Le nouveau président d’Atos chargé de finaliser un divorce difficile
Atos a un nouveau président en la personne de Jean-Pierre Mustier. Celui-ci devra finaliser la scission entre les activités traditionnelles et le nouveau cœur de métier, mais il semble que cette opération devienne progressivement un chemin de croix au lieu d’une voie directe.
La firme française Atos est une valeur confirmée dans le paysage IT mondial. Mais l’entreprise a connu des moments difficiles ces dernières années, ce qui l’a amenée à annoncer en juillet de l’année dernière qu’elle allait se scinder.
Les services IT traditionnels (et désormais moins rentables) tels que les centres de données, le lieu de travail numérique et l’externalisation des processus du métier dépendront désormais du département ‘Tech Foundations’, à savoir l’Atos classique. Quant à l’autre partie, elle se concentrera sur le cloud, la cybersécurité, la transformation numérique, l’IA, l’informatique hautes performances et s’appellera Eviden.
Atos – Eviden – Evidian
Pour éviter immédiatement toute confusion possible, il faut savoir qu’Eviden est dérivé de (mais ne doit pas être confondu avec) Evidian. Il s’agit là de la filiale Identity and Access Management issue de la scission d’Atos, qui s’appellera désormais Eviden. En d’autres termes, il s’agit d’un casse-tête d’appellations au propre comme au figuré.
CIO.com établit ici une comparaison sensée avec IBM, qui s’est trouvée dans une situation similaire il y a quelques années et s’est scindée en une activité traditionnelle sous l’appellation Kyndryl, et en IBM même, qui s’est concentrée sur des technologies plus récentes. Cela a demandé beaucoup de travail, mais le divorce s’est relativement bien déroulé.
Atos espérait probablement un scénario similaire, mais il s’avère désormais différent. Le plan initial était de transformer les deux départements en autant d’entreprises cotées à la Bourse. Mais en août dernier, Atos a annoncé que ses activités traditionnelles (sous le nom d’Atos) seraient revendues à EP Equity Investment, une société d’investissement luxembourgeoise détenue par le Tchèque Kaniel Kretinsky. Elle ne débourserait ‘que’ cent millions d’euros pour cette transaction, mais absorberait également une dette d’1,9 milliard d’euros, ce qui porterait la valeur totale à environ deux milliards d’euros.
Démission du président
Mais cela n’est pas du goût de certains petits actionnaires. Ils se plaignent entre autres du fait que des informations leur ont été cachées, mais aussi que le prix obtenu était trop bas et qu’il existe des conflits d’intérêts. Cette situation a donné lieu à des poursuites judiciaires, obligeant le président Bertrand Meunier à démissionner. La semaine dernière, Atos a annoncé que Jean-Pierre Mustier, qui siégeait déjà au sein du conseil d’administration en tant qu’indépendant, lui succéderait. Or Mustier estime lui aussi qu’une revente est la meilleure option pour l’entreprise.
Pendant ce temps, la scission en tant que telle se poursuit. Chaque membre du personnel est muté dans une entreprise ou une autre, et la synergie est interrompue. On ignore encore vraiment comment Atos et Eviden vont procéder, mais rester ensemble ne semble pas être une option.
2024
S’ensuivra une assemblée générale extraordinaire des actionnaires pour finaliser la revente de l’Atos classique, avec ou sans autres conditions. Selon CIO.com, le feu vert des banques et des régulateurs devrait être obtenu d’ici le début de l’année prochaine.
Pouvoir se baser sur l’Atos classique est nécessaire pour qu’Eviden puisse formellement amorcer son redémarrage, pour lequel il lui faut également lever des fonds auprès d’investisseurs. Ou, pour le dire en termes matrimoniaux, ce n’est qu’une fois le divorce finalisé et la maison revendue qu’Eviden pourra officiellement partager son lit avec de nouveaux partenaires.
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