Starter de la semaine: ClauseBase fait entrer les juristes dans le 21ème siècle
Elaborer péniblement soi-même un contrat paragraphe après paragraphe? C’est complètement dépassé. Qu’à cela ne tienne, la jeune pousse louvaniste ClauseBase entend automatiser le travail juridique à la chaîne en générant rapidement les documents de base et en les rendant facilement adaptables.
Les juristes et la technologie, cela ne fait pas bon ménage. ‘Ils me diront fièrement qu’ils sont complètement à jour, puisqu’ils travaillent avec Microsoft 365’, déclare en souriant Maarten Truyens, fondateur et CTO de ClauseBase. ‘Mais cela, c’est la base. Les juristes ne voient souvent pas qu’il existe bien plus de possibilités. Ils n’utilisent en général guère plus qu’un traitement de texte lors de l’élaboration de leurs dossiers et contrats. Et donc, ils gaspillent encore beaucoup de temps à rassembler manuellement toutes sortes de paragraphes et d’alinéas utiles à partir d’anciens contrats, afin de concocter un nouveau document.’
Peut mieux faire, s’est dit Truyens, et avec deux associés, il s’est efforcé ces dernières années à mettre au point ClauseBase, une plate-forme web basée sur le nuage, pour aider les avocats et autres à créer rapidement de nouveaux contrats. ‘On pourrait un peu comparer cela à un générateur de rapports que les informaticiens utilisent déjà régulièrement’, affirme Truyens. ‘Sauf que notre outil est nettement meilleur avec des mots que ces solutions.’
Tout un arsenal linguistique
ClauseBase s’utilise selon un modèle de souscription ‘cloud’ prévoyant un paiement par utilisateur et par document généré. Il ne faut en outre même pas être juriste pour s’en servir. Si vous êtes un bailleur et que vous avez besoin d’un contrat de location, vous pourrez également sortir rapidement de l’imprimante un contrat standard – éventuellement avec plusieurs adaptations spécifiques. Les juristes ont pour leur part accès à toutes les possibilités de la plate-forme. Un avocat doit en effet disposer de tout un arsenal linguistique: soit il doit se faire quelque peu plus agressif en utilisant pas mal de termes et de périphrases spécifiques, soit il a parfois tout intérêt à se montrer plus prudent. ‘ClauseBase peut par conséquent au niveau de chaque paragraphe proposer plusieurs variantes, parmi lesquelles le juriste choisira la suggestion qui correspondra le mieux à ses intentions. Le système adaptera alors directement des choses comme le passage du singulier au pluriel, ou de lui à elle, si cela s’avère nécessaire.
Ce qu’il nous faut, c’est du temps pour faire s’infiltrer nos idées, notre approche spécifique dans le marché.
Au bout d’une année et demie, Truyens commence à trouver des débouchés pour son outil. De grandes entreprises RH telles SD Worx et Acerta sont déjà clientes, alors que l’entreprise d’incinération des déchets Renewi gère l’administration de son personnel à l’aide de ClauseBase. ‘Certains clients occupent plus de cinq mille personnes, ce qui se traduit par des centaines de documents de travail. Normalement, cela leur prend plus d’une demi-heure par contrat à élaborer, alors que cela ne dure que cinq minutes avec notre solution’, précise Truyens. ‘Il en va de même pour les top-avocats d’un bureau comme Looyens & Loeff. Alors qu’un volumineux dossier de rachat peut parfois demander une journée et demie de travail, ils peuvent à présent y arriver en une heure.’
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Convaincre des clients demande un long travail de conversion, selon Truyens: ‘Voilà pourquoi nous ne souhaitons provisoirement pas attirer du capital supplémentaire par-dessus nos propres investissements. Ce qu’il nous faut, c’est du temps pour faire s’infiltrer nos idées, notre approche spécifique dans le marché. Nous avons l’avantage d’être nous-mêmes des juristes et donc de parler leur langue. Nous connaissons leurs frustrations et pouvons mettre le doigt là où cela fait mal, mais c’est encore trop lent.’
Il n’empêche que l’entreprise se tourne dès à présent vers l’étranger. Comme ClauseBase s’avère surtout pratique si l’on gère un gros volume de contrats, elle vise majoritairement les grandes firmes, qui ne sont guère nombreuses en Belgique. Truyens: ‘Il y a plus de potentiel aux Pays-Bas, où les avocats peuvent collaborer avec les notaires et où les bureaux sont plus grands. Nous venons aussi de conclure un important accord au Kenya, de même qu’en Afrique du Sud. Du point de vue juridique, l’Afrique représente en effet un énorme marché en croissance.’
ClauseBase
Siège social: Leuven
Nombre d’associés: 3
Pas à la recherche de capital supplémentaire
Site web: Clausebase.com
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