Pionnière du e-commerce en Belgique, elle a vu son chiffre d’affaires grimper de 77% et se vit décerner diverses récompenses avec son ‘wereld-winkel’ sur le World Wide Web. Voilà une femme qui a prouvé que l’ICT, les femmes et l’innovation peuvent faire bon ménage. Et n’y a-t-il pas aussi toutes ces e-mamans, qui utilisent leur PC et l’internet pour les courses, l’e-banking,…? L’ICT à la maison génère d’énormes possibilités pour les femmes. L’initiative ‘She goes ICT’ et l’enquête de Business ICT et TrendQ fournissent aussi les arguments nécessaires pour que nous changions notre regard sur le rôle de la femme dans le secteur technologique.

Mais le monde ICT lui-même doit aussi contribuer à rendre son accès plus attractif aux femmes. Dans les entreprises, une politique de diversité pourrait faire des miracles, et la flexibilité augmenterait les possibilités pour les femmes de trouver un emploi dans l’informatique et l’innovation. Des projets concrets, tels e-gender, une initiative de l’asbl E-lab Vlaanderen, et les réseaux Ada, braquent à fond les projecteurs sur cette problématique.

L’ICT est en fin de compte un outil important pour la réseautique féminine. Investir dans un réseau propre renforce la position de la femme dans le débat social. Se connecter en réseau via les sites web, les blogs et autres facebooks, élaborer des banques de données et un carnet d’adresses électroniques fourni, voilà comment rapprocher les femmes et leur permettre de s’échanger des expériences et de s’inspirer l’une l’autre. Leurs talents auront ainsi la chance de s’exprimer et de croître, afin qu’elles prennent dans le plus de domaines possibles des initiatives témoignant de leur sens créatif, de leur diversité et de leur esprit d’entreprise. #

Patricia Ceysens (Open VLD) est ministre flamande de l’économie, des entreprises, de la science, de l’innovation et du commerce extérieur.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire