« Google facture des publicités que personne n’a vues »
Un volumineux rapport révèle que certaines publicités vidéo diffusées par Google sur YouTube et des applications ou sites externes ne sont pas visionnées dans les conditions promises aux annonceurs. Ces derniers se voient ainsi facturer des vues qui n’existent pas.
Il s’agit de publicités diffusées via la plate-forme TrueView de Google, un environnement publicitaire qui diffuse à la fois sur YouTube et des applications et sites tiers des publicités vidéo qui contiennent en principe du son, sont montrées dans de bonnes conditions et peuvent être passées par l’utilisateur. Comme les annonceurs paient par vue, elles doivent être regardées volontairement. C’est du moins la théorie.
Une théorie que le spécialiste de la publicité Adalytics remet aujourd’hui sérieusement en question. Dans son rapport, il indique que 42 à 75% des dépenses publicitaires TrueView in-stream concernaient des sites Google Video Partner (GVP) qui ne répondaient pas aux normes. Ces sites GVP sont des sites web externes sur lesquels des publicités sont fournies par Google.
Adalytics a analysé ces publicités et constaté que leur affichage était souvent déficient. Par exemple, il était possible de couper le son de la vidéo ou de la déplacer sur le bord de la page ou hors de l’écran. Autre problème : certaines vidéo sont diffusées dans un coin si petit qu’elles passent de facto inaperçue. Ce, alors que les annonceurs paient par vue et que la vidéo est comptée comme telle. Enfin, Adalytics affirme qu’il est impossible de sauter certaines vidéos, contrairement aux promesses de Google. Ce qui suggère que des utilisateurs voient des vidéos qui ne les intéressent pas.
L’UE, Microsoft, Samsung, Bayer, Johnson&Johnson et des dizaines d’autres marques connues diffusent leur publicité de cette manière. L’organisation à l’origine du rapport a contacté certaines d’entre elles pour obtenir des commentaires. Ces annonceurs ne sont pas nommés, mais tous ont déclaré que si ces allégations sont fondées, ils demanderont à être remboursés.
Google : échantillons peu fiables
Google s’est empressé de réagir au rapport. Sans citer Adalytics, l’entreprise affirme dans un billet de blog publié cette semaine qu’un « rapport récent » avait utilisé des « échantillons peu fiables » et une « méthodologie approximative » pour propager de fausses affirmations.
Elle affirme également que les clients peuvent choisir de placer ces publicités uniquement sur YouTube et éviter ainsi les sites du réseau GVP. Dans le même temps, elle dit attacher une grande importance à l’endroit où les annonces sont diffusées et avoir cessé de diffuser des publicités sur 143 000 sites l’année dernière parce qu’ils ne répondaient pas aux normes Google.
Ce type de réponse est très habituel. Face à un incident, presque tous les grands acteurs commencent par souligner leur préoccupation, puis présentent des chiffres montrant que des mesures sont effectivement prises. Meta en est un bon exemple : bien qu’elle rappelle régulièrement le nombre de spams et de fake news qu’elle supprime, la plate-forme ne fait toujours pas assez d’efforts pour s’attaquer à ces problèmes en profondeur.
The Register a contacté Adalytics au sujet du blog de Google. On y note que si Google rejette les affirmations du rapport, il ne remet pas en cause ses conclusions sur le fond. Par exemple, Google ne dit donc rien sur les publicités diffusées sans le son. De plus, la possibilité de n’apparaître que sur YouTube ne figurerait pas dans la documentation de Google et semble avoir été ajoutée récemment.
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