Une startup ‘mining tech’ belge récolte des fonds pour un système de capteurs équipant des véhicules autonomes

. © Getty
Els Bellens

La jeune pousse limbourgeoise Behault, qui construit des véhicules autonomes hybrides pour le transport dans les mines, recueille 450.000 euros en vue de breveter ses technologies. Voilà qui devrait lui permettre d’améliorer la qualité de ses véhicules autonomes à l’avenir.

Behault construit des véhicules électriques autonomes hybrides et leurs systèmes d’entraînement et ce, pour le secteur minier. La startup limbourgeoise vient de finaliser sa première phase de financement au cours de laquelle elle a recueilli 450.000 euros auprès d’investisseurs technologiques belges. Avec cet argent, elle entend solliciter des brevets en vue de protéger sa technologie et de la commercialiser plus amplement que ce n’est le cas aujourd’hui.

De constructeur de camions à firme technologique

Behault est une émanation de la néerlandaise ETF Holding, une entreprise qui fournissait des camions à de grandes firmes minières. Après que la direction ait racheté ses parts, Geoffrey Ejzenberg, Chief Client Officer, et Noel Jans, CTO, ont fondé conjointement l’entreprise Behault. Ils déménagèrent aussi le siège en Belgique, plus précisément dans les bureaux de ‘IncubaThor’, un incubateur spécialisé en énergie verte établi sur un ex-site minier à Genk. “Nous voulons en faire une véritable firme technologique”, déclare Ejzenberg à Data News.

Etant donné l’historique de l’entreprise, la technologie qu’elle entend breveter aujourd’hui, était initialement prévue pour la construction de véhicules miniers. “En principe, nous produirons aussi des camions”, affirme Ejzenberg. “Nous avons dans ce but conclu une collaboration avec Belaz, l’un des principaux constructeurs de véhicules miniers au monde.” Mais vu la situation en 2020, la crise du covid sème le trouble. “Le secteur minier a fortement souffert de la crise, ce qui a provoqué pas mal de retard.”

Behault se rue par conséquent en premier lieu sur la poursuite du développement de sa technologie. “En septembre de l’année dernière, nous avons organisé une phase de capitalisation en vue de faire breveter les dix principales technologies du véhicule. Nous collaborons dans ce but avec VO Patents & Trademarks, une firme de brevets spécialisée dans les applications industrielles. Durant la crise du corona, nous avons oeuvré à élargir l’exploitabilité de ces brevets déposés.”

Les yeux du véhicule

La demande de brevet porte sur ‘SAS’, un ‘Situational Awareness System’ pour véhicules autonomes. “Un système autonome est élaboré au départ de deux ‘yeux’ et d’un ‘cerveau’. Le SAS, ce sont les yeux. Il s’agit d’un ensemble de capteurs et d’une technologie qui traite l’ensemble de l’input”, explique Ejzenberg. Ce système, l’entreprise l’intègre à ses véhicules. Elle le qualifie elle-même de système cyber-physique, en quelque sorte le ‘cerveau’ de ses véhicules autonomes. Conjointement, ils doivent constituer une solution d’automatisation prête à l’emploi.

Behault voit directement grand avec sa technologie. “Lorsque nous avons préparé ce brevet, nous avons compris que cette technologie pouvait résoudre d’importants défis se posant aux véhicules autonomes et que nous pourrions l’utiliser non seulement dans le secteur minier, mais aussi dans d’autres industries comme la sécurité et la navigation maritime”, poursuit Ejzenberg.

Lidar

Le système de capteurs en question s’assure que le véhicule puisse ‘voir’. Il serait ainsi à même de mieux identifier les petits objets que les technologies utilisées par Waymo, filiale de Google, ou par Tesla par exemple. “C’est là une sérieuse percée”, clame un Ejzenberg sûr de lui. “De plus, le système de capteurs est performant jour et nuit et quelle que soit la météo. Et ce, contrairement au système de Tesla qui est en gros soumis aux mêmes ‘limites’ que l’oeil humain.”

Voilà pourquoi Ejzenberg et son associé Jans hébergent à présent la technologie SAS dans une spin-off, Autonomous Knight, pour laquelle Behault prévoira plus tard cette année encore une deuxième phase de financement. “Nous nous attendons à entériner cette phase d’investissement en novembre, avant de gagner la Californie”, précise Ejzenberg. “C’est là en effet que se trouve l’épicentre de tout ce qui concerne les véhicules autonomes.”

Le système SAS devrait spécifiquement rapprocher les véhicules autonomes de ce qu’on appelle ‘l’autonomie de niveau 5’, à savoir des véhicules n’ayant pas besoin d’un contrôle humain. Les véhicules les plus modernes qu’on puisse actuellement trouver, en sont au niveau 4. “Comme ils fonctionnent souvent sur base de la technologie Lidar, ils ne progresseront pas”, déclare Ejzenberg en paraphrasant Elon Musk.

Ejzenberg ne souhaite pas expliquer comment son système opère. En introduisant une demande de brevet, on entre dans une période de dix-huit mois où règne le secret le plus absolu, afin de donner à l’entreprise la chance de développer son marché. “Nous croyons que l’intégrabilité des machines autonomes et que l’interaction machine-homme seront déterminées par la qualité des systèmes qui captent et traitent la réalité dans laquelle ils fonctionnent”, ajoute-t-il encore. “Nous pouvons et voulons y contribuer. Notre objectif est d’évoluer vers un centre d’expertise international en systèmes cyber-physiques et électro-optiques au Limbourg.”

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