Une majorité de profils ICT parmi les étudiants-entrepreneurs

L’Université de Liège a récemment emboîté le pas de sa consoeur de Gand en créant son propre statut d’étudiant-entrepreneur. Certaines hautes écoles ont également mis en place des initiatives pour aider leurs étudiants à réussir cette “double vie”. Il s’avère que les profils ICT sont largement représentés.

L’Université de Liège a récemment emboîté le pas de sa consoeur de Gand en créant son propre statut d’étudiant-entrepreneur. Certaines hautes écoles ont également mis en place des initiatives pour aider leurs étudiants à réussir cette “double vie”. Il s’avère que les profils ICT sont largement représentés.

L’Université de Gand a créé un statut d’étudiant-entrepreneur pour la rentrée 2011. Depuis, le nombre de ‘participants’ augmente progressivement, passant de 41 la première année à 53 cette année. Le statut est à chaque foi accordé pour une année, renouvelable. Le but est de faciliter la vie du jeune qui veut mener de front études et projet d’entreprise. “Nous aidons l’étudiant à gagner du temps sur des tâches administratives par exemple. Nous proposons également du coaching et guidons l’étudiant vers les structures adéquates,” résume Steve Stevens, “business developper” du programme Durf Ondernemen à l’Université de Gand. Ce programme d’incitation à l’entrepreneuriat y a été fondé par le Professeur d’informatique Koen De Bosschere.

Technopreneurship

“Nous misons aussi sur une émulation entre les étudiants eux-mêmes, dans une sorte d’approche ‘bottom-up’ de l’entrepreneuriat,” explique le Professeur De Bosschere, selon qui le nombre d’étudiants-entrepreneurs est conforme aux attentes. “Nous tablons sur 350 participants sur cinq ans.” Il a également lancé il y a huit ans le programme Technopreneurship, intégré au cursus des étudiants de 1er Master en sciences informatiques, qui permet d’allier la théorie et la pratique autour d’un projet commercialisable. Ce programme a servi de tremplin à pas mal de jeunes qui ont ensuite pris le statut d’étudiant-entrepreneur. “J’espère pouvoir étendre ce cours dès la rentrée prochaine à une bonne partie des facultés d’ingénieurs, en particulier les ingénieurs civils et industriels,” explique le Professeur. “Quand on examine les perspectives de création d’emplois à 20 ans dans un certain nombre de secteurs traditionnels, comme la finance ou l’administration, on se dit qu’on fournit un précieux service aux étudiants en les rendant moins dépendants du marché de l’emploi, en leur permettant de créer eux-mêmes leur job.”

Né au sein de la faculté des sciences de l’ingénieur, le statut d’étudiant-entrepreneur a entretemps été étendu à d’autres profils d’étudiants, mais les projets à orientation ICT restent (légèrement) majoritaires. “Nous avons sélectionnés 11 projets pour la finale de nos étudiants-entrepreneurs. 6 d’entre eux sont dans la sphère ICT,” précise Steve Stevens.

Ghentrepreneur

A Gand, l’Université n’a pas l’apanage du statut d’étudiant-entrepreneur. Les hautes écoles Artevelde et HoGent ont également des initiatives semblables. Et des ponts ont été jetés entre les différents étudiants-entrepreneurs gantois via Ghentrepreneur, une série d’ateliers et événements qui visent à partager les bonnes pratiques. L’initiative est soutenue par la Ville et la Région flamande, via Agentschap Ondernemen. iMinds est également partie prenante.

Les sessions d’informations pratiques organisées par Ghentrepreneur sont d’ailleurs l’un des gros avantages que retient l’étudiant-entrepreneur Jens Segers. “En plus de nous faire gagner du temps dans certaines démarches, le statut nous donne également une certaine visibilité, notamment lors de la finale des étudiants-entrepreneurs gantois à laquelle j’ai pu participer.” Son diplômé d’ingénieur en informatique en poche, Jens termine une année supplémentaire à orientation économique. Il bénéficie du statut d’étudiant-entrepreneur depuis la rentrée 2013. En octobre dernier, il créait une société unipersonnelle pour lancer son projet Auki : des hotspots WiFi pour l’horeca et les commerces, qui favorisent la publicité ‘bouche à oreille’ via les médias sociaux. S’appuyant pour l’instant sur un réseau de revendeurs, il a déjà convaincu 55 commerces, dont le café bien connu Wasbar. Il compte bien se consacrer à temps plein à son entreprise dès la fin de l’année scolaire. “je suis activement à la recherche d’un cofondateur.”

“Pas la grande dis’ mais …” L’Université de Liège a moins de recul, l’annonce du statut y étant toute récente. Mais une première vague d’enthousiastes s’est déjà manifestée. Parmi ceux-ci figure Romain Simar, étudiant en 3e bachelier ingénieur de gestion à HEC-ULg. Passionné par l’imprimerie, il a déjà lancé en 5e secondaire, épaulé par son père, un petit commerce ‘traditionnel’ de photocopies et impressions à la demande. Son ambition est à présent de développer son entreprise sur l’internet, après avoir suivi une formation au commerce électronique. “Je ne veux pas attendre la fin de mes études. Le statut d’étudiant-entrepreneur offre de la flexibilité, mais aussi une valorisation très importante. Il est clair que l’énergie que j’investis dans mon projet fait qu’il est impossible de décrocher la grande distinction. Mais au moins, les gens savent que j’ai peut-être une bonne excuse,” ironise Romain Simar.

Les statuts “internes” d’étudiants-entrepreneurs sont peut-être des premiers pas vers un vrai statut légal, avec des droits sociaux et fiscaux spécifiques, comme par exemple le maintien d’un droit aux allocations familiales. Nombre d’étudiants-entrepreneurs que nous avons rencontrés déplorent par exemple que le plafond autorisé (avant de devoir payer des cotisations sociales) ne soit que de 1460 euros par an, alors qu’un étudiant jobiste peut gagner jusque 6.000 euros par an. Lors de la récente campagne électorale, certains politiques, au premier rang desquels Kris Peeters, ont font des promesses dans le sens de la création d’un vrai statut social pour l’étudiant-entrepreneur.

Ajoutons, pour tenter d’être exhaustif, que la haute école d’Hasselt (Hogeschool PXK) a elle aussi son propre statut d’étudiant-entrepreneur et qu’en Wallonie, la haute école Hennalux (Namur-Liège-Luxembourg) mène des projets semblables via l’asbl Be Young Boss.

Endare, Teamleader …
Une des toutes premières start-up gantoises nées dans le giron du statut d’étudiant-entrepreneur est Endare, spécialisée dans le développement d’applications B2B pour tablettes numériques. La jeune entreprise a notamment lancé un outil de réunion pour l’iPad. Plus récemment, Endare s’est distinguée en présentant une première appli pour les Google Glass, en partenariat avec le journal De Standaard.

Une autre start-up d’étudiants-entrepreneurs gantois est Teamleader, un développeur de logiciels CRM, de ventes et planification dans lequel Fortino (le fonds d’investissement de capital à risque de Duco Sickinghe, ex-CEO de Telenet) a récemment investi 1 million d’euros.

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