Le Pentagone pour les avions autonomes, mais pas pour les robots tueurs

Robocop 2014 © DR

Les avions automatisés et autres systèmes autonomes commencent à pénétrer lentement l’arsenal militaire américain, mais les robots tueurs infligeant la mort sans contrôle humain ne sont pas encore d’actualité, selon le Pentagone.

Dans une conférence organisée mercredi par le Washington Post, le secrétaire adjoint à la Défense Robert Work a donné un aperçu saisissant de nouvelles armes qui ont quitté le domaine de la science fiction pour entrer dans celui de la proche réalité.

Les F-16 qui volent tout seuls, les satellites qui esquivent les missiles, et les flottes de bateaux ou sous-marins sans équipage sont en cours de développement par le Pentagone et l’industrie de défense américaine, a expliqué le numéro 2 du Pentagone.

Et les stratèges du ministère américain de la Défense se préparent aussi à un champ de bataille ou l’ennemi déploie des machines autonomes et dotées d’une puissance de feu, même si ce genre d’armes ne fait pas pour l’instant partie de l’arsenal que les Etats-Unis envisagent d’utiliser.

“Nous ne déléguerons pas l’autorité de tuer à une machine”, a expliqué M. Work, qui dirige les efforts technologiques du Pentagone.

Mais la position américaine pourrait changer si des adversaires ne s’embarrassaient pas de tels scrupules, a-t-il laissé entendre.

“Nous pourrions être opposés à un adversaire qui se montre plus enclin que nous à déléguer du pouvoir à des machines”, a-t-il ainsi expliqué M. Work.

“Et au fur et à mesure que cette concurrence prend forme, nous aurons à prendre des décisions sur la meilleure manière de faire face”, a-t-il ajouté.

Parmi les armes autonomes en développement par les Américains, “l’ailier loyal”, un chasseur F-16 semi-autonome qui volerait sans pilote et accompagnerait dans ses missions le F-35, le chasseur furtif cinquième génération qui va devenir le pivot de l’aviation de combat américaine.

“Ca va se faire”, a dit M. Work. “Je m’attend à voir d’abord ces ailiers sans pilote, je m’attends à voir des systèmes automatiques sous-marins partout, je m’attends à voir des systèmes automatiques à la surface de la mer”, a-t-il énuméré.

Le Pentagone envisage également des camions sans conducteurs, qui se déplaceraient en convoi dans les zones dangereuses où prolifèrent les mines artisanales comme celles qui ont tué des centaines de soldats en Irak et en Afghanistan.

Des entreprises comme Google ont déjà construit des voitures automatiques actuellement expérimentées sur les routes américaines. Mais selon Robert Work, le défi est plus dur pour le Pentagone car les camions devront être capables de faire du tout-terrain.

“Quand les routes seront trop dangereuses, nous les quitterons, et ce genre de navigation est extrêmement difficile”, a-t-il expliqué.

Parmi les autres projets du Pentagone, des satellites qui lorsqu’ils sont en orbite sont capables de bouger seuls pour éviter les missiles anti-satellites redoutés par les stratèges américains.

Et des capacités d’intelligence artificielle capables d’analyser seules des quantités gigantesques de données. Ce type de machine est déjà à l’oeuvre pour scruter le groupe Etat islamique et mieux comprendre sa structure d’organisation, selon le secrétaire adjoint.

“Ces machines qui apprennent vont nous permettre de pourchasser le groupe Etat islamique en tant que réseau, et de lui infliger une défaite durable”, a indiqué M. Work.

L’émergence prévisible des armes autonomes inquiète de plus en plus les scientifiques, l’ONU et les défenseurs des droits de l’homme dans le monde entier.

En juillet dernier à Buenos Aires, plusieurs milliers de chercheurs et personnalités, dont le célèbre astrophysicien britannique Stephen Hawking, ont lancé un appel pour l’interdiction des armes offensives autonomes, alertant notamment sur le danger d’erreurs de cible et d’usages terroristes.

“Il faut légiférer le plus rapidement possible car la technologie pourrait être disponible d’ici peu”, a averti à l’époque l’un des signataires, l’expert britannique Toby Walsh.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire