Luc Verbist

Les défis à 3 ans du CIO

Luc Verbist Luc Verbist est CIO of the Year 2012 de Data News et CIO de De Persgroep.

En tant que CIO de l’année sortant, Luc Blyaert m’a demandé de dresser une liste des défis auxquels les CIO s’attendent dans les 2 à 3 ans à venir. Je lui ai demandé si je pouvais remplir un numéro entier de Data News…

En tant que CIO de l’année sortant, Luc Blyaert m’a demandé de dresser une liste des défis auxquels les CIO s’attendent dans les 2 à 3 ans à venir. Je lui ai demandé si je pouvais remplir un numéro entier de Data News… Mais ce n’était pas l’objectif, et 5.000 caractères, c’est déjà bien assez. Je vous présente donc mes excuses à l’avance pour la nature incomplète de ce qui suit.

Actuellement, l’une des plus grandes tendances, qui va encore s’intensifier au cours des années à venir, est la “tablettisation” de l’utilisateur, client ou employé. Avec la tendance BYOD, cela représente également un défi encore plus grand pour les applications d’entreprise. Développer en HTML5 avec une approche de conception adaptative est la meilleure façon de procéder. Toutefois, HTML5 est encore immature et n’est pas entièrement pris en charge par les différents systèmes d’exploitation des tablettes. Parfois, on a même l’impression qu’il s’agit d’une stratégie délibérée pour se démarquer. En outre, une application de conception adaptative offre une expérience utilisateur d’une lenteur affligeante quand on ne dispose pas d’une tablette équipée des processeurs les plus récents. Et un développement natif pour chaque plateforme n’est pas une option car cela se révèle à terme hors de prix.

Un autre sujet intéressant est la distribution de logiciels. Chez De Persgroep, nos 400.000 clients ont téléchargé la majorité de nos applications de presse. Comme avec tous les logiciels, de nouvelles versions sortent régulièrement. Nous les distribuons à 400.000 appareils qui nous sont inconnus et que nous ne pouvons contrôler. Les scripts qui gèrent le processus d’installation sont extrêmement compliqués lorsque vous recherchez une procédure robuste qui tienne compte de toutes les possibilités et statuts des dispositifs. Cela relève véritablement de l’art quand on sait que pour l’instant il existe plus de 8.500 combinaisons possibles et que ce nombre ne cesse d’augmenter. La marge d’erreurs est vraiment minime car même avec 99 % d’exactitude, notre centre d’appels reçoit 4.000 plaintes. Ce n’est donc pas acceptable.

Nous sommes tous confrontés de plus en plus à la cybercriminalité. Cela va des tentatives de piratage ou d’hameçonnage aux effractions ciblées. Cela peut avoir lieu sans que vous ne le remarquiez en tant qu’entreprise ou individu. Il serait illusoire de penser qu’une défense imparable puisse être mise en place. Selon le risque que vous courrez en tant qu’entreprise, vous pouvez engager plus ou moins de moyens, mais c’est comme un emplâtre sur une jambe de bois. Vous pouvez vous faire une idée des possibilités dont dispose un cybercriminel lorsque l’internet des objets deviendra réalité. Imaginez que vous roulez tranquillement avec votre Tesla 100 % électrique lorsque, soudain, un petit malin pirate l’ordinateur de votre voiture. Cela fait froid dans le dos.

Les fournisseurs ne prennent ici pas suffisamment leurs responsabilités. Ils devraient pouvoir aider leurs clients en fournissant des logiciels mieux sécurisés, en prévoyant eux-mêmes des protections contre les intrusions, en intégrant aux réseaux un système de protection qui détecte et fait obstacle aux comportements anormaux, etc. C’est un combat que nous devons mener ensemble et où chacun doit prendre ses responsabilités. Pour le moment, nos fournisseurs ne s’engagent pas encore assez dans la mêlée.

Dernièrement, on a beaucoup parlé de big data. En soi, nous étions autrefois déjà fort occupés avec de gros volumes de données dans nos entrepôts de données ou nos systèmes CRM B2C. Toutefois, le volume de données (à ne pas confondre avec l’information) désormais à disposition est immense. Lorsque l’internet des objets deviendra réalité, ce volume augmentera véritablement de façon exponentielle. Distiller l’information pertinente pour notre activité de cette masse de donnée relèvera du grand art. Et cela requiert, tant du point de vue matériel que logiciel et technique, une approche totalement nouvelle. Pour l’instant c’est encore très nouveau et en pleine évolution. Mais, loin d’être une tendance éphémère, c’est un véritable nouveau métier.

L’une des menaces importantes à laquelle nous sommes confrontés dans l’entreprise est l’élargissement du gouffre entre le marketing et l’ICT. Dans la plupart des entreprises, le département marketing est de loin le plus gros client interne du département ICT. Or, certains départements ICT ne peuvent pas répondre aux demandes du marketing au rythme souhaité. Cela pousse ce dernier à chercher d’autres solutions. Et elles existent. La facilité avec laquelle les services externes ou les applications peuvent être achetées et la disponibilité des solutions basées sur le cloud menacent de mettre le département ICT hors-jeu.

Le département ICT, et le CIO en tête, doivent anticiper ce phénomène sous peine de voir le département ICT relégué au rang de “simple” département de traitement de données. C’est toutefois difficile. Le CMO et le CIO parlent une langue différente, ils ont des objectifs totalement divergents, ils ont souvent des personnalités très disparates, etc. Il y a du pain sur la planche et il nous incombe en grande partie de combler ce fossé. En cela, nous ne sommes guère différents de toute autre entreprise qui doit également jeter un pont vers ses clients, et non l’inverse.

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