Danielle Jacobs

Le marché télécom professionnel belge est à un tournant

Danielle Jacobs Danielle Jacobs, CEO de BELTUG.  

Telenet a reçu le feu vert pour sceller le rachat de Base. Et Mobistar annonçait son changement d’appellation en Orange. Ces annonces pourraient être de très bonnes nouvelles pour le marché professionnel, estime Data News Insider Danielle Jacobs.

La semaine dernière, l’on ne pouvait manquer les changements intervenus dans le paysage télécom belge. Telenet a reçu le feu vert de la Commission européenne pour sceller le rachat de Base. Et le même jour, Mobistar annonçait son changement d’appellation en Orange.

Ces annonces pourraient être de très bonnes nouvelles pour le marché professionnel, surtout en raison de la croissance de la concurrence à Proximus. Le fait que cela soit nécessaire a encore été démontré en décembre par l’enquête télécom de Data News. Car vingt années après la libéralisation du marché télécom, Proximus est toujours le principal opérateur avec quelque 60 pour cent des entreprises belges clientes et ce, tant en fixe qu’en mobile. Même si Telenet est un puissant rival sur le marché du fixe et Mobistar sur celui du mobile, Proximus est le seul acteur à proposer des offres mobile et fixe complètes aux entreprises belges.

J’espère que le marché se réveillera

Suite au rachat de Base par Telenet, un autre acteur va se manifester sur le marché avec des gammes fixe et mobile pour les entreprises. Telenet investit dans le réseau fixe avec le ‘Grote Netwerf’, alors que Base a effectué ces dernières années des avancées prometteuses sur le marché professionnel. La fusion des deux pourrait donc engendrer un puissant concurrent pour Proximus sur le marché des entreprises. Telenet a cependant l’inconvénient que son réseau fixe ne se trouve qu’en Flandre.

Mais Mobistar peut aussi devenir un concurrent plus complet, si son changement d’appellation va de pair avec une collaboration poussée au sein du groupe Orange. Si Mobistar peut exploiter la connaissance au sein d’Orange, qui a une présence internationale, et peut collaborer intensément avec Orange Business Services, l’opérateur pourrait même miser sur des réseaux professionnels internationaux et sur des services ‘cloud’ professionnels. La question est cependant de savoir pourquoi Orange n’augmente pas le pourcentage d’actions Mobistar – un peu plus de 50 pour cent.

La réponse est que Mobistar a un problème avec “le dernier kilomètre”. Pour établir la connexion avec chaque bureau, l’entreprise est souvent obligée d’utiliser l’infrastructure de Proximus. En effet, l’ouverture du câble Telenet, utilisé par Mobistar pour son offre ‘quadruple play’ (internet, TV, téléphonie fixe et mobile), se limite assez malheureusement au marché résidentiel.

Pour l’internet des choses, qui représente un si grand potentiel de croissance, Proximus mise sur LORA (Long Range, Low Power) pour le réseau. Il convient d’ajouter la concurrence en Belgique du réseau Sigfox. Le réseau LORA est une collaboration open source, où l’on retrouve outre Proximus, des partenaires tels Cisco, mais aussi… Orange.

Telenet – dont l’entreprise mère est Liberty Global – et Mobistar/Orange font partie d’un groupe international. La connaissance à l’échelle mondiale pourrait faire la différence vis-à-vis de Proximus, qui est un puissant acteur national.

La percée d’internet comme moyen de communication redistribue les cartes

Mais tous les opérateurs télécoms – nationaux et internationaux – sont aussi sous la pression des acteurs over the top. La percée d’internet comme moyen de communication redistribue les cartes. Les fournisseurs de services de communication ne doivent pas être nécessairement des opérateurs télécoms. Des acteurs en vue comme Microsoft et Google, mais aussi de jeunes entreprises dynamiques proposent le chat, la voix, la vidéo, le webconferencing, les outils collaboratifs,… indépendants du réseau, via les réseaux mobiles et fixes. Les rapports sur le marché vont donc changer du tout au tout.

Le contrôleur télécom, l’IBPT (Institut Belge des services Postaux et des Télécommunications) travaille également dans un contexte différent. Et l’arrivée d’acteurs over the top va internationaliser le terrain de jeu. Il convient que l’UE renforce le rôle de BEREC, la collaboration entre les 28 régulateurs nationaux. Le marché numérique uniformisé n’est pas encore pour demain.

J’espère en tout cas que cela va réveiller le marché. Chaque entreprise est aujourd’hui une organisation connectée, où la communication entre collègues et avec des personnes d’autres firmes tant nationales qu’étrangères, les applications en ligne et les machines sont devenues un élément essentiel de la gestion. Des réseaux fiables et performants s’avèrent indispensables. Et des possibilités de choix suffisantes un must.

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