Valerie Tanghe

Happy International Women’s Day?

Valerie Tanghe ICT woman of the year 2023, présidente Amazone asbl et managing director chez Accenture.

‘Il va de soi que le 8 mars, nous pourrons prendre un moment pour réfléchir à ce que nous avons déjà réalisé, en tant que société, en matière d’égalité hommes-femmes, mais il sera surtout important de prendre conscience que la lutte n’est vraiment pas encore terminée’, écrit Valérie Tanghe, présidente de l’asbl Amazone et ICT Woman of the Year 2023.

Depuis de nombreuses années, la International Woman’s Day (IWD) est célébrée le 8 mars. Il y a bien longtemps déjà, elle fut précédée par un rassemblement de 15.000 femmes parcourant les rues de New York City fin février 1908 – cela remonte à plus de 100 ans! – pour revendiquer un horaire de travail plus court, un salaire égal et le droit de vote. En 1910, lors de la deuxième ‘International Conference of Working Women’ à Copenhague regroupant 100 femmes de 17 pays, l’Allemande Clara Zetkin proposa d’organiser la Journée Internationale de la Femme le même jour dans chaque pays, afin d’exprimer conjointement les revendications. Et c’est ce qui s’est passé.

Au cours des premières années, plus d’1 million de femmes (et d’hommes) participèrent aux marches pour le droit de travailler, de voter, d’étudier, de pouvoir prendre part à la vie publique, et pour la fin des discriminations. La Première Guerre Mondiale brisa partiellement le rythme, mais lorsque les femmes se mirent en grève en Russie le 8 mars 1917 pour ‘du pain et la paix’, que le tsar abdiqua 4 jours plus tard, et que les femmes obtinrent le droit de vote (!), le mouvement repartit de plus belle. Durant les premières années, il reposait largement sur une assise socialiste, puisqu’il était finalement surtout question de thèmes d’égalité sociale et que les femmes qui travaillaient (par nécessité) étaient toutes issues d’une classe sociale inférieure.

Après la Seconde Guerre Mondiale, les femmes obtinrent enfin le droit de vote dans la plupart des pays de l’Europe Occidentale, mais les questions sur les différentes libertés (études, travail,…) restaient encore et toujours sans réponse. A cela s’ajouta une demande importante, celle des droits reproductifs. A partir de 1975, les Nations Unies soutinrent la journée et à partir de 1996, l’organisation lui attribua également un thème.

Ne me souhaitez pas une heureuse Journée Internationale de la Femme le 8 mars.

Mais en 2023, la JIF a malheureusement pris un accent très commercial. La journée ressemble parfois plus à une fête des mères qu’à un jour de lutte supplémentaire pour l’égalité des droits, l’égalité des chances ou une diminution des violences envers les femmes. Il va de soi que le 8 mars, nous pouvons prendre un moment pour réfléchir à ce que nous avons déjà réalisé, en tant que société, en matière d’égalité hommes-femmes, mais il est surtout important de prendre conscience que la lutte n’est vraiment pas encore terminée. Il existe encore et toujours un écart salarial entre les hommes et les femmes, qui ne s’explique pas seulement par le fait que les femmes travaillent plus que les hommes à temps partiel ou dans d’autres secteurs d’activité. Il y a encore et toujours aussi trop peu de femmes dans tous les organes décisionnels, qu’ils soient politiques ou corporatifs/organisationnels. Et les femmes ont encore et toujours moins accès aux ressources numériques tant pour elles-mêmes que pour leur famille.

C’est sur ce dernier point que les Nations Unies veulent attirer l’attention cette année avec leur thème ‘DigitALL: Innovation and technology for gender equality’. A l’asbl Amazone – la maison des organisations féminines -, un lunch-meeting sera organisé le 7 mars pour tous les acteurs en Belgique désireux de s’engager.

Les femmes qui ont été sélectionnées comme Inspiring 50 Women in Technology se réuniront aussi le 16 mars pour débattre de la façon dont elles peuvent être des modèles à suivre pour les autres femmes et faire en sorte que davantage de filles optent pour la technologie, car c’est un domaine qui leur offre beaucoup d’opportunités, et qu’il n’est jamais trop tôt pour les impliquer.

Quiconque veut contribuer à l’égalité hommes-femmes, trouvera bien d’autres initiatives en plus de celles susmentionnées! A l’approche du 8 mars, je souhaite à toutes les femmes, mais aussi à tous les hommes beaucoup de courage et de détermination pour continuer à oeuvrer pour plus d’égalité entre les genres, que ce soit à la maison, au travail ou au sein de la société. Mais, s’il vous plaît, ne me souhaitez surtout pas une heureuse Journée Internationale de la Femme le 8 mars, car il reste encore beaucoup de choses à faire.

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