Les métadonnées dévoilent autant de détails personnels qu’une communication téléphonique

© Belga

C’est le moyen de défense favori de la NSA, voire de l”Indect Project’ soutenu par la Commission européenne: ‘Nous collectons des métadonnées, pas du contenu’. Malheureusement, cela n’a rien de rassurant car les métadonnées révèlent tout autant de détails personnels.

Il y a déjà eu suffisamment de mises en garde, selon lesquelles les métadonnées issues des communications téléphoniques peuvent divulguer pas mal de choses sur votre vie personnelle. Une étude réalisée par l’université américaine de Stanford le confirme aujourd’hui. Des chercheurs ont pu ainsi identifier un planteur de cannabis, un patient atteint de sclérose multiple ou encore une femme en visite dans une clinique spécialisée en avortements et ce, uniquement sur base de l’heure et de la destination des communications téléphoniques, en l’occurrence les métadonnées.

Pas le contenu

La NSA entendait apaiser le scandale de l’espionnage mondial, dont Belgacom entre autres a été aussi la victime en Belgique, en affirmant qu’elle ne collectait que les métadonnées et pas le contenu des millions de communications téléphoniques mobiles mises sur écoute.

La nouvelle étude avait pour but de vérifier si la divergence légale entre les métadonnées et le contenu se traduit aussi par une différence réelle dans les dommages causés. Les données de 546 bénévoles ont été ainsi collectées pour découvrir dans quelle mesure des informations à propos de qui est appelé et quand peuvent dévoiler des détails personnels.

Les bénévoles qui participèrent à l’étude, ont installé l’application ‘MetaPhone’ sur leur appareil Android. Ce faisant, les données (qui était appelé et les renseignements qui se trouvaient sur les profils Facebook des bénévoles) aboutissaient chez les chercheurs dans le laboratoire de l’université.

Sclérose multiple, avortement et plantations de cannabis

Plusieurs communications téléphoniques dévoilent évidemment plus qu’un entretien individuel. Lors de l’analyse, les chercheurs découvrirent plusieurs modèles qui révélaient très clairement des détails personnels.

Un participant a pris contact avec plusieurs neurologues locaux, un pharmacien spécialisé, un service de gestion d’infections rares, ainsi qu’un service pharmaceutique pour obtenir un médicament qui n’est utilisé que pour le traitement des patients souffrant d’une sclérose multiple.

Un autre bénévole a, un matin, eu une conversation téléphonique de deux heures avec sa soeur. Deux jours plus tard, il appela plusieurs fois une agence locale de planification parentale. Deux semaines plus tard, il eut encore divers entretiens brefs avec cette agence. Cela se termina un mois après par une dernière communication téléphonique.

Trois semaines durant, un troisième bénévole prit contact avec un magasin de bricolage, quelques serruriers, un vendeur de systèmes d’hydro-culture et un coffee-shop.

Informations sensibles

L’étude démontra aussi que même les métadonnées d’un seul coup de téléphone peuvent révéler des détails personnels. Des participants ont ainsi appelé les Alcooliques Anonymes, des avocats spécialisés en divorces, des médecins traitant de maladies sexuellement transmissibles, des strip-teaseuses, alors que 7 pour cent des bénévoles ont même pris contact avec des armureries.

Les données émanant de l’application MetaPhone ne sont statistiquement pas représentatives de la population américaine, du fait que les participants devaient posséder à la fois un téléphone Android et un compte Facebook.

L’ensemble des données qui ont été analysées par l’université, ont été collectées auprès de centaines d’utilisateurs sur une période de trois mois. Les données téléphoniques disponibles pour la NSA et les entreprises télécoms concernent, elles, des millions d’Américains sur plusieurs années. Il n’empêche que les chercheurs insistent sur le fait que les résultats indiquent clairement que les bases de données de la NSA et des entreprises télécoms peuvent divulguer des informations très sensibles. (WB)

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire