Bruno Segers

Le temps est venu pour une #tommeltaks

Bruno Segers Bruno Segers est CEO de la Start-up IrisPact SA; il a été à la tête de RealDolmen et Microsoft en Belgique: il a occupé différentes fonctions locales et internationales chez Lotus, IBM et Oracle et il est administrateur au sein de plusieurs sociétés belges innovantes.

Les choses se sont passées voici quelques mois lors du lancement de l’appli Ploy de Randstad, qualifiée de “Über du marché de l’emploi”. L’événement avait réuni tout ce qui compte dans le petit monde belge de l’ICT, même le patron local de Google.

Ce fut l’occasion pour moi d’engager avec une longue conversation lorsque je lui suggérai de qualifier sa société de trafiquant d’êtres humains. Les fidèles lecteurs savent que je ne parle plus de traites d’humains numériques, mais de digipolistes, ces monopolistes du numérique qui abusent de leur position en l’absence de cadre légal qui serait contraignant à l’échelle mondiale.

Subitement, le silence se fit sur l’événement Randstad et notre patron de Google se retira dans un coin. Car “Il” était là, le Kennedy d’Ostende, le M. Propre du travail au noir, le secrétaire d’Etat à la lutte contre la fraude sociale, M. Bart Tommelein en personne.

Dans sa cité balnéaire, ce prince bleu n’a jamais vu son trône être mis en péril, mais les digipolistes à la Facebook et Google se sont mis à trembler de tous leurs membres à la vue du Prince de la Vie privée. Quel tour de force que de faire plier Facebook au départ de la petite Belgique.

Dès lors, le passage de ce wonderboy du gouvernement fédéral au gouvernement flamand avait suscité de grandes attentes. Vice-ministre-président et ministre de l’Energie : le poste crucial prenait enfin du muscle et de la testostérone. La passionnaria noire devait céder face au Reddy Kilowatt bleu. Et advint ce qui advient dans de nombreuses entreprises : lorsque quelqu’un part, on se précipite pour décider à sa place. “Exit la centrale de biomasse”, a arrêté le gouvernement flamand sans en avoir discuté avec le ministre pas encore nommé. Impossible donc de trancher quant à savoir si #turteltaks ou #tommeltaks sera choisi comme mot du mois d’avril. Mais la petite usine bleue connaît désormais les rapports de force au gouvernement flamand.

Mais trêve de diversions. Cette rubrique porte en effet sur #MotICTdelAnnee et les #turteltaks et #tommeltaks n’entrent pas en ligne de compte. En effet, ces deux mots concernent l’énergie, alors que l’ICT n’a rien à voir avec l’énergie. Une erreur que d’aucuns continuent à commettre, mais qui deviendra rapidement évidente avec le nouveau mot ICT du mois : selvie.

Un selfie est une photo de soi-même et donc un selvie est une vidéo de soi-même. Le mot n’existait pas encore et a été inventé – comme l’obésité numérique – par des chercheurs d’iMinds. Pour ma part, je ne suis pas vraiment satisfait d’en faire le mot du mois. Car comme le selfie, le selvie sera un dévoreur de temps asocial. Regardez bien les selfistes et les selvistes, et voyez le temps qu’ils consacrent à eux-mêmes avant de décider de faire de cette prise leur empreinte numérique.

Cette empreinte numérique est une chose, mais qu’en est-il de l’empreinte carbone associée?

Cette empreinte numérique est une chose, mais qu’en est-il de l’empreinte carbone associée? Alors que nous voulons protéger les arbres et économiser le papier, nous sommes constamment en train de télécharger à la vitesse de la lumière. Les centres de données de par le monde sont les plus grands énergivores. Et tandis que tout le monde n’a que les “big data” à la bouche, nous rendons-nous compte que le stockage et le traitement de ces données provoquent une augmentation exponentielle de l’énergie ? A-t-on déjà calculé le volume d’énergie consommée par toutes ces données stockées au fil du temps et qui n’ont jamais été consultées depuis lors ?

A-t-on déjà calculé le volume d’énergie consommée par toutes ces données stockées au fil du temps et qui n’ont jamais été consultées depuis lors?

Il est donc temps de décider d’une #tommeltaks. Ce que la #turteltaks a fait pour l’énergie verte, la #tommeltaks le fera pour le gaspillage d’énergie ICT. En qualité de nouveau ministre de l’Energie, Bart Tommelein pourra prendre sa revanche sur ses nouveaux collègues-ministres qui, en attendant son arrivée, avaient pris des décisions à sa place.

Comme nos ministres postent quotidiennement de nombreux selfies et selvies, ils doivent être les premiers à contribuer à cette #tommeltaks. Pour une fois, ils paieront aussi des impôts, tandis que le Prince de la Vie privée deviendra un ministre durable de l’Energie dans un monde où les citoyens n’ont pas encore compris que toute empreinte numérique implique une empreinte carbone. Courage Tommie !

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