La Grande-Bretagne entend censurer la pornographie ‘anormale’ sur internet

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Pieterjan Van Leemputten

Une subdivision d’une proposition de loi britannique entend censurer les vidéos en ligne mettant en scène des traitements sexuels ‘non-conventionnels’. Des esprits critiques parlent de censure car même Twitter risque ainsi d’être bloqué.

Cette loi, actuellement débattue au sein du parlement britannique, aborde notamment le fait que les sites à contenu pornographique doivent faire l’objet d’un contrôle d’âge strict. En outre, les sites mettant en scène des déviances sexuelles doivent pouvoir être bloqués par les fournisseurs télécoms.

Commission de contrôle

L’idée sous-jacente, c’est que le surfeur ingénu soit aussi bien protégé que le citoyen candide qui pénètre dans un magasin de DVD. Cela signifie également que le British Board of Film Classification (BBFC), qui contrôle les DVD commerciaux, devra visionner aussi les sites web pour vérifier leur contenu pornographique.

La mesure prévue dans le texte de loi était provisoirement passée inaperçue, jusqu’à ce que le journal The Guardian y consacre une attention toute particulière. Appliquer une telle loi dans la pratique ne semble pas évident. Avant tout, il est surtout bien malaisé de contrôler l’âge réel d’un internaute.

Qu’est-ce que la pornographie non-conventionnelle?

Ensuite, la notion de traitements sexuels interdits reste vague. The Guardian évoque entre autres des images à contenu sadomasochiste laissant des traces, mais aussi l’urolagnie, l’éjaculation féminine, le sexe lors de menstruations et le sexe en public, qui semblent être terrain défendu pour les Britanniques. Les relations entre deux adultes ne sont, elles, pas interdites.

Le journal passe par contre sous silence le contenu érotique mettant en scène des homosexuels et des transsexuels.

Souci ou censure?

Des esprits critiques considèrent la mesure comme une tentative de censure et d’ergotage de la part des autorités. C’est ainsi que la professeure Clare McGlynn, experte en législation porno et co-fondatrice du Centre for Gender Equal Media, a déclaré à The Guardian que cette mesure allait détourner le regard des véritables problèmes, tels la pédopornographie et la violence sexuelle.

Une porte-parole d’un site porno indique pour sa part que nombre de traitements ‘non-conventionnels’ ne sont pas autorisés par le BBFC, alors qu’ils sont très courants au sein d’une grande partie de la population.

Pornographie sur les sites non-pornos

Enfin, une telle mesure risque aussi de censurer un tas de sites, qui ne sont par définition pas des sites pornos. Tel est le cas par exemple de sites communautaires tels Reddit et 4Chan, où l’on poste du texte et des images sur toutes sortes de sujets, mais où l’on trouve aussi dans certains sous-canaux des choses émargeant au porno ‘non-conventionnel’.

La plate-forme de blogging Tumblr se caractérise également par des blogs qui ne passeraient pas le contrôle du BBFC. Mais la plus connue de toutes est peut-être encore Twitter, qui laisse passer pas mal de choses en général et où apparaissent régulièrement des images bien moins conventionnelles que la… position du missionnaire typique.

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