“Le plus dur de la crise est derrière nous”

Kristof Van der Stadt
Kristof Van der Stadt Rédacteur en chef chez Data News

Depuis quelques mois, les entreprises informatiques et télécoms sont touchées de plein fouet par la crise économique – une fois de plus. Comment allons-nous en sortir? C’est déjà la troisième crise que traverse le secteur des TIC dans sa courte existence.

Depuis quelques mois, les entreprises informatiques et télécoms sont touchées de plein fouet par la crise économique – une fois de plus. Comment allons-nous en sortir? C’est déjà la troisième crise que traverse le secteur des TIC dans sa courte existence.

Le premier ralentissement date du début des années ’90. La deuxième crise est plus fraîche dans notre mémoire et remonte à 2001 lors de ce qu’on a appelé l’éclatement de la bulle internet. Mais la crise actuelle est particulière parce qu’elle est généralisée et s’est répandue extrêmement vite. Elle a commencé par toucher le secteur financier mais a très vite contaminé d’autres secteurs, dont l’informatique. Personnellement, je pense qu’entre-temps le plus dur est derrière nous et que même les Américains réalisent aujourd’hui à quel point la situation est grave. Mais attention, le danger n’est pas encore tout à fait écarté.

En période de crise, un CEO a deux possibilités: soit paralyser le business en faisant des économies de manière obsessionnelle et irréfléchie, soit investir dans l’intelligence et transformer en même temps l’entreprise en optimisant ses processus. Le CEO doit déterminer le niveau de connaissances requis pour réussir. Il remarquera qu’il devra continuer avec moins de personnes, mais avec plus de connaissances. Pour ma part, je n’ai pas peur de la crise. Je suis même convaincu qu’elle peut aussi représenter des opportunités.

Premièrement, les plus petites sociétés, entre autres, ont aujourd’hui des opportunités énormes dans les marchés de niche. Elles sont rapides et flexibles, elles ont les prix des services qu’elles fournissent sous contrôle et elles peuvent travailler avec des marges acceptables. Elles sont uniques, tout aussi crédibles, et les clients en ont besoin.

Deuxièmement, les plus grosses sociétés ne s’en sortent elles aussi pas nécessairement plus mal: ces dernières semaines, nous avons entendu que des grands acteurs du secteur informatique ont dû procéder à des licenciements. Mais il s’agit de sociétés qui ont connu une forte croissance en très peu de temps, qui ont embauché de nombreuses personnes hautement qualifiées et dont le niveau de liquidités était calculé au plus juste. Résultat, elles doivent tout d’un coup licencier. Je suis convaincu à 100% qu’aussi bien ces sociétés que leurs employés en sortiront plus forts: les collaborateurs vont prendre sur eux et repartiront de l’avant de plus belle. Pourtant, les grandes sociétés n’ont pas nécessairement plus de chance de survie que les plus petites. Tout dépend de la manière dont elles abordent cette crise. Celui qui prend des décisions fermes et justes survit.

Troisièmement, les sociétés qui ont à leur tête de bons leaders ont aujourd’hui un atout. J’utilise sciemment le mot “leader” et pas “manager” car les bons managers ne sont pas forcément de bons leaders. Les managers compétents exercent très bien leur métier en période stable, mais rien ne prouve qu’ils en seront toujours capables en période difficile. Il est beaucoup plus difficile de prendre des décisions rapides et tranchées pour une société qui est uniquement basée sur la gestion du business. C’est pour cela que nous avons besoin de leaders. Ils osent aller à contre-courant et prendre des décisions quand la situation va mal. Ce sont des gens créatifs qui ont une vision. Ils n’optent pas seulement pour l’efficacité opérationnelle mais voient aussi des opportunités dans l’innovation. Les plus petites sociétés spécialisées dans un segment de niche et les grandes sociétés dotées de bons leaders n’ont donc pas de souci à se faire. Par contre, les sociétés qui sont actives dans un segment où les clients ont un choix très large, se trouvent confrontées à un coût élevé de leurs services et à un retour sur investissement beaucoup trop lent. Elles risquent de connaître des problèmes et de devoir fonctionner avec moins de personnel afin de pouvoir maintenir le même niveau de bénéfices.

Afin de diriger sa société avec succès à travers la crise, il y a cinq choses qui peuvent aider le CEO. Premièrement: il doit s’assurer qu’il est bien au courant de ce qui se passe concrètement sur le terrain. Deuxièmement: il doit faire des RH une priorité absolue. Investir dans ses bons collaborateurs en leur proposant des formations supplémentaires et des opportunités de développer leurs compétences. Les motiver, les rassurer. Quoi qu’il arrive, la crise apporte en effet son lot d’incertitude et de nervosité. Il doit choisir des personnes intuitives, afin de stimuler la créativité et l’innovation. Troisièmement: Il faut gérer la balance des talents. Il faut découvrir le talent, mais aussi pouvoir le garder, l’exploiter et le stimuler. Quatrièmement: il faut mettre ses liquidités à l’abri. S’assurer une bonne réputation auprès des banques et des actionnaires. Et pour finir: il faut continuer à développer ses réseaux. Ceux-ci sont très importants: 70% des nouvelles idées proviennent en effet de l’extérieur de la société.

Les associations en réseau stimulent la communication et les contacts réciproques, qui à leur tour engendrent de nouvelles initiatives. C’est la raison pour laquelle je souligne partout où je vais les avantages des réseaux pour les jeunes et les moins jeunes. Car il ne faut pas sous-estimer l’importance des personnes de plus de 50 ans. Seul 10% d’entre eux sont encore actifs au sein du secteur des TIC, ce qui représente de toute façon une perte. La maturité peut en effet combler le manque chronique de leadership. Leur rôle est de transmettre leur expérience aux jeunes qui représentent l’avenir. Aujourd’hui et après la crise.

Jan De SchepperJan De Schepper était le CEO de Telindus jusqu’en novembre de l’année dernière. Aujourd’hui, il est actif dans trois plus petites sociétés qu’il soutient sur le plan opérationnel et guide à travers la crise en tant qu’administrateur. Depuis le début de l’année dernière, Jan De Schepper est président d’ADM, le forum des fournisseurs et utilisateurs d’informatique en Flandre.

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