Le Turing Award attribué à trois pionniers en intelligence artificielle
Le Turing Award, la distinction la plus importante dans le secteur Informatique, a été décerné à Geoffrey Hinton, Yann LeCun et Yoshua Bengio. Tous trois ont obtenu ce prix pour leur contribution au développement des réseaux neuraux. Ces derniers sont à présent surtout utilisés pour la reconnaissance de l’image, comme par exemple dans l’identification faciale intégrée à votre smartphone ou dans du software pour voitures autonomes.
Geoffrey Hinton est un psychologue cognitif et chercheur en informatique, qui partage son temps entre le projet Google Brain et l’université de Toronto. Inspiré par le réseau neural du cerveau humain, il fut dans les années 80 l’un des premiers à proposer l’utilisation de réseaux neuraux artificiels. Il fut aussi l’un des inventeurs de ce qu’on appelle les machines Boltzmann, les premiers réseaux neuraux stochastiques. Hinton, un arrière-arrière petit-fils du logicien Georges Boole, est aussi appelé ‘le père spirituel de l’AI’.
Ce titre conviendrait du reste tout aussi bien au Français Yann LeCun. Dans les années 80, ce dernier développa ce qu’on appelle les ‘convolutional neural networks’ – des réseaux, où tous les neurones ne sont pas reliés les uns aux autres – et fut le premier à les tester sur des chiffres manuscrits. Entre-temps, ce genre de réseau est devenu une technique par défaut dans la ‘computer vision’, la science qui étudie comment puiser des informations à partir d’images. LeCun travaille à la New York University, mais est aussi directeur AI chez Facebook.
Contrairement à Hinton et LeCun, Yoshua Bengio est toujours resté dans le monde académique. Ce Français travaille en effet à l’université de Montréal. Dans les années 90 et 2000, il joua lui aussi un rôle de pionnier dans la recherche sur l’apprentissage machine et les réseaux neuraux. Ces dernières années, il mit en outre au point, conjointement avec Ian Goodfellow, ce qu’on appelle les ‘Generative Adversarial Networks’ combinant deux réseaux d’apprentissage profond. Récemment, cette méthode fut par exemple utilisée pour réaliser des oeuvres d’art. En fait, le premier réseau ‘apprend’ sur base d’exemples à identifier des portraits peints. Ensuite, le second réseau est formé pour créer des images, qui sont identifiées comme des portraits par le premier.
Un prix d’un million de dollars
Les trois lauréats, qui ont aussi de temps à autre collaboré, vont donc recevoir le Turing Award. Ce prix, qui tient son nom du pionnier en informatique Alan Turing, est attribué à des contributions qui s’avèrent d’une importance durable et fondamentale pour le monde de l’informatique. Au palmarès, on trouve notamment déjà les noms des pionniers de l’internet Vint Cerf (2004) et Tim-Berners-Lee (2016).
“Même si l’utilisation de réseaux neuraux artificiels pour identifier des modèles et simuler l’intelligence humaine a été introduite dans les années quatre-vingts déjà, LeCun, Hinton et Bengio faisaient partie dans les années 2000 du petit groupe qui continua de défendre cette approche. Initialement, leurs tentatives en vue de redynamiser l’intérêt pour les réseaux neuraux furent accueillies avec scepticisme, mais récemment, leurs idées générèrent un important progrès technologique, et leur méthodologie est devenue le paradigme dominant”, écrit l’Association for Computing Machinery. Il s’agit là de l’association qui attribue le Turing Award depuis 1966 déjà. Ce prix va de pair avec une somme d’un million de dollars financée par Google. Ce montant sera réparti entre LeCun, Hinton et Bengio.
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