Carte blanche

Les ‘wearables’: gadgets électroniques ou prévention médicale?

Les wearables sont à présent surtout des gadgets utiles, mais ces appareils technologiques portables peuvent aussi contribuer à faire davantage de prévention, selon Gretel Schrijvers de Mensura.

Une montre qui vous rappelle les choses nécessaires à faire, un smartphone qui attire votre attention sur votre rythme cardiaque: voilà deux exemples de wearables que nous connaissons tous. Ce sont là surtout des gadgets (parfois) utiles, mais chez Mensura, nous sommes convaincus que cette technologie portable peut contribuer à faire davantage de prévention. Grâce aux wearables, nous pouvons par exemple détecter à temps l’affection larvée qu’est le stress. Si nous voulons éviter des burnouts ou des maladies physiques, nous aiderons ainsi à maintenir à flot notre sécurité sociale déjà fortement sous pression.

Notre actuelle législation sur le bien-être est et reste un jalon important, mais elle doit être actualisée. Si nous intégrons la technologie et les données qu’elle génère dans notre approche du bien-être, nous accomplirons un bond quantique sur le plan de la prévention. Qu’attendons-nous donc?

Une forme contemporaine de prévention

Une visite annuelle ou bimensuelle chez le médecin du travail s’avère particulièrement utile pour dépister les risques sanitaires liés au travail, mis cela n’en reste pas moins un instantané. Durant l’année ou la demi-année qui s’écoule entre les contrôles, il n’y a en fait pas de monitoring. Tel n’est en outre absolument pas le cas pour un grand groupe d’employés qui ne doivent jamais rendre visite au médecin du travail.

‘Les wearables peuvent donner un précieux feedback aux utilisateurs et aux médecins du travail sur l’évolution de la santé physique et mentale’

La solution se trouve néanmoins à notre poignet ou dans la poche de notre pantalon et s’appelle le wearable. Ces appareils numériques captent quotidiennement de grandes quantités de données. Ils peuvent ainsi donner un précieux feedback aux utilisateurs et aux médecins du travail sur l’évolution de la santé physique et mentale. Le stress, le manque de sommeil ou les désagréments ergonomiques sont souvent des problématiques larvées qui peuvent être détectées à temps au moyen d’un wearable.

Une meilleure prévention est tout bénéfice pour la société

Cela vous paraît-il quelque peu abstrait? Je vais alors être plus concrète en prenant deux exemples. Pour faire travailler de manière ergonomiquement responsable des travailleurs dans une entreprise de construction automobile, Mensura a développé, conjointement avec l’institut suédois Karlinska, un T-shirt ‘intelligent’. Des capteurs intégrés à ce dernier mesure l’inclinaison du dos des travailleurs qui se penchent en avant dans un environnement de production. Si une certaine limite de sécurité est franchie, le T-shirt le fait savoir en vibrant. Une telle solution pratique stimule la prise de conscience des mouvements ergonomiques chez les travailleurs.

Le contrôle de la sensation de stress est aussi possible en portant un wearable. Dans une grande firme de transport, nous déterminons au moyen d’une montre intelligente le pouls des chauffeurs de camion. Sur cette base, le logiciel Mindstretch définit combien d’énergie ils consomment, mais aussi dans quelle mesure ils s’en remettent. Grâce à l’utilisation du moniteur Mindstretch, il est possible d’intervenir en cas de problème de stress naissant, avant que cela ne dégénère.

Les données: une mine d’or au service du bien-être

Ces données peuvent représenter une véritable mine d’or pour notre bien-être, surtout si nous faisons ainsi économiser des coûts à notre sécurité sociale par une meilleure prévention. Pour en arriver à une législation correcte, nous ne pouvons pas perdre de vue l’aspect confidentialité. L’utilisation pratique de ces précieuses données exige des accords à la fois valables et clairs sur la façon dont nous captons, stockons et partageons ces informations. Cela nécessite un débat de fond entre les employés, les employeurs, les services internes et externes, les médecins traitants, les syndicats et tous les autres acteurs impliqués.

‘L’utilisation pratique des précieuses données exige des accords à la fois valables et clairs sur la façon dont nous captons, stockons et partageons ces informations’

En outre, l’objectif n’est pas que la technologie portable ait un impact déplacé et provoque un stress supplémentaire. Il est par conséquent important que l’interprétation des données collectées soit toujours effectuée par un médecin ou un infirmier. Cela permet d’éviter autant que possible toute mauvaise interprétation. L’économie des données est aujourd’hui déjà une réalité. Utilisons-la dès lors de manière responsable pour notre bien-être individuel et public.

Gretel Schrijvers est directrice générale de Mensura, le service externe de prévention et de protection au travail.

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