iMinds à Singapour: il est crucial de trouver le bon partenaire

Frederik Tibau est rédacteur chez Data News.

iMinds supporte actuellement 4 entreprises belges dans le sud-est asiatique. Et d’ici quelques semaines, d’autres viendront s’y ajouter. “Il est important de s’intéresser au potentiel”, estime son responsable, Bart De Smet.

iMinds supporte actuellement 4 entreprises belges dans le sud-est asiatique. Et d’ici quelques semaines, d’autres viendront s’y ajouter. “Il est important de s’intéresser au potentiel”, estime son responsable, Bart De Smet. “Généralement, il y a bien un marché, mais il convient de l’aborder correctement.” Il ne doit pas toujours s’agir de Silicon Valley, selon iMinds, qui a donc élaboré à côté du programme ‘Go West’ de l’institut de recherche gantois, un équivalent ‘Go East’, via lequel chaque année, quelques jeunes starters belges peuvent aller travailler gratuitement pendant six mois dans les bureaux d’iMinds à Singapour et recevoir aussi une solide participation dans leurs frais de voyage et de séjour.

Initialement, Go East ne suscita guère d’intérêt, mais l’on commence progressivement à se rendre compte qu’il existe aussi des possibilités en Extrême- Orient pour des startups versées dans l’ICT, et aujourd’hui, quatre entreprises belges sont quand même supportées par iMinds au départ de Singapour (Adhese, Bubobox, ComSof et CourierIQ), alors que d’autres viendront s’ajouter d’ici quelques semaines.

En outre, il y a encore quelques entreprises belges qui, moyennant paiement, utilisent les bureaux d’iMinds dans cette ville-état qu’est Singapour (Escaux, Vivaldi Software et B.U.T.). Et le ‘butler virtuel’ Posios a entre-temps laissé entendre vouloir en profiter aussi.

Il existe donc bien des entreprises de chez nous qui sont à tout le moins intéressées par le ou les marché(s) du sud-est asiatique. Cela n’a pas non plus échappé à Webmission. Résultat: cette semaine, une dizaine d’entrepreneurs belges(et un journaliste) sont partis en reconnaissance à Singapour, pour y visiter des starters locaux et y rencontrer des capital-risqueurs.

La délégation belge va parler aussi avec des entrepreneurs asiatiques influents et avec des compatriotes ayant pas mal d’expérience dans le domaine des affaires en Asie.

Il va de soi qu’un entretien avec le responsable d’iMinds à Singapour, Bart De Smet, ne pouvait manquer. iMinds possède des bureaux dans Bloc 71, une ancienne usine de JVC qui a été transformée en l’un des principaux concentrateurs de startups de Singapour, à proximité du campus d’INSEAD et de la National University of Singapore.

La question délicate est évidemment de savoir ce que des starters belges tels Posios et BuboBox peuvent trouver à Singapour. Au cours de leurs premières années d’existence, n’auraient-ils pas plutôt intérêt à se focaliser sur le marché belge/européen? Ou se tourner vers les Etats-Unis s’ils veulent quand même s’internationaliser? Bart De Smet: “Ce que nous proposons avec notre programme Go East ne suffira naturellement pas pour réussir ici, mais nos starters pourront-ils néanmoins ainsi avoir une idée du marché du sud-est asiatique. Singapour est une sorte d’Asie pour débutants. Il y règne un climat fiscal très favorable. Les autorités s’efforcent de soutenir financièrement l’écosystème des startups. Il y a une bonne infrastructure, et l’anglais est la langue véhiculaire. De plus, Singapour est une base de départ idéale vers les autres marchés de la région: pensez à la Thaïlande, à l’Indonésie et aux Philippines. Dans ces pays, le potentiel est gigantesque.”

“Nos starters ont-ils l’argent pour investir massivement ici? Bien sûr que non. Mais il n’en reste pas moins qu’ils prennent conscience des possibilités qui s’offrent à eux. Posios possède un produit accessible et attrayant. S’ils pouvaient trouver ici un ou deux client(s) de référence, ils seraient peut-être bien partis.”

“Comme iMinds collabore avec la Singapore Management University, plusieurs étudiants locaux se voient chaque année proposer des places de stage chez nos starters. C’est ainsi que l’un d’eux a du reste déjà travaillé pour Posios au départ de nos bureaux, et que cet étudiant a pris contact avec quelques chaînes de restaurants locales.”

