Saskia Van Uffelen

La tablette dans la classe: un moyen, pas une fin

Saskia Van Uffelen Saskia Van Uffelen est CEO de la filiale BeLux d'Ericsson et a été élue en 2012 'Digital Champion' pour la Belgique.

Un mémoire réalisé par un étudiant d’un institut supérieur a montré que les élèves qui travaillent avec des tablettes, commettent davantage de fautes de calcul que ceux qui recourent au stylo et au papier traditionnels. Pour certains esprits critiques, c’est bien là une preuve que les tablettes doivent être bannies de l’enseignement. C’est évidemment aller vite en besogne.

Un mémoire réalisé par un étudiant d’un institut supérieur auprès d’enfants de troisième année de 16 écoles différentes a montré que les élèves qui travaillent avec des tablettes, commettent davantage de fautes de calcul que ceux qui recourent au stylo et au papier traditionnels. Les enfants semblent aussi être plus rapidement distraits, du fait qu’ils considèrent la tablette comme un jouet. Pour certains esprits critiques, c’est bien là une preuve que les tablettes doivent être bannies de l’enseignement. C’est évidemment aller vite en besogne.

L’utilisation des tablettes dans l’enseignement est d’abord et avant tout un moyen et non pas une fin en soi. Tout dépend de la stratégie numérique et de la vision que l’école a. Dans certaines de ces écoles, l’achat de quelques portables constitue déjà une très belle étape, alors que d’autres optent pour un tableau intelligent et que d’autres encore acquièrent des tablettes. Mais la tablette n’est qu’un appareil qui ne représente qu’un fragment de la solution.

Le ministre flamand de l’enseignement, Pascal Smet, a plus tôt cette année demandé l’avis du Vlaamse Onderwijsraad (VLOR) à propos d’une approche plus poussée de l’intégration de l’ICT dans l’enseignement. Dans l’avis qu’il a rendu fin mai, le VLOR invite explicitement chaque école à élaborer une stratégie ICT, en tenant compte des buts finaux et des objectifs de développement évidemment, mais aussi en fonction du caractère propre à l’établissement scolaire. Et cette stratégie n’est pas seulement l’affaire du coordinateur ICT, mais elle doit couvrir l’ensemble de la politique suivie par l’école: celle du personnel, celle des coûts, celle du soin, etc.

Dans les écoles qui optent pour les tablettes, les enseignants ne sont souvent pas suffisamment formés pour les mettre en oeuvre dans les cours dispensés. Le personnel enseignant a besoin de temps pour assimiler les compétences lui permettant de maîtriser ces nouveaux outils, et ce grâce à la collaboration de collègues et au support d’experts. Il n’y a qu’ainsi que les professeurs pourront exploiter toutes les facettes de la tablette.

En outre, je pense qu’il est important que ceux qui élaborent les programmes scolaires, accordent suffisamment d’attention à l’ICT. Dans son avis, le VLOR lance du reste un appel aux éditeurs de matériel scolaire pour qu’ils misent à fond sur le développement de moyens pédagogiques numériques de qualité. Il n’y a que si la qualité du matériel scolaire numérique est suffisamment haute que les élèves tireront parti de l’enseignement digital.

La tablette n’est pas un outil salvateur dans l’enseignement. J’ai l’impression que l’on attend parfois d’elle des résultats qu’elle ne peut offrir. La tablette n’est pas un PC. Il faut bien être conscient que la tablette représente surtout une plus-value, lorsqu’il est question de communication, de nouvelle éducation médiatique, de créativité et d’apprentissage autonome. Les élèves vont-ils mieux pouvoir calculer en utilisant une tablette? Bien sûr que non.

La base même est et reste un enseignement de qualité et pas de suivre telle ou telle tendance. L’élève qui est moins bon en calcul, doit faire l’objet d’exercices supplémentaires de la part de l’enseignant. Ce dernier reste le fondement d’un enseignement de qualité. Les plus beaux bâtiments scolaires, l’infrastructure ICT la plus perfectionnée, la meilleure méthode, tout cela ne fait pas le meilleur enseignement. Ce sont les enseignants qui en sont garants car ce sont eux qui font la différence. Mais un cadre de qualité, des professeurs très motivés et des solutions innovantes peuvent certes rendre le travail plus agréable et donc améliorer les résultats obtenus.

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