La station spatiale internationale ISS disposera en 2027 d’un centre de données orbital avec des liens optiques

La station spatiale internationale ISS. © NASA
Kristof Van der Stadt
Kristof Van der Stadt Rédacteur en chef chez Data News

La firme américaine Axiom Space, qui construit des stations spatiales commerciales, veut d’ici 2027 associer, conjointement avec Spacebilt, un nouvel ‘orbital data center’ à l’ISS.

Le concept du ‘cloud computing’ s’étend de plus en plus vers… l’espace. Axiom Space et Spacebilt annoncent en effet une collaboration avec plusieurs organisations en vue de combiner d’ici 2027 un nœud ‘orbital data center’ (ODC) complet avec l’ISS. Ce projet appelé ‘Axiom Orbital Data Center Node on the International Space Station’ (AxODC Node ISS, ndlr) a pour but d’offrir une infrastructure hautes performances aux satellites, aux différents autres engins spatiaux, aux astronautes et aux chercheurs. L’objectif est de leur permettre de stocker et traiter des données localement et de pouvoir mener des applications d’intelligence artificielle et d’apprentissage machine directement en orbite basse autour de la Terre (LEO).

Capitaliser sur une initiative existante

Cette initiative ne sera pas un fait unique. Elle capitalisera sur le lancement de l’Axiom Data Center Unit One (AxDCU-1) vers la station spatiale en août de cette année et succèdera à une annonce précédente d’Axiom Space de lancer d’ici fin 2025 deux autres nœuds ODC. L’ambition est de créer ainsi un réseau distribué de centres de données dans l’espace.

‘L’équipe d’Axiom Space implémente et gère des capacités de cloud computing sur la station spatiale depuis 2022 déjà’, déclare Jason Aspiotis, global director of in-space data and security chez Axiom Space, dans un communiqué de presse. ‘Mais avec AxODC Node ISS, nous augmenterons non seulement la capacité de calcul de la station spatiale, mais nous intégrerons également des terminaux de communication optique commerciaux. Cela donnera à notre matériel une connectivité aux satellites dans le réseau maillé. D’ici 2027, nous prévoyons de disposer d’au moins trois nœuds ODC interconnectés capables de fournir des services à n’importe quel satellite doté de terminaux optiques compatibles.’

Partenaires expérimentés

La technologie dans l’espace: cela nécessite une approche légèrement différente de la technologie sur Terre. Il n’est donc pas surprenant que la liste des partenaires technologiques comprenne de nombreux acteurs spécialisés, ayant déjà de l’expérience acquise dans des projets IT antérieurs. L’infrastructure comprendra par exemple du matériel de Phison et Microchip Technology et de la communication optique de Skyloom. Cette infrastructure devra donc permettre le stockage de données et la puissance de calcul, y compris les charges de travail de l’IA, en orbite terrestre basse: plus facile à écrire qu’à faire, nous direz-vous!

Matériel de classe pétaoctet

Phison est l’un de ces fournisseurs spécialisés, qui nous avait fièrement déclaré il y a quelque trois mois que ses SSD se trouvaient dans un centre de données sur la lune. Mais nous lui avions également parlé en 2023: à cette époque, Phison avait déjà amené des solutions sur mesure à mémoire flash sur Mars.

Le stockage de données sur Mars (et bientôt aussi sur la lune)

Dans le cadre du présent projet, Phison fournira plus d’un pétaoctet de capacité de stockage avec ses ‘enterprise-grade solid-state drives’ (SSD) Pascari. Pour Phison, ce ne sera pas sa première expérience dans l’espace après un alunissage plus tôt cette année, mais ce sera la première fois dans un environnement LEO. ‘Pascari fournira un stockage de classe pétaoctet, testé pour les conditions difficiles dans l’espace, et est maintenant prêt à voyager pour la première fois en orbite terrestre basse. Cette étape importante démontre combien nos innovations permettront d’entrer dans la prochaine ère du calcul spatial et de l’IA’, affirme K.S. Pua, CEO et fondateur de Phison Electronics.

La direction technique du projet repose entre les mains de Spacebilt, en charge du concept d’ingénierie et de la mise en œuvre des charges utiles internes et externes. La firme fournira ses Large In-Space Servers (LiSS). Ce sera la première fois que des serveurs de classe pétaoctet seront utilisés dans l’espace. ‘Cette collaboration avec Axiom Space ouvre une nouvelle ère pour la puissance de calcul et le stockage dans l’espace’, prétend Dennis Wingo, president & chief technology officer de Spacebilt.

Phison démocratise l’entraînement des grands modèles de langage

Microchip Technology en charge du traitement central

L’unité centrale de traitement et le contrôle des serveurs seront assurés par du matériel de Microchip Technology. La firme fournira plusieurs composants, dont le processeur PIC64 High-Performance Spaceflight Computing (PIC64-HPSC). Il s’agit d’un microprocesseur spécialement conçu pour des performances de calcul fiables dans l’espace. ‘Les processeurs PIC64-HPSC de Microchip, développés en collaboration avec le Jet Propulsion Laboratory de la NASA, établissent une nouvelle norme pour l’informatique spatiale en apportant l’accélération AI/ML et la robustesse des réseaux basés ethernet à la périphérie intelligente’, ajoute Kevin So, Vice President Communication Business Unit chez Microchip Technology.

Une épine dorsale optique dans l’espace

La connectivité sera un élément crucial du nouveau nœud. Skyloom fournira un Optical Communication Terminal (OCT) compatible avec les normes de la Space Development Agency (SDA). Ce terminal permettra des connexions allant jusqu’à 2,5 Gbit/s entre le nœud de centres de données et les satellites dans LEO. C’est considéré comme un premier pas vers les futures connexions à 100 Gbps, qui devraient garantir une communication à large bande passante et à faible latence. ‘Nous posons actuellement les bases d’une épine dorsale optique qui rendra un jour l’espace aussi connecté et riche en données que la Terre’, précise Eric Moltzau, Chief Commercial Officer chez Skyloom.

Pour ceux qui en douteraient encore: il y a bien une course IT qui se déroule dans l’espace. Il semble qu’une évolution vers un écosystème cloud orbital complet soit également possible à plus long terme: parfaitement comparable à l’infrastructure terrestre des centres de données, des réseaux à fibre optique et des fournisseurs de services cloud.

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