Saskia Kinds

La révolution numérique va aussi créer de l’emploi en Belgique

Saskia Kinds Saskia Kinds, présidente d'Agoria ICT en vice-présidente d'USG Professionals Belgium

Ces derniers mois, plusieurs études sont parues sur l’impact de la numérisation sur notre marché du travail. D’après une étude réalisée par ING, 35 % des emplois auraient de fortes chances d’être automatisés et donc de disparaître. Mais attention : il s’agit de la seule ombre au tableau. En effet, les médias n’ont pas assez mis en relief que d’après cette même étude, le progrès technologique permet de développer de nouvelles activités.

Lors de la révolution industrielle, beaucoup de personnes ont eu peur de perdre leur emploi. Le passage d’une économie basée sur l’agriculture vers une économie industrielle et davantage axée sur la technique remettait beaucoup de choses en question. Lorsque les machines ont remplacé les hommes, les responsabilités et les connaissances des travailleurs dans le cadre du processus de production ont elles aussi changé. Notre société s’est-elle pour autant dégradée ? Pas du tout. La révolution industrielle a créé beaucoup d’emplois et nous a apporté de la prospérité. Grâce à toutes sortes d’innovations, nous avons même gagné du temps libre. Il en va de même aujourd’hui pour la révolution numérique que nous vivons actuellement. Vu la hausse de la puissance de calcul des microprocesseurs, l’avènement d’Internet et la poursuite du développement des réseaux de communication, la numérisation débouche sur une foule d’applications, de méthodes de production et de services innovants. Et nous n’en sommes encore qu’au début de la numérisation ! Mais notons (et c’est peut-être le plus important) que cette évolution va elle aussi de pair avec la création d’emplois.

La révolution numérique va aussi créer de l’emploi en Belgique

Ce qui peut être fabriqué à meilleur prix à l’étranger disparaît ici. Cette évolution s’opère depuis de nombreuses années déjà, et il faut dire que notre handicap en termes de coûts salariaux ne joue pas en notre faveur. Certes, il est vrai que dans un premier temps des emplois vont disparaître à cause de la numérisation… Mais dans un deuxième temps, justement parce que cela nous aura permis de gagner en productivité, nous serons en mesure de créer davantage d’activité, de valeur ajoutée et d’emplois si nous déployons les bonnes compétences. D’après certains professeurs du MIT, il semblerait que depuis le début des années 2000, une hausse de la productivité ne s’accompagne plus automatiquement d’une hausse de l’emploi. Lawrence Katz, économiste à Harvard, indique toutefois que lors des révolutions précédentes, nous n’avons perdu des emplois que temporairement. C’est en développant les connaissances des travailleurs que l’on est parvenu à créer de nouveaux emplois.

Nous n’avons donc pas besoin de messages alarmants concernant un risque de perte d’emplois. À la place, nous devons plutôt accompagner nos travailleurs, tant maintenant qu’à l’avenir. Pas en s’opposant à la technologie, mais en l’accueillant à bras ouverts. La numérisation n’est pas un danger, mais notre alliée. Les entreprises qui mettent l’accent sur la numérisation et automatisent leurs processus investissent ici. Voilà qui requiert de nouvelles connaissances de la part de nos travailleurs : la numérisation et la technologie doivent impérativement être étudiées sur les bancs de l’école afin de pouvoir par la suite aspirer à une belle carrière professionnelle.

Lors d’une récente présentation de l’Institute for Future Insights, j’ai vu une intéressante énumération de nouvelles fonctions comme “gamification designer”, “3D printer design specialist”, “personality programmer”, “drone dispatcher” ou encore “neuro-implant technician”. Qui aurait pensé à de tels métiers, voilà vingt ans de cela ? Il ne fait pas l’ombre d’un doute que de nouveaux emplois verront le jour. Et les TIC influenceront le marché de l’emploi, aussi bien directement qu’indirectement.

Nous devons résolument investir dans la numérisation des entreprises, des pouvoirs publics et de la société. Les projets en matière de numérisation des autorités belges et européennes, qui ont récemment été dévoilés, sont déjà un pas dans la bonne direction. Il est primordial à présent de poursuivre les efforts de soutien en investissant dans l’avenir de nos entreprises grâce à un enseignement et à des incitants adaptés. Car la révolution numérique peut aussi créer de l’emploi en Belgique.

Saskia Kinds

Présidente d’Agoria ICT

Vice-présidente d’USG Professionals Belgium

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