Singapour est peut-être une bonne base de départ, mais si l’on veut faire quelque chose dans le sud-est asiatique, il convient de se rendre individuellement dans plusieurs pays. Chaque marché dans le sud-est asiatique est particulier. C’est ce qui rend les choses très compliquées? De Smet: C’est exact. Les entreprises belges voient l’Asie comme un marché unique en pleine expansion, mais l’image est trompeuse. Singapour est intéressante comme porte d’entrée, mais il est sûr qu’il ne s’agit pas de the place to be pour de nombreuses petites entreprises. Pour Comsof, spécialiste en software pour des réseaux optiques, la Malaisie et les Philippines sont nettement plus intéressantes que Singapour, où 95 pour cent des ménages ont déjà accès à la fibre. Un marché n’est pas l’autre.”

Comment, avec une toute petite équipe, passer en revue tous ces marchés gigantesques? De Smet: “Ce n’est pas possible (rire). Mais une fois encore: envisager le potentiel ne peut pas faire de tort. Pour un grand nombre de starters, l’Asie n’est tout simplement pas une priorité. Mais la mission d’iMinds consiste bien à générer une certaine prise de conscience des possibilités qui s’offrent ici. Et pour les entreprises que nous coachons, la conclusion est en général qu’il existe bien des possibilités, mais que celles-ci doivent être correctement abordées.”

“Dans la pratique, cela revient à trouver des partenaires à la fois solides et complémentaires. CourierIQ, qui a développé une plate-forme en ligne qui met des entreprises de transport en contact avec des courriers et commanditaires locaux, pourrait collaborer avec des entreprises d’e-commerce d’ici ou avec des entreprises qui organisent le traitement de transactions, en l’occurrence la logistique. L’e-commerce croît très vite dans le sud-est asiatique, mais la logistique, elle, en est encore à son début. Il existe en d’autres mots d’énormes possibilités.”

“En tant que petit starter, il n’est même pas possible de démarrer ici. Tout dépend en fait du choix des partenaires. Il faut avoir une représentation locale et pouvoir convaincre les clients.”

“Mais vous avez raison. Nous ne pouvons faire des miracles, mais simplement avoir tous nos sens en éveil. Dans les écosystèmes que nous connaissons déjà dans le sud-est asiatique, il y a pas mal d’acteurs disposant d’un grand réseau. Via via, nous espérons nouer des contacts avec des partenaires solides et intéressants. Pour BuboBox, nous avons ainsi déjà une entreprise en vue qui pourrait représenter un équivalent stratégique.”

BuboBox rencontrera-t-elle dès lors le succès en Asie du sud-est? Aucune idée. Il s’agit en effet d’un premier exercice d’orientation. Tel n’est-il pas après tout aussi l’objectif de l’actuelle Webmission, à savoir explorer le marché?”

“Quiconque veut récolter de l’argent, a tout intérêt à se tourner vers les Etats-Unis. Ici, c’est quasiment impossible pour une entreprise belge, surtout en dehors de Singapour, car le marché des capital-risqueurs est encore sous-développé. Mais en tant qu”early mover’, vous pouvez prendre une longueur d’avance sur les marchés en voie développement, quelque chose qui est devenu pratiquement impossible aux Etats-Unis en raison de la forte concurrence. Autrement dit, il faut faire un choix.

Le potentiel présent n’est-il pas exploité par des entreprises asiatiques? Le sud-est asiatique n’est-il pas ciblé par la Chine? De Smet: “La Chine est un cas à part. Les starters belges ne peuvent encore rien y faire, ne serait-ce qu’à cause de la langue. Mais Singapour est accessible, et le sud-est asiatique aussi. Les entreprises asiatiques possèdent assurément une petite avance, mais si vous arrivez avec de bons produits, pourquoi ne pas tenter votre chance?”

“Je sais que Singapour, c’est loin. Mais Beijing se trouve aussi à six heures d’avion. Et les starters américains ne s’aventurent pas encore jusqu’ici, parce qu’ils ne comprennent pas le(s) marchés(s). C’est donc aux Européens qu’il appartient de prendre la place!”




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