Les opérateurs la jouent-ils malin?

L’utilisation de données mobiles se trouve à un moment clé de son histoire comme l’attestent les réponses fournies par 160 organisations à un questionnaire de Beltug.

L’utilisation de données mobiles se trouve à un moment clé de son histoire comme l’attestent les réponses fournies par 160 organisations à un questionnaire de Beltug.

Les entreprises sont vraiment à l’affût de solutions leur permettant de s’organiser différemment et d’éviter les problèmes de mobilité. L’utilisation accrue des applications de données mobiles constitue l’une des pierres angulaires de cette approche. Après avoir stagné, l’utilisation de données mobiles connaît une croissance exponentielle. L’arrivée du HSDPA et du HSDPA+ a permis de libérer une bande passante accrue pour les applications mobiles. De plus en plus d’entreprises témoignent d’un intérêt croissant pour les applications sans fil, ce qui n’est pas sans imposer certaines contraintes.

Les entreprises ne se décideront vraiment à exploiter les réseaux mobiles qu’à condition de recevoir des garanties de qualité. Des entreprises comme SAP et IBM, mais également des centaines de nouveaux venus, développent des applications pour les PDA. Or, dans ce contexte, la qualité de bout en bout revêt vraiment une importance cruciale. Il doit dès lors être possible de garantir une certaine bande passange aux applications cruciales, même s’il existe incontestablement certaines restrictions techniques dans l’octroi garanti de cette fameuse qualité de service.

A court terme, Beltug attend des opérateurs mobiles un rapportage plus fouillé concernant les performances de leur réseau. Il y a encore pas mal de chemin à parcourir pour améliorer la qualité et la stabilité. Il ne pourrait d’ailleurs en être autrement dans un environnement comme celui-là, qui non content d’être nouveau, est également en constante évolution.

Qui dit données mobiles, dit risque de facture élevée, même pour un seul utilisateur. Les tarifs évoluent rapidement dans un sens positif, mais Beltug continue à se battre pour imposer une tarification claire et transparente.

Les groupes de volumes proposés pour un prix fixe sur le marché deviennent de plus en plus intéressants. Les utilisateurs se voient également offrir un vaste choix de packs, et il est donc possible de faire un choix approprié pour tous les collaborateurs, même si ceux-ci présentent des profils très différents. Ces groupes présentent toutefois un inconvénient majeur: une fois que le volume fixé est dépassé, le prix par MB augmente de manière spectaculaire, surtout en cas de roaming. Le hic, c’est que ni l’utilisateur final, ni le responsable TIC ne sait à partir de quand la limite est dépassée. Il est donc vivement souhaitable que les opérateurs mobiles puissent envoyer un avertissement lorsque l’utilisateur approche de la limite en termes de volume. L’utilisateur a en effet tout intérêt à pouvoir contrôler les coûts de sa consommation et éviter ainsi les surprises désagréables.

Mais même si l’on applique cette mesure, pour les entreprises qui comptent un grand nombre d’utilisateurs de données mobiles, il est très fastidieux et en définitive assez inefficace de devoir choisir un pack approprié pour chaque collaborateur et, le cas échéant, contrôler l’utilisation du pack en question.

En l’espèce, nous n’entrevoyons qu’une seule solution: fixer un volume global pour l’ensemble de l’entreprise, sans devoir se soucier du nombre de megabytes utilisés par chaque utilisateur. Beltug est particulièrement favorable à cette approche. Cette demande est d’ailleurs parfaitement légitime. A l’aube de la téléphonie mobile, les entreprises devaient acheter de petits packs individuels auprès des opérateurs mobiles, assortis de différents tarifs selon que l’on avait affaire à un petit ou à un gros utilisateur. A l’époque, Beltug plaidait pour un tarif/une minute uniforme pour l’ensemble de l’entreprise. Une fois cette demande satisfaite, la gestion de la téléphonie mobile s’en est trouvée nettement simplifiée.

Beltug demande dès lors aux opérateurs mobiles de faire de cette question une priorité absolue, afin que les entreprises puissent en faire usage à grande échelle. On pourrait commencer par instaurer des volumes à l’échelle nationale, pour ensuite proposer des groupes de volumes combinant le trafic national et international.

A l’instar de la téléphonie mobile, les tarifs élevés pratiqués pour le roaming constituent une sérieuse pierre d’achoppement. Il est clair que pour les tarifs internationaux, le marché ne fonctionne pas comme il le devrait. D’où l’intervention de l’Europe. Fin novembre, une décision européenne devrait voir le jour, en vertu de laquelle les opérateurs ne seront plus autorisés qu’à se facturer mutuellement un montant maximum de 1 EUR/Mo à l’intérieur de l’Europe.

Même si les initiatives de la Commission en matière de roaming sont plutôt bien accueillies par l’opinion publique, il faut savoir que cette réglementation est avant tout dictée par les intérêts du marché professionnel, qui s’approprie pas moins de 80% des appels en mode roaming. Or, pour les données mobiles, ce pourcentage est sans doute encore plus élevé.

Il reste d’ailleurs encore de la marge. Ainsi, les petits acteurs du secteur, comme Base, se sont regroupés au sein d’une association baptisée The Challengers. Outre la GSM Association, ces petits opérateurs ont en effet besoin d’un autre canal pour défendre leurs intérêts. Dans le cadre de leur concertation avec la Commission, The Challengers évoquent ainsi des tarifs européens de l’ordre de 25 eurocents/MO entre opérateurs mobiles!Beltug a décidé de publier des recommandations concrètes, qui apportent notamment des réponses à une série de questions telles que: Comment s’organiser pour limiter les coûts des données mobiles? Comment bénéficier des nouveaux tarifs du marché alors que le contrat court toujours?

Beltug entend toutefois se positionner clairement dans l’histoire. Nous continuerons bien évidemment à nous faire l’écho des attentes du marché professionnel. Nous voulons également demeurer une caisse de résonance pour les opérateurs. Ceux-ci vont devoir prendre d’importantes décisions en termes d’investissements, et au cours des prochains mois, ils devront souvent fixer des priorités.

La concertation avec les opérateurs mobiles est en cours. Ceux-ci sont prêts à relever le défi.

Danielle Jacobs est directrice générale du Beltug, l’association de défense des intérêts des utilisateurs professionnels de télécoms.

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