Les startups du tourisme broient du noir après les attentats

La Grand Place de Bruxelles. © Belga
Frederik Tibau est rédacteur chez Data News.

De très nombreuses startup actives dans le tourisme ont vu leur chiffre d’affaires s’effondrer après les attentats du 22 mars dernier. ” Notre activité est pratiquement au point mort, confie Jef Minsard de Leave The Bags. Les clients ont disparu. “

Leave The Bags est une start-up qui se charge du transport des bagages des voyageurs arrivant à la Gare du Midi ou à l’aéroport de Zaventem vers leur hôtel. “En fait, nous avons été touchés deux fois, estime l’initiateur du projet. Après Paris et le lockdown de Bruxelles, les hôtels ont perdu jusqu’à 60% de leur clientèle. En janvier, les touristes sont revenus petit à petit, mais après les attaques à Zaventem et Maelbeek, tout s’est à nouveau effondré.”

Tarik Hennen de Smarflats, une startup qui loue des appartements et organise l’ensemble de la communication sous forme numérique avec le client, se trouve dans la même situation. “Nous existons depuis 3 ans et demi déjà et les derniers mois ont été les plus mauvais de notre histoire. Nous avons perdu la moitié de notre chiffre d’affaires. Toutes les entreprises actives dans le monde de l’hôtellerie sont logées à la même enseigne.”

Tour opérateur chinois

D’ailleurs, le malaise ne se limite pas aux startups de la capitale. Ainsi, Bestlocal, une jeune société installée sur le campus Corda de Hasselt et qui met des touristes en contact avec des ‘experts’ locaux, est confrontée aux mêmes difficultés. “Nous avons perdu un important tour opérateur chinois comme client et avons vu partir en fumée une part de nos revenus”, soupire Ann Dries, fondatrice.

Reste que ce ne sont pas seulement les startups du secteur touristique qui font la grise mine. “Nous vendons des chaussures et des sacs à main haut de gamme, explique Claire Xing-hui Dethier du site d’e-commerce bruxellois Shoe on the cake, et nous avons également connu une période sombre. Les gens n’ont pas vraiment le moral et achètent moins de produits de luxe. Nous l’avons clairement constaté dans nos chiffres. On peut affirmer que nous avons connu le pire mois depuis notre démarrage voici quelques années.”

Stefan Vandegehuchte de Hey Hey Apps avait précisément choisi le 22 mars pour lancer son appli fun Telekitty. “Notre appli devait être opérationnelle ce jour-là et nous ne pouvions rien en dire car cela aurait été malvenu. L’appli était également sur Product Hun, un site populaire où de nouveaux produits sont présentés quotidiennement et nous ne pouvions appeler personne pour demander de voter pour nous. Il va de soi qu’une part du boost organique dont on peut bénéficier lors d’un pareil lancement avait totalement disparu.”

Jean qui pleure,…

Si elles sont moins nombreuses, il existe également des startups qui ont bénéficié d’un impact positif. C’est le cas de Take Eat Easy, une petite société bruxelloise qui livre des repas de restaurants à domicile. “Les restaurants du centre-ville font grise mine et si, grâce à Take Eat Easy, ils peuvent faire 40 couverts supplémentaires par soirée, c’est du bonus, explique Jonathan Lefèvre, country manager.

“Autrefois, nous devions contacter nous-mêmes les restaurateurs pour les associer à notre projet, alors que nous constatons maintenant qu’un nombre croissant de commerçants horeca viennent nous trouver de leur propre initiative car nous offrons une alternative pour proposer des repas à la clientèle.”

“En outre, il est clair que de nombreuses personnes préfèrent rester chez elles depuis les attentats plutôt que d’aller manger au centre de Bruxelles. Il va de soi que nous le constatons au niveau de notre chiffre d’affaires (rire). La facilité est un critère toujours plus important et des événements comme ceux du 22 mars ne font qu’accélérer la tendance.”

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