Le Parlement européen demandeur d’une législation sur la robotique et l’intelligence artificielle ‘pour une sécurité garantie’

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Wim Kopinga Redacteur DataNews.be

L’Europe doit pouvoir exploiter le potentiel économique de la robotique et de l’intelligence artificielle, mais pas sans qu’il y ait toujours une garantie de sécurité. Voilà en teneur la prise de position du Parlement européen, qui invite la Commission à élaborer une législation sur les robots. C’est surtout les voitures autonomes qui ont un besoin urgent d’un cadre légal.

Cette question intervient un jour après que le Forum Economique Mondial (WEF) ait publié un rapport, dans lequel il passe en revue les risques de l’intelligence artificielle. Le WEF a mené une enquête à laquelle ont participé 750 experts. Ils préviennent que l’intelligence artificielle (AI), la biotechnologie et la robotique offrent les plus grands avantages pour la société, mais réclament un cadre légal bien défini.

La commission des Affaires Juridiques du Parlement distingue la même tendance, selon l’agence de presse Belga. “Dans toujours plus de domaines de notre vie de tous les jours, nous sommes confrontés à la robotique. Pour pouvoir faire face à cette réalité et pour nous assurer que les robots soient et restent au service de l’homme, nous avons un besoin urgent d’un solide cadre législatif européen”, déclare la socialiste luxembourgeoise Mady Delvaux. Son rapport a du reste été approuvé par une forte majorité des membres de la commission.

L’Union européenne doit prendre les devants dans l’élaboration de normes réglementaires, selon les membres du Parlement, et ne pas attendre que d’autres pays prennent l’initiative. Ils proposent la création d’une agence européenne destinée à aider les autorités nationales et autres au niveau de l’expertise technique, éthique et réglementaire.

Difficile de prévoir l’avenir

Le WEF prévient que la réglementation des technologies susmentionnées s’avère malaisée dans la mesure où elles ne dépendent pas souvent d’organes de régulation existants. Il peut également être difficile d’anticiper leurs effets dans un stade ultérieur, ainsi que la façon dont nous pouvons être protégés contre ceux-ci. ‘L’histoire nous apprend que les avantages et les risques finaux d’une nouvelle technologie peuvent fortement diverger de ce que les spécialistes conseillent au stade initial.’

Pour être sûr que les nouvelles technologies, telles l’intelligence artificielle, demeurent finalement contrôlables, le Parlement plaide entre autres pour un code éthique (volontaire) où il serait par exemple stipulé que tous les robots soient équipés d’un bouton ‘kill’ permettant de les désactiver en cas de nécessité. L’homme pourrait ainsi aussi intervenir, si des ordinateurs devvenaient aussi, voir plus intelligents que lui.

Les voitures autonomes ont elles aussi un besoin urgent d’un cadre législatif, selon les membres du Parlement. Ceux-ci veulent une assurance obligatoire et la création d’un fonds permettant d’indemniser les victimes des voitures autonomes.

‘Nous créons un démon’

L’enquête menée par le WEF et la proposition du Parlement européen succèdent à une demande depuis longtemps répétée de l’industrie. Elon Musk, le directeur de Tesla et de SpaceX, notamment avait il y a plus de deux ans déjà appelé à une plus grande réglementation de la part des autorités. ‘Nous sommes en train de créer un démon, avait-il déclaré à l’époque à un groupe d’étudiants du Massachusetts Institute of Technology (MIT). ‘Si vous me demandez quelle est la principale menace existentielle de l’homme, et bien la voilà.’

Musk est l’une des forces motrices à l’initiative de l’organisation non marchande OpenAI, conjointement avec le financier de Reddit, Sam Altman, qui siège aussi au sein de sa direction. Ensemble, ils ont fondé l’entreprise qui a comme objectif d’améliorer l’intelligence artificielle, afin que l’humanité puisse en profiter le mieux possible. Musk s’attend à ce que sortent des systèmes IT aussi intelligents que l’homme. Il est par conséquent nécessaire d’investiguer et d’élaborer une législation, afin qu’il n’y ait pas que l’auteur des nouveaux systèmes qui puisse profiter de la technologie.

Le Parlement a à présent entendu cet appel. A long terme, il pourrait même y avoir un statut juridique spécifique pour les “personnes électroniques”, peut-on lire dans le rapport. C’est en février que la séance plénière se prononcera sur le texte. Il s’agira alors à la Commission européenne de décider d’y apporter une suite.

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