La nouvelle ivresse du contenu iPad

Guy Kindermans Rédacteur de Data News

En écoulant 3 millions d’iPad en 80 jours – et dire que la Belgique n’a même pas encore officiellement démarré la vente de ce nouveau gadget! -, Apple semble une fois encore avoir créé une nouvelle catégorie d’appareils, à savoir le ‘media pad’, alias le port d’accès portable à une information, dont le contenu passe – parfois littéralement – pour être ‘all singing, all dancing’.

En écoulant 3 millions d’iPad en 80 jours – et dire que la Belgique n’a même pas encore officiellement démarré la vente de ce nouveau gadget! -, Apple semble une fois encore avoir créé une nouvelle catégorie d’appareils, à savoir le ‘media pad’, alias le port d’accès portable à une information, dont le contenu passe – parfois littéralement – pour être ‘all singing, all dancing’.

Dans l’ivresse de cet enthousiasme naissant, les premiers produits à contenu destinés à l’iPad se veulent être des sublimations qui illustrent parfaitement les possibilités de la plate-forme. C’est ainsi que l’éditeur de la revue technologique réputée Wired en a sorti une première version pour l’iPad (qui n’a d’ailleurs pas été accueillie par des critiques unanimement positives). Un éditeur comme Condé Nast annonça ensuite la résurrection d’un magazine culinaire respecté s’il en est, Gourmet (dont la version papier avait connu un échec l’an dernier), sous l’appellation ‘Gourmet live’ pour l’iPad. Et dans notre pays, Le Soir et De Standaard ont déjà présenté des versions iPad de leurs applications, alors que Roularta Media Group échafaude également des plans et produits dans ce sens. Les efforts ne manquent pas donc.

Dans le Wall Street Journal, l’on pouvait récemment (le lundi 21 juin pour être précis) lire un article d’une page, dans lequel l’auteur expliquait ses premières expériences avec ce qu’il appelait les ‘book apps’, en l’occurrence du texte complété par de la vidéo, du son et une forte interaction. Sa préférence allait à une version d’Alice au Pays des Merveilles produite par Atomic Antelope. Outre le texte et les illustrations en couleur, le lecteur peut aussi faire bouger lui-même des éléments (comme une montre de poche) en manipulant l’iPad. Parmi d’autres exemples, il y a surtout les livres électroniques auxquels l’on a ajouté pas mal de matériel audiovisuel, sans qu’il y ait pour autant une trop grande intégration entre tous ces composants.

Et c’est précisément là que réside le talon d’Achille du nouveau contenu iPad. Les producteurs seront-ils prêts et capables (au niveau commercial) de (continuer à) fournir ces efforts? Les tentatives du passé – rappelez-vous le magazine CD-Rom audio-visuel Nautilus des années 90 – ne se sont jamais imposés. Ne serait-ce que parce que ce genre d’intégration étroite du texte, de l’image et de l’interaction exige davantage de temps et donc d’argent, de sorte que les produits joliment intégrés ne peuvent être ni ne seront jamais vraiment bon marché. Et puis, les gens veulent-ils payer en conséquence? Dès à présent, une plainte largement entendue à propos de la version Wired pour l’iPad est qu’elle serait (nettement) “trop chère!”. Voilà qui promet. A brève échéance, le mieux qu’on puisse espérer en la matière serait peut-être une sorte de ‘Daily Prophet’ (‘La Gazette du Sorcier’) comme dans les livres d’Harry Potter: un journal ou un magazine avec des illustrations animées.

Ce serait pourtant dommage car l’iPad et ses successeurs/concurrents pourraient être la première étape vers l’ouvrage hyper-interactif et évolutif que Neal Stephenson décrit dans son livre ‘The Diamond Age’ (1995). Il s’agit en l’occurrence d’un manuel interactif portant le titre saisissant suivant: ‘Young Lady’s Illustrated Primer: a Propaedeutic Enchiridion in which is told the tale of Princess nell and her various frinds, kin, associates &c.’, et qui accompagne une petite fille tout au long de sa croissance et de sa formation. Il propose une matière, en parle et en discute avec l’enfant et assure une interaction tant avec les éducateurs humains qu’avec les personnages doués d’une intelligence artificielle proches de l’enfant. Si vous souhaitez découvrir les possibilités futuristes réelles offertes par l’iPad et ses successeurs, nous vous conseillons de lire ‘Diamond Age’ (peut-être comme source d’inspiration). Mais sachez aussi que le succès de ce genre d’innovation ne sera possible que moyennant d’importants changements encore tant chez les producteurs de contenu que chez les consommateurs. A commencer par la prise de conscience que la qualité dans ce domaine coûtera vraiment cher.

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