Les criminels malins vont en ligne

Stefan Grommen Stefan Grommen est rédacteur de Data News.

La crise frappe aussi les criminels. Les agences bancaires sont toujours mieux sécurisées, bien que les banques n’aient plus d’argent. Les criminels cherchent la voie de la moindre résistance.

La crise frappe aussi les criminels. Les agences bancaires sont toujours mieux sécurisées, bien que les banques n’aient plus d’argent. Les criminels cherchent la voie de la moindre résistance.

Le nombre de home-jackings avec violence connaît par exemple une augmentation spectaculaire. Les victimes sont sorties de leur lit sous la menace d’un revolver et doivent remettre argent, bijoux et voiture. Mais ces actes sont plutôt le fait de criminels à l’ancienne. Car dans le cyberespace, vous pouvez voler aujourd’hui bien plus d’argent en vous donnant moins de mal et en courant moins de risques. Ainsi, ma carte Visa a déjà été bloquée deux fois à titre préventif cette année. Il semblerait que mon numéro de carte ait été volé lors du “piratage d’une base de données à l’étranger”. Les numéros dérobés sont ensuite utilisés pour réaliser toutes sortes de petits achats sur l’internet avec l’argent d’autrui.

Mais ce peut être plus simple encore. Vous connaissez probablement déjà les ‘click farms’, ces groupes de pauvres hères qui sont payés ou contraints par des criminels de cliquer sur des publicités internet. Le ‘click pimping’ est encore plus inventif. Avec cette technique, les criminels exploitent des sites web qu’ils font apparaître en très bonne place dans les résultats de moteurs de recherche par le biais d’artifices. Ils vendent ensuite des publicités au clic à des annonceurs ne se doutant de rien. Ensuite, les click farms cliquent le plus possible sur ces publicités. Le click pimping n’est donc rien d’autres qu’une manière d’arnaquer de petits annonceurs.

D’après le bureau d’études ClickForensics, un clic sur sept est aujourd’hui frauduleux. Cette fraude permet parfois de gagner pas mal d’argent. En juin, Microsoft a traîné devant les tribunaux trois Chinois habitant au Canada qui auraient généré pour plus de 750.000 $ de faux clics. Ils utilisaient pour ce faire un système inventif que je ne décrirais pas ici par manque de place, mais dont vous pouvez lire le détail dans le document proposé dans le lien ci-dessous.

L’un des Chinois impliqué dans l’affaire en question apparaît aussi dans un autre cas étonnant de fraude internet. Evony est une imitation en ligne et facile d’accès du populaire jeu PC Civilization. Le jeu est soi-disant gratuit, mais si vous voulez arriver à quelque chose, vous devez mettre la main au portefeuille. Certes, ce ne sont que des montants modestes, mais les petits ruisseaux font les grandes rivières. Quand vous y avez joué un certain temps, vous vous rendez compte que le seul objectif d’Evony est de soutirer un maximum d’argent aux joueurs. Il est très difficile de démontrer qu’il s’agit de fraude. De plus, les montants sont tellement modestes que les gamers frustrés ont plutôt tendance à jeter l’éponge qu’à porter plainte. Mais suffisamment d’autres joueurs sont ensuite disposés à mettre à leur tour un peu d’argent dans le jeu. De cette manière, les instigateurs de ce jeu gagnent probablement des centaines de milliers, voire des millions de dollars. Les blogueurs et journalistes qui rédigent des articles critiques sur Evony sont par ailleurs menacés d’être traînés devant les tribunaux pour diffamation.

Le scareware est une autre méthode prisée des cybercriminels pour gagner facilement de l’argent. Il s’agit de faux produits antivirus qui sont diffusés par le biais de sites de téléchargements gratuits. Le scareware analyse votre PC et constate une soi-disant infection. Vous déboursez alors une petite somme pour activer le produit et nettoyer votre PC. Des milliers de personnes se font abuser. Symantec a identifié plus de 250 produits scareware différents. D’après Symantec, ces scareware permettent aux criminels de gagner plus de 900.000 EUR par an. Dans tous les cas, il s’agit de formes pratiquement invisibles de criminalité sans violence, qui entraînent tout de même le vol d’énormément d’argent. En outre, la police et la justice ont beaucoup de mal à combattre cette criminalité. Les criminels intelligents ont donc tout intérêt à se recycler en cybercriminels, et à laisser les home-jackings et les attaques de banques aux petites frappes sans cervelle.

Plainte Microsoft en matière de fraude aux clics: http://tinyurl.com/msklacht

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