Start-up: après l’effet de mode… la déception?

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Frederik Tibau est rédacteur chez Data News.

L’investisseur néerlandais et expert en start-up Quintin Schevernels estime que l’image qui entoure les start-up ést trop flatteuse. “De très nombreuses jeunes pousses vont éprouver les pires difficultés à trouver du financement complémentaire”, estime-t-il.

Si l’on sait depuis longtemps déjà que 5% maximum des start-up vont devenir des entreprises viables, l’image flatteuse véhiculée lors d’une lancement d’une jeune pousse ne serait plus de mise, selon Schevernels. “De nombreux fondateurs et investisseurs oublient toujours que seule une infime minorité de start-up connaissent le succès. Et lorsque l’on perd de vue cet élément, la paresse et le manque de perspective s’installent.”

Quintin Schevernels est un conseiller et coach de start-up fort demandé aux Pays-Bas. Il a travaillé pour de nombreuses grandes entreprises et start-up (dont Layar) et est depuis quelques années également business angel. Tout récemment, il a publié le livre ‘Suits & Hoodies’ dans lequel il présente quelques instruments permettant d’accroître ses chances de succès avec une start-up.

“Lorsque j’ai commencé à écrire cet ouvrage en 2014, l’effet de mode autour des start-up avait presque atteint son paroxysme aux Pays-Bas et lorsque le livre a été publié fin de l’an dernier, un tournant avait été pris et le phénomène était vu sous un angle beaucoup plus critique. De très nombreuses start-up fort médiatisées existent désormais depuis un certain temps, ce qui permet de disposer d’informations à leur sujet et de voir comment elles se comportent, en bien et en mal. Ces données sont souvent décevantes : le nombre de start-up qui ont atteint une taille suffisant est très limité.”

“Lorsque la bulle internet a éclaté voici 15 ans, tout est passé du beau fixe à la tempête du jour au lendemain. Cela ne va pas se reproduire, car de nombreuses jeunes pousses sont financièrement saines et se développent. Mais toutes ses petites sociétés qui ne se portent pas trop bien seront pénalisées et éprouveront les pires difficultés à trouver du financement pour poursuivre leur activité. Ces investissements se concentreront sur quelques scale-up qui se portent vraiment très bien.”

Eviter de materner

En Belgique et aux Pays-Bas, un nombre incroyable d’initiatives ont vu le jour pour aider les start-up. A tel point même que l’on a l’impression qu’il y a plus d’initiatives pour les start-up que de start-up mêmes. “C’est une impression que j’ai également, confie Schevernels. Les espaces de coworking, les incubateurs et les conseillers qui entourent ces start-up : l’écosystème autour des starters est plus sain que les start-up elles-mêmes.”

“Pourtant, il est bon que de telles initiatives existent. Celles-ci permettront d’ailleurs d’augmenter les chances de réussite des jeunes pousses. Il est certes indispensable d’aider les entrepreneurs, mais il faut éviter de les materner et de dorloter. Entreprendre est synonyme de prise de risque, à l’instar d’un emprunt hypothécaire sur une maison ou d’un prêt bancaire. On peut certes apporter de l’aide, mais au final, l’entrepreneur se retrouve seul.”

“C’est une bonne chose qu’il soit plus facile de lancer sa propre entreprise, que la technologie soit vraiment bon marché et que les fonds soient suffisamment disponibles. Mais cela ne veut pas dire qu’il soit évident de réussir en affaires. C’est une distinction qu’il faut garder à l’esprit.”

Retour aux bases

Schevernels constate d’ailleurs de pas mal de choses ne tournent pas rond dans la pratique. Ainsi, des start-up essaient de grandir et de s’internationaliser alors que leur produit ou leur organisation n’est pas stabilisée. “Dans mon livre, j’essaie d’identifier les clés du succès d’une start-up : quelles sont les conditions de fond, les bases, de la réussite ?”

Les 3 premières recommandations portent sur le monde extérieur, le marché : il faut oser penser grand, vouloir apporter du nouveau et se focaliser sur son produit. Les 4 autres critères concernent l’organisation : accordez suffisamment d’attention à la culture d’entreprise, attirez des talents, ne vous laissez pas séduire et attachez l’importance qu’il convient au financement. “

“Des grandes entreprises comme Ahold et Starbucks s’en tiennent également à l’essentiel qui constitue le fondement de leur réussite. Si j’enfonce des portes ouvertes ? Peut-être, mais il s’agit là des bases. Je parlais récemment avec un entrepreneur qui avait réussi et qui avait lu le livre. Il m’a dit : ‘Ce sont des généralités, mais j’ai été surpris d’avoir également oublié certains ingrédients de base.”

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