Les arbres et la forêt

Microsoft a surpris la semaine dernière l’ensemble de la communauté IT en annonçant son intention de dévoiler le code source de Windows Server afin de se conformer aux exigences antitrust de la Commission européenne.

Cette annonce a fait grand bruit, même dans la presse généraliste. Mais en fait de nouvelle, il n’y en a guère eu. En effet, Microsoft proposait déjà aux Etats-Unis un programme de licence portant sur le partage du code source de Windows Desktop. Donc, ce programme est désormais étendu aux protocoles de communication de Windows Server. De même, les conditions prévues pour les deux programmes sont harmonisées tant pour les Etats-Unis que l’Europe. En d’autres termes, les sociétés peuvent, moyennant paiement, consulter le code source et développer leur propre logiciel sur cette base. Toutefois, elles ne peuvent utiliser des parties de code source de Windows dans leur(s) programme(s). A ce jour, seule une vingtaine d’entreprises avaient acquis cette licence, ce qui est peu. Microsoft impose en effet de très nombreuses conditions, trop même aux dires des autorités américaines qui, à plusieurs reprises, ont contraint Microsoft à assouplir ses conditions de licence.Le code source de Windows est donc tout sauf librement accessible, et il est encore moins question de mettre subitement une partie de Windows en ‘open source’. Heureusement d’ailleurs, car les ‘hackers’ pourraient s’en donner à coeur joie dans le système d’exploitation déjà tellement pirate de Microsoft. D’ailleurs, il est n’a exclu que tôt ou tard, certaines parties du code source de Windows soient divulguées, comme ce fut le cas en 2004 avec environ 15% du code source de Windows 2000. Les auteurs de ‘malware’ comment déjà à saliver, en pensée du moins.Bref, il convient de relativiser la portée de la décision de Microsoft. Nous ne savons pas le nombre de lignes de programme que contient le code source désormais libéré par Microsoft, mais ce seront plusieurs dizaines de milliers de lignes. Sans une documentation valable, il n’est pas question d’en faire grand chose. Qui plus est, le preneur de licence ne dispose pas du contexte dans lequel s’inscrit le code source libéré. Lorsque l’on sait que le code source complet de Windows est gigantesque, force est de constater que l’on ne peut aller loin avec ces éléments de code source. La Commission avait certes demandé à Microsoft de documenter en détail certains aspects techniques de Windows, afin de permettre aux programmeurs concurrents de développer plus facilement du logiciel pour Windows. Microsoft affirme à présent avoir été beaucoup plus loin que ce que la Commission avait réclamé. Mais le code source n’est pas une documentation et n’est guère utile sans son contexte. Microsoft espère sans doute ainsi que l’arbre cachera la forêt aux concurrents. Et que la situation restera en l’état… [Microsoft Shared Source Licensing Programs]

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