Leo Apotheker, l’homme qui ne pouvait plus rien

La crise est toujours bien présente, et beaucoup d’entreprises continuent à voir leurs résultats se détériorer.

La crise est toujours bien présente, et beaucoup d’entreprises continuent à voir leurs résultats se détériorer.

Le Reflex Spray antidouleur demeure une réduction des coûts et une augmentation de la pression: imposer au personnel des objectifs inaccessibles, faire des coupes sombres dans les outils de travail, menacer de licencier rapidement, pour que les collaborateurs travaillent plus dur et voilà comment on obtient un management win-win infaillible: soit le personnel redouble d’efforts, soit on verse moins de bonus, de primes et de commissions. Davantage de résultats à moindres frais, telle est la recette idéale!

Le fait que SAP ait osé licencier Leo Apotheker dans l’actuel contexte du marché, constitue dès lors aussi un signal incroyablement courageux lancé au personnel. Se cacher derrière la crise aurait été facile. 95% des entreprises ICT mondiales publient chaque trimestre depuis un an et demi le même communiqué de presse: le marché est saturé. Ici et là, un nouveau petit produit est lancé un peu trop tardivement, ce qui permet à la concurrence de rattraper son retard et ce qui fait que les chiffres déçoivent à court terme.

L’article concernant le départ forcé de Leo Apotheker interpelle par conséquent d’autant plus: ‘Les initiés estiment qu’Apotheker devait s’en aller parce qu’il n’était plus capable de rehausser le moral du personnel. En septembre de l’an dernier déjà, une enquête auprès du personnel évoquait une perte de confiance dramatique au sein du management. Je n’en ai guère entendu parler dans la presse!

En plein drame et récession économique, SAP est donc en train de prêter l’oreille à ses employés et non pas exclusivement à sa direction. Pourquoi SAP pense-t-elle que ses collaborateurs ont des choses intéressantes à dire? Pourquoi ‘le moral du personnel’ et la ‘confiance dans le management’ sont-ils subitement devenus des critères pertinents pour les résultats et l’avenir de SAP ? SAP comprend-elle tout à coup que ses employés ne sont pas des robots programmables pour atteindre des résultats? Etre captivé par son entreprise doit être pris au sens figuré et non littéral. Des top-professionnels motivés et passionnés ont des idées propres et surtout une liberté de décision personnelle. Le fait que SAP ait eu le courage de réellement écouter son personnel, est un élément incroyablement important vis-à-vis de celui-ci. Et le fait de l’écouter MAINTENANT démontre combien c’était nécessaire, combien le ‘moral’ était devenu… immoral. Et sans top-personnel, pas de top-résultats.

Apotheker n’était pas le responsable tout trouvé, tout comme ne l’est pas le ministre de la Justice quand des prisonniers s’évadent. Avec Apotheker, SAP licencie un grand professionnel. Comme PDG, il était cependant la victime expiatoire incontournable, un signal que SAP devait adresser à son personnel pour démontrer qu’elle estimait que le moment était venu que le management n’est pas au-dessus de la loi. Perdre le moral de son personnel et la confiance dans sa direction, c’est pour SAP plus important que de perdre Apotheker.

Chaque entreprise a la responsabilité morale absolue de mettre son personnel en état de réussir. Le respect de cette responsabilité conditionne le moral des employés. Et des personnes ayant du succès font la réussite de leur entreprise. Permettre au personnel d’atteindre des résultats est aujourd’hui aussi un acte de courage de la part de l’entrepreneur. Ce qu’il faut éviter, c’est un manager qui applique à court terme des recettes provoquant des dommages à long terme.

Jan Mertens

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