Les fournisseurs européens s’associent en vue de faire payer les ‘big tech’

. © Reuters
Pieterjan Van Leemputten

Depuis des années déjà, les acteurs télécoms européens demandent que les grandes firmes technologiques, surtout américaines, les rétribuent pour l’utilisation de leurs réseaux. Grâce à l’UE, ils vont peut-être arriver à leurs fins.

Le débat entre technologies et télécoms fait rage depuis des années, mais il reste provisoirement englué dans les plaintes émises par le secteur. Les opérateurs européens investissent dans des réseaux fixes et mobiles et tirent certes des revenus chez les consommateurs, mais les grandes sources de trafic internet se trouvent souvent Outre-Atlantique. Netflix, Google, Amazon, Facebook, Microsoft et d’autres acteurs pèsent en effet proportionnellement lourd sur les réseaux.

Les demandes adressées à ces entreprises pour qu’elles participent financièrement à l’utilisation des réseaux, câbles sous-marins et autres infrastructures, afin de guider les flux de données sur de bons rails, existent depuis des années déjà. Mais les grandes firmes technologiques (‘big tech’) ne sont guère motivées à l’idée de prendre place autour de la table, lorsqu’il est surtout question pour elles de perdre de l’argent.

Mais selon l’agence Reuters, les choses se mettent progressivement à bouger, à présent que des opérateurs européens s’associent, afin de faire payer les grandes firmes technologiques. L’Union européenne y jouerait aussi un rôle avec une loi qui contraindrait ‘big tech’ à payer. L’agence de presse a appris que le commissaire européen Thierry Breton préparait une telle réglementation, tout en se demandant si elle verrait bien le jour avant la fin de l’actuelle législature, soit en 2024.

3 milliards d’euros

Si une telle rétribution devenait réalité, cela pourrait se traduire par un solide transfert. Reuters cite ici un chiffre mentionné par le groupe bancaire Barclays, qui s’attend à ce que cela génère trois milliards d’euros par an, qui pourraient servir à mettre en oeuvre des réseaux européens, financés par les plus grande firmes technologiques.

Plus spécifiquement, selon ce genre de proposition, ce seraient surtout les plus grandes firmes technologiques qui devraient payer, ce qui fait que les petits acteurs ne seraient pas remplacés par des entreprises disposant de plus de moyens financiers pour s’acheter un accès.

Mais on n’en est pas encore là. Selon Reuters, Breton souhaiterait se concerter avec des acteurs des deux côtés. En même temps, des firmes comme Netflix déclarent disposer de centaines de sites de ‘caching’ à travers l’Europe, ce qui fait que le trafic de données ne devrait jamais aller loin dans la pratique. Google évoque aussi la nécessité d’un accès ouvert et de la neutralité du net. Il est vraisemblable que ces deux sujets se feront encore largement entendre, lorsque verser plus d’argent ne deviendra pas une question, mais une obligation.

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