L’extension des noms de domaines sur la sellette

Le gouvernement américain vient de mettre un holà à la proposition d’Icann d’autoriser l’attribution de centaines de nouveaux suffixes internet. Selon les autorités en effet, le projet ne bénéficierait pas au consommateur, et rendrait la concurrence plus difficile.

Le gouvernement américain vient de mettre un holà à la proposition d’Icann d’autoriser l’attribution de centaines de nouveaux suffixes internet. Selon les autorités en effet, le projet ne bénéficierait pas au consommateur, et rendrait la concurrence plus difficile.

En juin dernier, Icann, l’instance internationale responsable de la gestion du système de noms de domaines, décidait d’assouplir les règles conditionnant l’octroi de nouveaux noms de domaines “top level” (TLD). Le projet avait notamment pour but d’autoriser l’utilisation d’un nom de marque comme suffixe, ou encore de doter les organisations non commerciales d’un suffixe internet. Le gouvernement flamand avait tout de suite mordu à l’hameçon, et se prépare d’ailleurs à introduire un dossier en vue de l’adjonction d’un suffixe .vla.

Or, la semaine dernière, Icann s’est soudain vue confrontée à une sérieuse opposition, et ce là où elle ne l’attendait pas du tout. Meredith Baker, ministre adjoint par intérim de la ‘National Telecommunications and Information Administration’ (NTIA, le ministère américain des télécommunications et de l’informatisation), a en effet signifié à Icann dans une lettre ouverte qu’il n’était pas du tout clair que dans le cadre d’une telle opération, les bénéfices l ’emportent sur les coûts.

Avant d’attribuer de nouvelles extensions de domaines, la sécurité et la stabilité du système d’adressage sur internet doit être garantie, déclare ainsi Baker. “Icann doit d’abord s’assurer que les exploitants de tous ces nouveaux noms de domaines ne risquent pas de devenir trop puissants, ce qui leur permettrait de faire grimper les prix.”

Un grand nombre d’entreprises craignent déjà devoir mettre sérieusement la main au portefeuille afin de garantir la sécurité de leurs noms de domaines au cas où Icann mettrait ses plans à exécution. Ceux qui peuvent se le permettre achètent souvent toute une série d’adresses internet, parmi lesquelles on retrouve leur nom – ou un dérivé de celui-ci – et ce afin de prévenir la fraude et l’usage abusif. Et ils vont encore plus loin que Baker, puisqu’ils demandent carrément à Icann de renoncer à l’extension, ou tout au moins de différer ses projets.

La NTIA se dit également concernée par le fait qu’Icann voudrait empêcher la prolifération d’une série d’extensions de domaines controversées (comme .sex par exemple). Baker: “L’organisation ferait mieux de se cantonner à l’aspect technique, et ne pas se soucier de certaines préoccupations morales que le gouvernement est parfaitement capable de gérer.”

Stricto sensu, les EU ne peuvent pas influencer la façon de travailler d’Icann. L’organisation a en effet le statut d’acteur indépendant, et peut parfaitement prendre ses propres décisions. Il se fait néanmoins qu’en vertu de certaines contraintes contractuelles historiques, Icann ne peut introduire de nouvelles extensions de domaines sans l’approbation préalable du gouvernement américain.

Difficile à dire pour l’instant si les projets d’Icann sont définitivement mis sur la touche. En principe, le coup d’envoi de la procédure d’appel d’offres, durant laquelle les dossiers peuvent être introduits, devrait être donné en juin. La plupart des initiés émettent toutefois de sérieux doutes quant au délai. “Le manuel destiné aux évaluateurs est loin d’être prêt, et il y a encore bien trop de questions qui demeurent sans réponses”, réagit Rudi Vansnick, directeur général d’Isoc Belgium.

La démarche de Meredith Baker est cependant révélatrice du tour que prennent les relations entre le gouvernement américain et Icann. Alors que ces dernières années, l’organisation s’est constamment efforcée de souligner son indépendance par rapport au gouvernement (ne fût-ce que pour rassurer les grandes multinationales), ce même gouvernement désire insister sur le fait qu’il surveille de très près les activités d’Icann. Il ne faudrait pas en effet que l’organisation aille au-delà de ses prérogatives, et entreprenne des actions susceptibles de menacer la concurrence et la stabilité d’internet.

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