Horus entend faire entrer la comptabilité dans le vingt-et-unième siècle

Les règles comptables ont à peine changé depuis les années septante du siècle dernier. Le logiciel comptable fonctionne encore et toujours comme dans les années nonante. Et ce à une époque, où les changements n’ont pas manqué sur tous les plans. Horus, la jeune entreprise de Philippe Tailleur, entend changer cela et faire entrer la comptabilité dans le vingt-et-unième siècle au moyen de l’intelligence artificielle.

En fait, il ne se passe pas grand-chose dans le secteur comptable, selon Tailleur (Bob Software, SAGE Belgium). Les exigences auxquelles les comptes doivent satisfaire, sont les mêmes depuis des dizaines d’années déjà, ce qui se répercute sur pas mal d’autres aspects. “Une fois que le PC a fait son entrée dans les années nonante et que des progiciels comptables ont été conçus, cela a entraîné une adaptation à l’ère numérique”, explique-t-il. “On n’est cependant pas allé plus loin que quelques mises à jour et qu’une connexion à internet.”

Le monde extérieur, lui, a pourtant bien changé. “Avant, on disposait de semaines pour réagir à l’offre d’une institution de crédit en vue de conclure une prime plus favorable, alors qu’aujourd’hui, cela doit se faire dans l’heure. Voyez aussi ce qui se passe dans le secteur bancaire: avant, le client se contentait de retirer ses extraits une seule fois par semaine, alors qu’à présent, il veut pouvoir consulter ses dépenses à la minute près. Pour pouvoir y réagir, il faut un logiciel qui soit à la fois adapté à cette époque et suffisamment rapide.”

Dans ce but, Tailleur et son équipe ont revu de fond en comble le logiciel comptable, afin de repenser l’idée de A à Z. Le résultat s’appelle Horus, un progiciel comptable qui fait tout en temps réel et peut partager, afin que des décisions puissent être rapidement prises. Avec Horus, on peut saisir un document de toutes les manières possibles. Qu’il s’agisse d’une photo d’une facture, d’un scan, d’un pdf, d’un document Zoomit ou Doccle ou autre, le logiciel le lit, détermine par intelligence artificielle ce qu’il faut en faire et effectue les tâches requises. “Il ne rendra cependant pas le comptable superflu”, déclare Tailleur en souriant. “Ce dernier continuera en effet de superviser tout, prodiguera des conseils et prendra des décisions. Le logiciel prendra certes à sa charge les travaux fastidieux de la secrétaire: ouvrir les enveloppes, saisir numériquement leur contenu, etc. En lieu et place, on dispose d’un logiciel qui génère automatiquement des rapports, avec lequel on peut consolider les comptes de plusieurs entreprises en quelques clics de souris et donner aux clients un état de leur situation en temps réel.”

Horus a été lancé en septembre 2018 et est utilisé aujourd’hui déjà par quelque quatre cents personnes. “Il s’agit principalement de comptables installés en Wallonie et à Bruxelles”, précise Tailleur. “L’objectif est désormais de conquérir aussi la Flandre. Nous allons dans ce but cibler surtout les PME pour qui notre progiciel peut s’avérer utile. Dans un premier temps, nous voulons nous ancrer en Belgique et au Luxembourg, des pays que nous connaissons bien, puis, dans une prochaine phase, nous voulons nous tourner vers l’Europe. Dans ce cadre, nous nous intéresserons moins aux pays nordiques, où l’accès au marché nous paraît assez difficile, mais plutôt à l’Espagne, au Portugal et à la France, des pays qui sont davantage compatibles avec notre marché. Nous envisageons donc d’y accomplir nos premiers et d’y déployer des activités dans les prochains mois.”

Tailleur a créé Horus conjointement avec cinq associés et le fonds d’investissement Investsud de Marche, qui y ont injecté quelque 2 millions d’euros en tout. A présent, la startup serait désireuse de se lancer dans une nouvelle phase d’investissement pour continuer de croître. “Pour commencer, nous souhaiterions cette année encore récolter un demi-million d’euros”, ajoute le CEO. “Et l’an prochain, un million et demi pour nous permettre de nous déployer sur le marché européen. Nous avons déjà été approchés par des capital-risqueurs, mais ce qui compte pour nous, c’est être d’abord et avant tout sain sur le plan financier et mettre en oeuvre une entreprise belge avec du personnel belge. Voilà le défi que nous voulons relever.”

Horus

Siège social: Liège

Nombre d’associés: 6

A la recherche de capital supplémentaire?: Oui, 2 millions d’euros en tout

Site web:www.horussoftware.be

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