Le premier post-accélérateur belge va ouvrir ses portes à Bruxelles

Co-Station entend aider les startups européennes en croissance rapide à récolter des fonds dans la Silicon Valley au départ de Bruxelles. Elles pourront ainsi devenir des challengers à l’échelle mondiale sur leur marché de niche.

Co-Station entend aider les startups européennes en croissance rapide à récolter des fonds dans la Silicon Valley au départ de Bruxelles. Elles pourront ainsi devenir des challengers à l’échelle mondiale sur leur marché de niche.

Quelques murs sont recouverts de plans d’architectes, et d’autres accueillent des articles relatifs à l’entreprenariat en Belgique et à des fonds d’investissement. Pour le reste, l’espace bureaux de 2.000 mètres carrés dans le bâtiment Marquis proche de la cathédrale de Bruxelles en est encore au stade de chantier. Il n’empêche qu’un sixième de l’espace bureaux moderne où sera installée Co.Station, est déjà réservé.

Paul Stasse et Edouard Cambier, deux des cinq initiateurs, insistent sur le fait que leur création n’est pas le énième espace de ‘co-working’ ou le xième incubateur. Co.Station s’adressera aux startups qui ont déjà trouvé leur niche. Cambier parle des ‘growing companies’: des entreprises réalisant un chiffre d’affaires d’au moins 500.000 euros, dont, selon lui, l’on pourrait attendre qu’elles soient dirigées par des quadragénaires plutôt que par des jeunots de vingt-cinq ans.

Les fondateurs planchent depuis cinq ans déjà sur le projet. Ils s’y sont attelés, parce qu’ils avaient observé deux choses. Primo, beaucoup d’entreprises en croissance sont trop peu ambitieuses. Dès qu’elles ont atteint une certaine taille, elles entament trop prudemment la phase suivante de leur évolution. En courant ainsi le risque de faire du sur-place.

Secundo, ils ont constaté que les entrepreneurs européens disposent certes dans la première phase de moyens financiers suffisants et de bonnes idées, mais qu’ils évoluent ensuite avec difficultés. “Trop de bons éléments ne progressent plus, lorsqu’ils ont au maximum dix à quinze collaborateurs”, affirment Stasse et Cambier.

“Pour croître et s’internationaliser, les fondateurs décident alors de vendre leur entreprise.” Des starters européens prometteurs sont ainsi souvent rachetés par des entreprises américaines ou sud-coréennes.

Silicon Valley

Co.Station entend soutenir les startups belges et européennes avec des conseils quant à leur stratégie, leur marketing, leur politique du personnel et la commercialisation de leurs produits.

“Nous nous considérons comme un post-accélérateur”, déclare Paul Stasse. “Co.Station sera l’étape suivante après les incubateurs et les accélérateurs. Il s’agira d’un concentrateur où les starters obtiendront des conseils d’experts et d’autres entrepreneurs.”

Les accélérateurs le font aussi, mais il y a une différence. “Co.Station est une initiative privée et ne fonctionnera pas avec des subsides, mais chez nous, les entrepreneurs ne devront pas ouvrir leur capital.” Les entreprises paieront simplement les services qu’elles utiliseront.

En plus de les soutenir, Co.Station entend aussi aider les entrepreneurs à recueillir du capital auprès d’investisseurs américains. Les entreprises qui font appel à l’accélérateur de croissance, se trouvent dans une phase délicate de leur évolution, où elles doivent trouver de nouveaux fonds. Paul Stasse et Edouard Cambier pensent disposer d’un avantage sur nombre d’autres initiatives aidant les PME: avec le co-fondateur Tanguy Peers, Co.Station possède en effet un intermédiaire au paradis américain des startups, la Silicon Valley.

L’ex-directeur d’eBay Belgique s’est établi en 2007 en Californie pour y mettre sur les rails la stratégie de la branche publicitaire naissante de l’online marketplace. Peers est chargé d’aider les starters ayant des questions quant à leur financement ou leur stratégie, et de les mettre en contact avec des investisseurs et d’autres relations.

Le truc de Radionomy

Avec le succès de la plate-forme radio en ligne Radionomy, Peers peut présenter des lettres de noblesse. Radionomy, l’entreprise de l’entrepreneur belge Alexandre Saboundjian, a défrayé la chronique au début de cette année, lorsqu’elle racheta Shoutcast et Winamp à l’américaine AOL.

Radionomy est ainsi devenue le numéro un mondial des radios internet gérées par des particuliers. La startup bruxelloise a ouvert en 2012 une filiale aux Etats-Unis. Le fait qu’elle ait en 2014 déjà effectué ce genre de rachats importants et qu’elle ait repris avec Winamp un pionnier parmi les acteurs multimédias, elle le doit en bonne partie à Tanguy Peers.

Alors que le développement des produits demeurait en Europe, l’ex-vice-président d’eBay se chargea du coaching et des contacts. “Il est parfaitement possible de rechercher des clients et du financement aux Etats-Unis, alors que le coeur des activités reste en Belgique”, prétend Edouard Cambier. Co.Station espère répéter le truc de Radionomy avec d’autres entreprises.

Le post-accélérateur a conclu des accords de collaboration avec toute une série de partenaires. Il entend organiser des événements et mettre en contact entrepreneurs et experts.

“L’objectif est que quelque chose se passe quasiment chaque jour, afin que les responsables des entreprises, les starters et les investisseurs puissent apprendre à se connaître”, poursuit Edouard Cambier.

Les fondateurs rêvent que Bruxelles devienne une sorte d’Eurovalley, afin que la capitale de l’Europe soit, en sa qualité de concentrateur de jeunes entreprises technologiques, en liaison permanente avec la capitale mondiale du pays des startups, Silicon Valley.

Quatre entreprises qui rejoignent Co.Station

1. Diagnoplex. Une startup suisse qui réalise des tests de détection du cancer.
2. Zapfi. Le spécialiste brugeois en marketing mobile et en wifi tracking du CEO Gery Pollet et du président Michel De Coster (ex-VP chez Belgacom).
3. Sixdots. L’appellation commerciale du ‘porte-monnaie mobile’ de Belgian Mobile Wallet, une co-entreprise de BNP Paribas Fortis et Belgacom. Experte en paiements par le téléphone mobile et en gestion de cartes de fidélité, bons ou tickets.
4. SocialCom. Une agence de marketing numérique d’Evere, experte dans la gestion de communautés en ligne pour les PME.

Par Christophe Charlot

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