Proximus teste la première connexion quantique hybride en Belgique

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Els Bellens

Conjointement avec Nokia, Proximus a procédé à une démonstration d’une configuration ‘quantum key distribution’ hybride. Un tel réseau devrait offrir au fournisseur davantage d’expertise en matière de réseaux quantiques sécurisés.

Les réseaux quantiques offrent la possibilité de transférer ci et là des données de manière particulièrement sécurisée. Avec un tel système, personne en principe, même pas le fournisseur, ne peut visionner le message. ‘On y envisage donc surtout des possibilités pour les clients des pouvoirs publics, des banques, de la défense ou des soins de santé. On peut prévoir pour eux une connexion sécurisée supplémentaire’, déclare Catherine De Saedeleer, head of Fixed Connectivity & Smart Networks chez Proximus, à un parterre de journalistes, dont Data News. Avec cette configuration de test, le fournisseur espère notamment intéresser des partenaires à collaborer sur des use cases.

Comme la technologie se trouve actuellement encore à ses balbutiements, il existe plusieurs techniques pour mettre en œuvre ce genre de réseau quantique. Proximus a opté pour le système ‘quantum key distribution’, et plus spécifiquement pour une configuration hybride. La configuration de test se trouve dans une boucle reliant les centres de données de Proximus à Evere et Malines. Il s’agit là aussi de la première version hybride d’un réseau quantique en Europe. Le canal quantique transfère les photons utilisés pour générer les clés , alors qu’une connexion à fibre optique ‘normale’ expédie les véritables données (cryptées). Un tel système offre l’avantage, selon Eric de Nokia, de pouvoir basculer vers une cryptographie plus classique en cas de problème avec la connexion quantique encore très expérimentale.

Quantum key distribution?

En bref, le système utilise une propriété physique des photons. Ce sont des particules sous-atomiques qui ne se comportent pas comme des atomes ‘ordinaires’ et qui changent par exemple quand on les regarde. Ce dernier point offre des avantages, si on souhaite créer un système qui ‘sait’ quand il est espionné. Dans la configuration de test de Proximus, ces photons sont utilisés pour générer des clés cryptographiques. Si la base sur laquelle ces clés sont créées, n’est pas identique chez l’émetteur et chez le réceptionnaire, cela signifie que la connexion a été interceptée.

Même si les réseaux quantiques et, par extension, l’informatique quantique se trouvent encore à un stade très précoce de leur évolution, leur sécurité retient l’attention depuis un certain temps déjà. Les ordinateurs quantiques constituent une technologie tout à fait différente de celle des ordinateurs traditionnels, et la crainte existe que d’ici quelques années, lorsqu’ils seront suffisamment puissants, ils ‘craqueront’ la cryptographie utilisée aujourd’hui pour crypter les données sensibles. Le NIST, l’institut américain des normes, a par conséquent déjà adopté des normes provisoires pour les algorithmes ‘quantum safe’ (cryptographiques post-quantiques), qui ne pourront pas être aisément ‘craqués’ par ce genre d’ordinateur. Il faudra cependant des années pour tester ce genre de norme et l’intégrer dans la sécurité.


Entre-temps, pas mal de recherche semble être consacrée aux connexions sécurisées, afin que les données ne puissent pas dès à présent être interceptées en vue d’être décryptées dans quelques années avec une meilleure technologie. C’est dans cette dernière catégorie que Proximus et Nokia sont à présent occupées à expérimenter. Précédemment déjà, l’UE avait lancé un appel à déployer pour l’Europe ce type de réseau ‘quantum safe’ et en Belgique, un consortium formé autour de l’imec, de Belnet et de plusieurs universités prépare un ‘internet quantique’ sur lequel il entend tester différentes technologies.

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