Le Cambodge entend proposer l’éducation sexuelle via les médias sociaux

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En raison même des moeurs traditionnels au Cambodge, beaucoup de jeunes de ce pays du sud-est asiatique reçoivent encore et toujours des informations sur la sexualité de leurs amis ou connaissances. Le ministère de l’enseignement entend changer les choses et transmettre ces renseignements importants s’il en est par le truchement des réseaux sociaux.

L’une des initiatives prises par le ministère de l’enseignement réside dans une plate-forme d’e-apprentissage, où les jeunes pourront trouver les informations nécessaires sur le sexe et les MST (maladies sexuellement transmissibles). ‘Jusqu’à présent, nous nous sommes surtout intéressés aux groupes à risque comme les ‘travailleurs du sexe’ et le grand public, mais il n’existait pas encore une approche particulière des jeunes’, explique Kuth Sovanno, fonctionnaire au ministère de l’enseignement cambodgien, lors du lancement du projet.

L’information fournie via les médias sociaux est rapide et simple

Le projet, qui démarre dans 24 écoles, exploitera surtout les médias sociaux pour diffuser des renseignements sur les MST. De cette manière, les jeunes pourront trouver une information rapide et simple sur la sexualité.

Selon l’organisation de la santé Reproductive Health Association of Cambodia (RHAC), ce sont essentiellement les adolescents qui sauront ce qui les attend grâce à cette approche. Sean Sok Phay, directeur de Child Helpline Cambodja, croit aussi dans ce nouveau projet: ‘Ce service en ligne est accessible avec les téléphones mobiles, ce qui fait que les jeunes peuvent obtenir en toute quiétude et confidentialité des renseignements sur la sexualité.’

Beaucoup de jeunes Cambodgiens recourent aux réseaux sociaux tels Facebook pour se rencontrer, et ils les considèrent comme des supports importants pour trouver des informations. Voilà pourquoi le ministère cambodgien de l’enseignement tente d’actualiser continuellement son site web et ses moyens éducatifs.

‘Grâce à la plate-forme en ligne, il sera plus facile de faire passer cette matière. Les élèves sont en effet souvent trop embarrassés pour demander des renseignements sur ce sujet’, explique un professeur d’une des écoles, où le projet-test est lancé.

En outre, le ministère a édité un livre, dans lequel les jeunes peuvent trouver plus d’informations non seulement sur leur corps, mais aussi sur l’usage de la drogue et sur les MST.

Porno en ligne, cafés et salons de massage

Selon le conseiller en santé Srun Srorn de One World UK, l’une des organisations partenaires de l’initiative, les jeunes peuvent tirer pas mal de profit de ce projet. ‘Ils ont toujours plus souvent des relations sexuelles avant le mariage. Pour savoir ce qu’elles doivent faire, les jeunes filles cambodgiennes regardent surtout des vidéos pornographiques en ligne. Quant aux jeunes gens, ils fréquentent les cafés ou les salons de massage pour en apprendre plus sur le sexe’, affirme Srorn. ‘En tout cas, internet devient toujours plus populaire en tant que lieu de rencontre des jeunes. Ils utilisent Skype, Facebook et des applications de chat pour nouer des contacts.’

Mais Srorn évoque aussi les dangers d’une première rencontre via internet. La menace du viol lors d’un premier rendez-vous existe en effet bel et bien. Selon un rapport des Nations-Unies datant de 2013, 1 Cambodgien sur 5 a admis avoir contraint une femme à des relations sexuelles. Quasiment la moitié d’entre eux ont reconnu s’être rendus coupables d’un viol, lorsqu’ils étaient ados.

‘La plate-forme en ligne peut aussi aider les jeunes qui ont subi un viol’, poursuit Srorn. Phay, directeur de Child Helpline Cambodia, est du même avis: ‘Après un viol, les jeunes femmes doivent non seulement affronter la discrimination et l’exclusion, mais elles éprouvent aussi souvent des tendances suicidaires. Grâce à l’assistance téléphonique ou online, nous pouvons les aider efficacement.’ (IPS)

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