L’AI incite Securitas à adopter une approche ‘remote first’

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Kristof Van der Stadt
Kristof Van der Stadt Rédacteur en chef chez Data News

La firme de sécurité Securitas est en pleine transition de la sécurité traditionnelle à la sécurité électronique sous la forme d’une surveillance par caméras intelligentes. D’ici 2024, elle souhaite que la sécurité à distance (‘remote’) devienne la nouvelle norme et à cette fin, elle a besoin de l’intelligence artificielle.

En pleine période corona, la firme de sécurité Securitas s’attela à un repositionnement: les forces et les faiblesses de sa gamme furent pondérées, et les valeurs professionnelles furent une fois encore sérieusement mises en évidence. “Nous en sommes sortis plus forts et nous nous concentrons à présent sur la matérialisation de notre vision. Pour 2024, nous voulons que les services de sécurité connectés à distance deviennent la nouvelle norme”, déclare Danny Laurier, Sales Business Development Manager. Qui dit sécurité à distance dit télésurveillance par caméras, où des opérateurs contrôlent les alarmes et les images des caméras dans la salle de commande et entreprennent sur cette base les actions qui s’imposent et ce, 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7.

“Nous adoptons une approche accordant la priorité à la technologie. Cela devrait permettre à nos équipes de surveillance sur le terrain d’agir de manière plus ciblée, et nous assurer qu’elles fonctionnent de façon plus efficiente que simplement miser sur la ‘surveillance humaine’ pure “, explique Laurier.

Au croisement

Securitas cible encore trois grands domaines. Il y a d’abord la fourniture de réseaux de radiocommunication cruciaux tels ASTRID pour les services de secours, et le réseau radio de la STIB/MIVB. Le deuxième domaine est constitué de services purement ICT, sous la forme ou non de services gérés. “Ce que nous ne faisons pas, c’est fournir des choses comme des tablettes et des smartphones, PC ou autres terminaux. Nous ne développons pas non plus d’applications. Nous sommes encore un véritable intégrateur IT”, poursuit Laurier. La sécurité électronique représente un troisième domaine situé au croisement des deux autres: surveillance par caméras, contrôle intelligent des accès, protection anti-effraction et anti-incendie, mais de manière totalement numérisée.

L’AI: une nécessité

Dans notre pays, Securitas dispose également de sa propre salle de contrôle et occupe quelque 6.000 personnes. Celles-ci doivent surveiller 57.000 connexions, dont celles de très petites organisations, mais aussi de banques, pouvoirs publics, villes & communes, et zones de police. “En tout, nous devons ainsi traiter annuellement 2,6 millions d’alarmes et, plus important encore, cela se traduit par 68.200 interventions effectives. Or ces dernières en semblent – et de loin – pas toujours nécessaires. Grâce à l’AI, nous pourrons réduire le nombre de fausses alarmes”, estime Laurier.

“Nous disposons de très nombreuses données liées à la sécurité, mais qui sont surtout des données dormantes. Quelque chose se passe-t-il? Dans ce cas, les images des caméras sont visionnées ou les fichiers journaux, pour contrôler si quelqu’un a utilisé son badge de contrôle d’accès. Nous comptons évoluer de ce mode sécuritaire réactif vers une protection plus intelligente et plus prédictive. Il s’agit de convertir les données en ‘business intelligence’ pour laquelle nous disposons à présent de plates-formes AI”, ajoute Laurier comme pour esquisser le défi à relever par l’entreprise.

Phoenix AI

C’est dans ce contexte que Securitas a conclu depuis quelque temps un partenariat avec Phoenix AI: une jeune pousse établie à Péruwelz (Hainaut) à proximité de la frontière française et créée par sa CFO Nathalie Vinchent et son CEO Laurent Renard. Ce dernier n’en est du reste pas à son coup d’essai, puisqu’il a précédemment déjà fondé I-MOVIX, une start-up dans laquelle il a travaillé plus de 13 années en matière de design électronique et de recherche et développement software pour des caméras à ralenti extrême utilisées dans le cadre d’émissions sportives. “Grâce au soutien européen de projets, nous avons alors créé en 2018 Phoenix AI. Matériel, électronique, logiciels et intelligence artificielle: nous combinons tout”, précise Laurent Renard. Une grande partie de son activité se situe dans les applications Industry 4.0, mais donc aussi dans la sécurité. “Nous n’aurons jamais un modèle frontal et avons donc besoin d’intégrateurs tels Securitas. Ce que nous lui fournissons, c’est une mini-carte d’à peine 10 centimètres sur 9, combinée à une alimentation en courant et à une connectivité par laquelle transitent les images des caméras. C’est sur la carte même que s’effectuent les calculs de l’AI”, explique un Renard enthousiaste. De l’edge computing (informatique en périphérie) donc, mais ce qui nous importe surtout, ce sont des exemples pratiques.

