La gestion des performances, aussi dans le secteur public ?
Performance et secteur public, des termes contradictoires ? Le 4e Congrès du secteur public qui s’est tenu hier à Bruxelles a tenté de démontrer le contraire, sous l’oeil bienveillant de nombre de fournisseurs-sponsors ICT. Nous y avons rencontré Brett Knowles, un expert en gestion des performances et “balanced scorecards.”
L’ICT était largement présente au 4e Congrès du secteur public, organisé hier par le magazine 4Instance, et qui vise à inspirer nos hauts fonctionnaires sur des thèmes comme l’innovation et la performance. Une dizaine de fournisseurs ICT (notamment des acteurs de la Business Intelligence) sponsorisaient l’évenement, mais surtout, la plupart des orateurs ont (ré)affirmé qu’une administration qui veut devenir plus efficace se doit d’investir plus, mais surtout mieux, dans les nouvelles technologies. Jannie Haek, le patron de la SNCB, a expliqué que l’innovation pour une entreprise publique comme la sienne passait essentiellement par des projets ICT, liés à la sécurité (infrastructure de télécommunication mobile “à grande vitesse” GSM-R) ou au confort des voyageurs (nouveau système de recherche d’itinéraires en ligne).Non sans humour, Rudi Aernoudt, le secrétaire-général du Département Economie, Sciences et Innovation de la Région flamande, a rappelé que le principal défi d’un secteur public efficace “est de faire plus avec moins.” Il a fait allusion au paradoxe des pays scandinaves, leaders absolus en matière d’e-gouvernement mais qui pourtant n’obtiennent qu’un classement moyen dans les études sur l’efficacité administrative : “il est très difficile d’être efficace quand on intervient dans tout.”Tout le monde semble se réjouir que la notion de “public governance” gagne, lentement, du terrain. Cela passe dans certains cas par des investissements dans des logiciels analytiques. On sait déjà que l’administration flamande mène différents projets en ce sens, et Rudi Aernoudt a expliqué que son propre département devrait avoir terminé d’ici quelques mois la mise en place d’un “balanced scorecard.”Bill Thomas, executive vice-president EMEA d’EDS, a remis les pendules à l’heure en affirmant qu’investir massivement dans l’ICT, par exemple dans des projets d’e-gouvernement, n’apporte aucune valeur ajoutée si on ne change par les procédures en place, en les rendant plus ‘agiles.’ En tant que fournisseur ICT, il a plaidé assez logiquement pour que dans ses relations avec le privé, le secteur public se concentre moins sur des procédures d’achats spécifiées jusque dans les moindres détails, mais se charge surtout d’établir des standards et de jouer un rôle de supervision.Le Canadien Brett Knowles, l’un des pionniers des outils de gestion et de mesure des performances (il a popularisé avec des experts comme Kaplan et Norton l’idée de “balanced scorecards”), a indiqué, exemples (surtout nord-américains) à l’appui, que les outils logiciels de gestion des performances ne sont pas l’apanage du privé. Mais il faut tenir compte de certaines spécificités du public : “la structure de l’actionnariat (les ‘stakeholders’) est plus complexe, les objectifs sont plus aléatoires (par rapport à faire du profit dans le privé), le nombre de départements concernés est plus élevé, les échéances sont plus longues et c’est moins … sexy.”Au niveau plus technologique, il pointe deux freins actuels auxquels sont confrontés les logiciels de gestion des performances : “les interfaces doivent être encore plus conviviales, présentant une seule vision de la vérité. Ensuite, les systèmes doivent être évolutifs, permettant autant une vue mensuelle de l’activité qu’un zoom sur une transaction qui vient de se passer…”
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