Le Belge craint que les médias sociaux n’influencent les élections
La plupart des Belges (58 pour cent) sont convaincus que des puissances étrangères impacteront tôt ou tard l’opinion publique belge par le truchement des médias sociaux. Voilà ce qui ressort d’une enquête réalisée par Unisys.
Quelque 70 pour cent des Belges craignent la désinformation et les messages de haine. Deux sur trois pensent que cela aura aussi un impact sur les résultats électoraux. Voilà ce qu’a mis en lumière hier jeudi une enquête de Kantar TNS, le cabinet d’études de marché à la base des chiffres CIM, auprès de 5.000 Belges. Une autre enquête d’Unisys effectuée auprès de 1.001 Belges confirme que le Belge moyen craint effectivement ce genre d’influence, spécifiquement par les médias sociaux et les puissances étrangères. La plupart des Belges (58 pour cent) signalent qu’ils sont persuadés que des puissances étrangères impacteront tôt ou tard l’opinion publique belge via les médias sociaux. Quasiment la moitié de ce groupe croit même que tel est à présent déjà le cas.
La prise de conscience croît
“Le Belge prend assurément conscience de l’influence directe et indirecte exercée par les médias sociaux. L’histoire récente et les campagnes de désinformation lors d’élections étrangères alimentent cette crainte. Il existe suffisamment d’exemples de la façon dont l’opinion peut être manipulée par les médias sociaux. Comme ceux des trolls sur internet, tels qu’on en a connus récemment encore dans notre pays, qui ne font qu’amplifier cette prise de conscience”, explique Rudolf de Schipper, senior project manager chez Unisys.
L’enquête de Kantar TNS démontre que la confiance dans les médias traditionnels reste étonnamment plus grande que dans les médias sociaux avec des scores de 8 sur 10, voire plus. Facebook et Twitter se retrouvent tout en bas du classement avec respectivement 6,3 et 6,1 sur 10.
Rudolf de Schipper évoque à cet égard le danger de la bulle de filtrage dans laquelle évoluent les utilisateurs de Facebook sans s’en rendre compte. “Quasiment personne ne recherche des avis alternatifs sur une plate-forme comme Facebook. Nous nous voyons ainsi présenter toujours plus souvent les mêmes avis et opinions. Sans que nous n’en prenions conscience, cela ne fait donc que renforcer notre propre façon de voir les choses”, ajoute de Schipper. Selon lui, Facebook n’en fait à coup sûr pas assez pour contrer ce ‘clustering’. “Il est vrai qu’elle a engagé une vingtaine de 20 ‘fact checkers’. Mais avec un milliard d’utilisateurs, il ne faut pas penser que le problème sera soudainement résolu.”
A Data News, Facebook déclarait récemment encore qu’aucune vérification de fait (‘factchecking’) n’a encore été effectuée dans notre pays, spécifiquement à l’échelon local. “Pourtant, on y accorde de l’importance”, précise Sean Evins de Facebook.
Peu de crainte d’un impact direct sur les résultats
Malgré le tumulte engendré ces derniers jours à propos des clés USB et de failles suspectes dans le logiciel électoral utilisé, de Schipper se veut rassurant et déclare que les résultats des élections ne seront pas manipulés chez nous. “Aussi longtemps qu’aucune connexion internet n’est nécessaire pour le traitement des votes, la manipulation est peu probable. Pré-influencer les élections s’avère nettement plus simple qu’essayer d’en modifier les résultats le jour même”, prétend-il. De l’enquête réalisée par Unisys, il ressort par ailleurs encore que le Belge n’attend pas un système de vote en ligne. Quasiment la moitié (45 pour cent) des Belges interrogés estime que les systèmes de vote en ligne seraient la cible de puissances étrangères. Le risque que ce genre de système soit piraté, est nettement trop grand, selon le Belge moyen.
D’autres sont influencés, pas moi
L’enquête d’Unisys révèle que les Belges sont très divisés sur la question de savoir si l’influence exercée par les médias sociaux pourrait vraiment impacter leur propre opinion. Seuls 38 pour cent des participants estiment que les médias sociaux exercent une influence moyenne à grande sur leur opinion. 54 pour cent sont par contre convaincus que cette influence est réduite, voire inexistante. Bref, ce sont les autres qui sont influencés, pas moi.
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