Le smartphone phagocyte le marché du gadget

Jurgen Boyny (GfK) © IFA
Kristof Van der Stadt
Kristof Van der Stadt Rédacteur en chef chez Data News

Quelque 1,4 milliard de smartphones seront vendus cette année. Surtout sur les marchés asiatiques, estime GfK. Mais étonnamment, les smartphones entraînent une baisse en valeur du marché total de l’électronique grand public.

L’essentiel de la demande en électronique grand public émanant des pays asiatiques, les grandes marques européennes et américaines s’efforcent d’exporter toujours plus leurs produits vers l’Extrême-Orient. Du coup, les grands salons tels que l’IFA mettent sur pied une version chinoise. Selon Juergen Boyny, consumer electronics global director du bureau d’études de marché GfK, la demande en nouveaux appareils est surtout portée par la classe moyenne. “Et cette classe moyenne va augmenter de manière spectaculaire si l’on en croit les prévisions des Nations Unies sur la croissance de la population mondiale ainsi que les chiffres de l’OCDE. D’ici 2020 en effet, la classe moyenne représentera à l’échelle mondiale plus de 3,2 milliards de personnes, contre 2,8 milliards aujourd’hui. Et à l’horizon 2030, il s’agira de près de 5 milliards de personnes”, a déclaré Boyny lors d’une présentation à l’IFA Global Press Conference qui s’est tenue sans grande surprise à Hong Kong. “C’est précisément sur le continent asiatique que la progression de la classe moyenne sera la plus forte et où la demande en électronique grand public sera la plus importante, a-t-il ajouté.

Croissance en aise

Toujours à l’en croire, les premiers signes sont d’ores et déjà visibles, dans le segment des smartphones par exemple. Ainsi, quelque 1,4 milliard de smartphones seront vendus cette année selon GfK, contre 1,3 milliard en 2015. Dans une région comme l’Europe occidentale, la croissance reste limitée à 4 %, alors qu’elle atteint 22 % dans la zone APAC, ce qui est sensiblement plus que sur d’autres marchés émergents comme l’Afrique et les pays du Moyen-Orient. En Amérique du Nord, la croissance est pratiquement nulle et en Amérique latine, on assiste même à un léger repli en nombre de smartphones vendus.

Un smartphone remplit toujours plus de fonctions alors qu’il fallait autrefois des appareils séparés.

Globalement, la popularité du smartphone n’est donc certainement pas sur le déclin et l’impact sur le marché total de l’électronique grand public est même perceptible. “Si l’on retire les smartphones des statistiques, on constate que le marché est en recul en nombre d’appareils vendus”, estime Boyny. Et la raison est évidente. “Un smartphone remplit toujours plus de fonctions alors qu’il fallait autrefois des appareils séparés : lecteur MP3, lecteur de DVD, appareil photo compact, etc. La vente de ces appareils connaît une baisse dramatique.”

Mais si l’on prend les smartphones dans les chiffres, le marché total du numérique reste stable en volumes. Reste qu’en valeur, le marché mondial total de l’électronique grand public a baissé de 4 %.

Le smartphone comme dopant

Il n’empêche que le smartphone dope à son tour les ventes de nouveaux types d’appareils. Ainsi, les ventes de casques continuent à progresser. De même, les enceintes Bluetooth connaissent une popularité croissante. “En 2013, 9 millions d’unités ont été vendues. Et l’an dernier, on en recensait déjà 34 millions, tandis que pour cette année, les ventes totales devraient atteindre 42 millions d’unités”, affirme toujours Boyny.

Un autre marché porteur est celui des caméras d’action à la GoPro. Sur 4 ans, ce marché a triplé en volumes, même si en chiffres absolus, il s’agit encore toujours d’un marché de niche à l’échelle mondiale (8,5 millions l’an dernier et sans doute 10,9 millions en 2016).

Enfin, il ne faudrait pas oublier la montre intelligente. Plus question d’effet de mode, mais de valeur sûre, estime GfK. En 2014, 4,5 millions de smartwatches ont été vendues et l’on en comptait déjà 18,7 millions l’an dernier. Tandis que pour 2016, GfK prévoit la vente de 38,1 millions de montres intelligentes, et même 75 millions en 2017. “La seule chose que recherche le consommateur, c’est la facilité d’utilisation. Environ la moitié des consommateurs souhaite pouvoir utiliser sa smartwatch comme une télécommande pour un ou plusieurs appareils dans et autour de sa maison. Songez à un thermostat intelligent ou une caméra”, précise Boyny, citant les chiffres d’une étude interne. “On passe désormais de la pure nouveauté à la recherche de fonctionnalités concrètes et de plus d’intégration. C’est l’évolution vers le ‘consommateur connecté’ qui est prêt à y mettre le prix”, conclut-il.

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