Les Etats-Unis effectuent un nouveau pas en avant dans le domaine de la technologie des missiles hypersoniques

La firme américaine GE Aerospace a effectué des tests d’un moteur hypersonique fonctionnant aussi à faible vitesse. © GE Aerospace

Un nouveau moteur de propulsion américain, baptisé Rotating Detonation Combustion (RDC), pourrait permettre aux missiles hypersoniques de progresser encore. Ce moteur prometteur vient d’être testé pour la première fois.

Les armes hypersoniques volent à une vitesse minimale de cinq mille kilomètres à l’heure vers leur cible et ne peuvent ainsi pas ou quasiment pas être interceptés par les systèmes de défense aérienne existants. Du moins, c’est qu’on pensait et ce que déclara aussi le président russe Vladimir Poutine en 2018 lorsque fut dévoilé le missile hypersonique Kinzhal (voir photo ci-dessous). Entre-temps, il apparaît que les modèles actuels sur lesquels travaillent notamment les Américains, les Russes et les Chinois, ne soient pas les super-armes qu’on imaginait. En mai 2023, les troupes ukrainiennes abattirent en effet plusieurs Kinzhal avec leurs missiles occidentaux Patriot.

Le missile hypersonique russe Kinzhal, porté ici par un Mikoyan MiG-31. © The Presidential Press and Information Office, CC BY-SA 4.0.

Moteurs scramjet

Les missiles hypersoniques utilisent ce que l’on appelle des moteurs scramjet. La technique de ce genre de Supersonic Combustion Ramjet (statoréacteur à combustion supersonique) est plus simple que celle d’un moteur à réaction. Dans les moteurs à réaction existants, une turbine aspire de l’air dans le moteur, qui est comprimé. Ensuite, du carburant (kérosène) est ajouté, puis le mélange est enflammé. Lors de la combustion, la pression augmente encore davantage. Le mélange des gaz de combustion qui en résultent, se dilate fortement et s’évacue du moteur par l’arrière.

Un scramjet, quant à lui, utilise sa propre vitesse pour comprimer l’air. La pression interne et la température augmentent dans une telle mesure que le carburant s’enflamme automatiquement. Il faut donc beaucoup moins de pièces mobiles pour le faire fonctionner et, surtout, le renoncement à la turbine coûteuse et fragile permet d’atteindre des vitesses beaucoup plus élevées.

Rapide, mais contrôlable

L’inconvénient est qu’un scramjet doit donc d’abord atteindre cette vitesse énorme, avant de pouvoir générer une poussée. Cela se fait encore et toujours à l’aide de lanceurs à l’ancienne. De plus, pour donner au missile hypersonique une plus longue portée, le projectile hypersonique est amené à haute altitude, après quoi il se dirige en piqué/plané vers sa cible. Or c’est ce long vol en altitude qui le rend vulnérable.

Ce qu’il faut, alors, ce sont des moteurs capables de propulser les missiles hypersoniques tout au long de leur déplacement, qui peuvent voler bas malgré leur vitesse extrême et qui, comme un missile de croisière, sont contrôlables. Pour y parvenir, la société américaine GE Aerospace a développé le Dual-Mode Ramjet (statoréacteur bi-mode) recourant à la technologie Rotating Detonation Combustion (combustion par détonation rotative) susmentionnée.

‘Mini-tornade brûlante’

Le moteur RDC fonctionne sur base d’un cylindre pénétrant dans un second légèrement plus grand. En pulvérisant et en enflammant un mélange d’air et de carburant dans l’espace séparant les deux cylindres, il tourne à des vitesses supersoniques. Au fur et à mesure que davantage de carburant et d’air sont ajoutés, la pression augmente, et plus de chaleur est produite. En éjectant ensuite cette ‘mini-tornade brûlante’ par l’arrière, le missile est propulsé. Toute la procédure est expliquée en détail dans cette vidéo.

Le nouveau moteur, qui peut fonctionner à la fois en dessous et au-dessus de Mach 5 (cinq fois la vitesse du son), a été présenté à la mi-décembre sur un banc d’essai à l’usine GE de Niskayuna, dans l’état de New York. GE Aerospace s’attend à ce qu’une version complète du moteur soit prête en 2024.

En collaboration avec Kijk Magazine.

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