La CEO de Proximus plaide pour la suppression de la neutralité du net
Lorsqu’on a appris la semaine dernière qu’aux Etats-Unis, les règles strictes s’appliquant à la neutralité du net allaient disparaître sous l’impulsion des républicains, la réaction dans les cercles politiques européens fut qu’il ne pouvait en être question sur le Vieux-Continent. La CEO de Proximus, Dominique Leroy a pourtant un autre avis sur la question: elle souhaite que les gros consommateurs tels Netflix, Google et Facebook rétribuent les opérateurs télécoms.
La semaine passée, la FCC américaine décidait d’abolir les règles instaurées sous Barack Obama dans le but de protéger la neutralité du net. Il en résulte que les fournisseurs internet américains ne seront plus tenus de traiter de manière identique l’ensemble du trafic internet. Ils pourraient donc faire payer les entreprises souhaitant obtenir une connexion plus rapide avec le consommateur.
La décision américaine généra des réactions de désapprobation surtout en Europe. Le commissaire européen en charge du marché numérique Andrus Ansip a ainsi déclaré qu’il continuera de protéger la neutralité du net en Europe: “Le droit d’accès à un internet ouvert sans discrimination ou interventionnisme (comme du blocage ou du ralentissement) est inscrit dans le droit de l’UE”. Le ministre télécom belge Alexander De Croo est du même avis: “L’Europe restera un havre internet au niveau mondial.”
Les fournisseurs belges Telenet et Proximus ne souhaitaient dans un premier temps pas faire de commentaires, lorsque Data News leur demanda ce qu’ils en pensaient. Aujourd’hui, la CEO de Proximus, Dominique Leroy, déclare cependant et pour la première fois qu’elle voit des raisons pour une révision de la neutralité du net en Europe. “La neutralité du net est importante pour garantir un libre accès aux petits acteurs”, affirme-t-elle. “Mais les choses vont trop loin, si des firmes comme Google, Netflix et Facebook ont besoin de toujours plus de capacité – en proposant par exemple la télévision HD et 4K -, sans devoir rien payer. La distribution gratuite a fait d’eux des géants.”
La CEO de Proximus établit ici une comparaison avec les poids lourds qui circulent sur le réseau routier. Pour eux, une taxe au kilomètre a été instaurée. Elle plaide donc pour un système similaire pour les ogres d’internet. “En périodes de pic durant le week-end, Netflix représente chez nous déjà 10 à 15 pour cent du trafic”, prétend Leroy, qui ajoute que pour l’utilisateur final, l’expérience doit toujours rester la même.
Le fournisseur alternatif EDPNet a par ailleurs fait savoir à notre rédaction qu’il est lui un ardent défenseur de la neutralité du net. “Nous en sommes résolument des adeptes et c’est ce que nous voulions depuis toujours. L’aspiration à la neutralité du net est inscrite dans nos gènes. Nous laissons ainsi par exemple à nos clients le libre choix d’utiliser le routeur qu’ils veulent”, déclare le COO Joachim Slabbaert à Data News.