Luc Blyaert

Le comptable grognon

Luc Blyaert était rédacteur en chef de Data News

Il râle de nouveau, mon comptable, du fait que les applications du fisc et des services de la TVA refusent tout fonctionnement, à tel point qu’il doit sans cesse se reconnecter, dans l’espoir que cela va enfin marcher. C’est qu’il perd énormément de temps à saisir et à saisir encore toutes les données. Les comptables font partie d’un groupe professionnel qui existe depuis des millénaires. Ce ne sont pas les personnages les plus exubérants et rigolos qui soient, mais tel n’est pas non plus le but. Je pourrais affubler le mien du titre de chief financial officer personnel, mais cela risque de faire un peu trop ronflant pour lui.

Il râle de nouveau, mon comptable, du fait que les applications du fisc et des services de la TVA refusent tout fonctionnement, à tel point qu’il doit sans cesse se reconnecter, dans l’espoir que cela va enfin marcher. C’est qu’il perd énormément de temps à saisir et à saisir encore toutes les données. Les comptables font partie d’un groupe professionnel qui existe depuis des millénaires. Ce ne sont pas les personnages les plus exubérants et rigolos qui soient, mais tel n’est pas non plus le but. Je pourrais affubler le mien du titre de chief financial officer personnel, mais cela risque de faire un peu trop ronflant pour lui.

Est-il donc le seul à râler? Pas du tout. Ses collègues, les associations professionnelles de comptables, se plaignent également des ‘e-systèmes’ du Service Public Fédéral Finances. J’en veux pour preuve l’article paru dans Data News début septembre: ‘Le SPF Finances n’est pas assez orienté clientèle, qu’il s’agisse du comptable ou de son client’. ‘Les applications ne sont pas accessibles durant les heures de travail normales, et il n’est pas agréable de devoir retourner le soir au bureau’. ‘Et si vous avez du retard, vous êtes à l’amende’. ‘Le helpdesk est une catastrophe. Vous entendez un bref message préenregistré: ‘Oui, cette application pose problème’, suivi par un clic tout sec’.’ ‘Les logiciels comptables et de paiements des pouvoirs publics doivent être mieux harmonisés, afin que l’information puisse transiter sans trop de manipulations.’ Une bande de râleurs et de casse-pieds, les comptables?

Au ministère, les plaintes sont traitées avec légèreté: les applications n’ont été disponibles que pendant 7 jours à moins de 95 % durant 24 heures, et dans les six premiers mois, 30 à 35 millions de documents ont été importés. Et avant d’appeler le helpdesk, il serait préférable de consulter la fameuse liste des FAQ.’ Allo, il y a un problème?

Fin septembre, trois jours avant la date-butoir de remise des déclarations d’impôt sur les sociétés, c’était reparti pour un tour. Les services électroniques du fisc furent paralysés des heures durant en raison de…travaux de maintenance. Vous avez dit timing ad hoc? C’était un samedi, d’accord, et les travaux de maintenance ne devaient se faire qu’en matinée, mais un incident sur le réseau fit en sorte que cela dura quasiment toute la journée. Et je voudrais insister sur le fait que dans le passé, il y avait déjà continuellement des pannes chez Biztax, Tax-on-web ou Intervat.

Dans le passé, il y avait déjà continuellement des pannes chez Biztax, Tax-on-Web ou Intervat

‘L’e-système fonctionne au rythme d’un ordinateur des années 80, expliquait un comptable dans les colonnes des journaux financiers De Tijd et L’Echo. Et ‘le fisc doit investir en urgence dans du matériel et des logiciels’, estime l’Institut Professionnel des Comptables et Fiscalistes agréés. C’est bizarre car sous le ministre des finances Didier Reynders, l’on a consacré une masse d’argent aux systèmes IT du fisc. Les CIO collègues des autres services publics fédéraux n’en croyaient pas leurs yeux de voir comment le directeur IT des finances pouvait passer des commandes somptueuses. Certains murmuraient que Reynders laissait faire, parce qu’en tant que libéral, il préférait que ses sujets paient le moins possible d’impôts.

Depuis janvier, il y a donc quasiment un an, le SPF Finances n’a plus de CIO, puisque Louis Collet a été forcé de faire un pas de côté. Il est comme toujours préférable d’attendre un nouveau gouvernement et un nouveau ministre des finances, avant d’en nommer un nouveau. Un pays qui, malgré la plus forte pression fiscale au monde qui y règne, souffre d’une telle carence de rentrées, pourrait quand même s’assurer que ces dernières puissent être acheminées de la meilleure façon qui soit. Afin aussi que mon comptable soit quelque peu moins grognon…

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