L'AI incite Securitas à adopter une approche 'remote first'
© Phoenix AI

“Pensez aux tunnels par exemple, pour analyser les passages du trafic en cours: le comptage des camions ou l’impact et l’enregistrement d’incidents. Nos mini-cartes sont idéales, car elles peuvent être associées à tout type de caméra. Chaque caméra devient donc intelligente et en outre aussi plus efficiente au niveau de la largeur de bande. Une caméra de surveillance qui fonctionne 24 heures sur 24 et transmet en continu des émissions vidéo, consomme vite 20 giga-octets par jour. Notre système détecte les incidents et émet les alertes nécessaires: un message de texte complété par une photo ou une brève vidéo de l’incident. En fonction des exigences du client, on parle plutôt d’un minimum de 40 méga-octets, en passant par une moyenne de quelques centaines de méga-octets, jusqu’à un maximum de 5 giga-octets par jour. Cela fait quand même une grande différence”, explique Renard.

Made in Belgium

Autre exemple: des scénarios en matière de dépôts de déchets clandestins (‘automatic waste dumping detection’). “Cela a beaucoup de succès actuellement. Nous venons du reste de signer les premiers contrats en Grande-Bretagne’. Nous détectons quand un véhicule ou un particulier vient déposer clandestinement des déchets, nous émettons alors une alerte, accompagnée de l’info ad hoc telle un numéro de plaque”, indique Renard. “Cette solution permet de porter l’intelligence jusqu’au niveau de l’incident même. Nous respectons ici parfaitement la réglementation européenne GDPR, car nous ne transmettons aucune donnée enfreignant la vie privée, mais uniquement les alertes requises”, précise encore Danny Laurier.

“Ce qui compte dans cette optique, c’est d’avoir chez Phoenix AI développé nous-mêmes tous les modèles AI et algorithmes, notre propre carte et notre propre logiciel. En outre, les données demeurent en Belgique. Il s’agit donc d’une solution locale bout-à-bout que Securitas a clairement choisie”, insiste Renard. “Il y a entre-temps des universités tant en Wallonie qu’en Flandre qui organisent de bonnes formations AI”, ajoute-t-il encore. Phoenix AI occupe aujourd’hui 7 personnes, “et ce sont sous des ingénieurs civils, spécialisés soit en électronique, soit en sciences informatiques”, prétend-il avec enthousiasme.

Drones et son?

A un peu plus long terme, Securitas envisage des solutions supplémentaires prévoyant par exemple l’utilisation de drones pour la sécurité. Ou des caméras sonores pouvant s’adresser aux gens. ‘Chez un client notamment, un projet est en cours en vue d’identifier des tagueurs. Nous n’allons pas empêcher les premiers coups de peinture, mais grâce à ce genre de caméra, nous pouvons nous adresser directement à l’auteur des faits et peut-être éviter que cela n’aille plus loin”, selon Danny Laurier. Par ailleurs, l’entreprise collabore non seulement avec Phoenix AI, mais entre autres aussi avec Lantana. Toute l’intelligence segmentée issue des caméras et des détecteurs est regroupée sur une même plate-forme où s’applique de nouveau une data intelligence: c’est ce que Securitas appelle la structure MIAF (Meta Intelligence On Existing Intelligence). “C’est avec ce type d’application et avec des systèmes intelligents que nous continuerons de nous distinguer et éviterons de devenir un produit passe-partout”, conclut-il.

Security as a Service

Les trois domaines de connaissance, Securitas les regroupe aussi dans un modèle Security as a Service (SECaaS), à savoir une décharge complète de la sécurité au sens le plus large du terme. Les clients déterminent la stratégie à adopter, Securitas en effectue la traduction en des concepts techniques nécessaires: maintenance, management, mises à jour, surveillance des détecteurs, etc. et ce, dans un modèle ‘pay per alarm’ conformément aux SLA établis.

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