IA générative au 
supermarché : les Pays-Bas en pointe (pour l’instant)

© Getty Images

Qu’il s’agisse de la liste de courses automatisée ou de la traduction de recettes de cuisine pour végétariens, les possibilités sont multiples. Actuellement, les Pays-Bas semblent prendre la tête.

Selon le professeur Gino Van Ossel de la Vlerick Business School, les attentes dans le domaine de l’IA sont grandes. « Le gros avantage dont disposent les distributeurs, c’est de disposer de très grandes quantités de données », déclarait-il voici peu à la revue RetailDetail. « Si vous parvenez à identifier vos clients, les possibilités sont multiples. Mais lorsque l’on demande aux distributeurs ce qu’ils font avec l’IA, leur réponse est souvent : ‘Pas encore grand-chose’. »

Phase de découverte

Une rapide enquête nous montre que la plupart des distributeurs belges se trouvent encore en phase de découverte. Et notamment Aldi. La chaîne précise n’introduire une nouvelle technologie que lorsque celle-ci apporte une véritable valeur et s’inscrit dans la stratégie discount.

La même approche prévaut chez Delhaize. « Nous analysons pour l’instant où se situent les opportunités et les priorités, explique Roel Dekelver, porte-parole. Nous menons nos premiers tests au niveau de l’individualisation d’idées de recette pour nos clients. Mais il s’agit là de projets à petite échelle. Nous ne pouvons donc pas en dire plus pour l’instant. Nous pourrons potentiellement vous fournir plus d’informations dans le courant de l’année. »

« Le gros avantage des distributeurs est de disposer
de très grandes quantités de 
données. »

Chez Carrefour également, la position est relativement attentiste. « En Belgique, nous étudions les possibilités d’assister nos clients avec l’IA. Nous attachons beaucoup d’importance aux données de nos clients, ce qui explique que nous ne désirons pas pour l’instant les utiliser dans des applications d’IA. »

De son côté, le groupe Colruyt se dit conscient des potentialités de l’IA générative. « Nous nous activons à sensibiliser nos collaborateurs à l’IA générative, précise l’attaché de presse Paulien Kurris. Interrogé sur les applications concrètes, Colruyt se montre toutefois évasif.

Liste de courses numérique

Pour des projets concrets, nous devons nous tourner vers des chaînes néerlandaises. C’est ainsi qu’Albert Heijn a créé sa propre start-up baptisée Gen AI Labs où de jeunes talents peuvent imaginer des applications autour de l’IA générative. « Je suis particulièrement enthousiaste face à l’IA générative et à la contribution positive qu’elle peut apporter à nos clients et nos collègues », déclarait Sjoerd Holleman, directeur Strategy, Analytics & Digital products au lancement de la start-up. Grâce à nos IA Principles, nous pouvons exploiter prudemment et efficacement cette technologie. Nous travaillons ensuite avec nos équipes à la concrétisation et à l’implémentation de ces applications au sein d’Albert Heijn. »

En pratique, Gen AI Labs a notamment mis au point un scanneur de recettes : au départ de l’appli Albert Heijn, les clients peuvent prendre une photo d’une recette de leur choix dans un livre de recettes, après quoi l’appli ’lit’ les ingrédients et les traduit ensuite en fonction des produits de l’assortiment du supermarché, puis tous les ingrédients sont directement repris dans une liste de courses. D’après l’entreprise, l’appli devient toujours plus intelligente puisqu’elle reconnaît par exemple la différence entre une tomate et des morceaux de tomate. Par ailleurs, l’utilisateur peut adapter le nombre de personnes. Ainsi, si le livre donne une recette pour 4 personnes, l’appli peut traduire le plat en fonction de 2 personnes par exemple. Par ailleurs, Albert Heijn a introduit dans ses Gen IA Labs le projet pilote Vegaswop, une appli qui traduit automatiquement les recettes de cuisine en variante végétarienne.

Applicabilité et valeur métier

Jumbo, qui compte 33 supermarchés dans notre pays, se lance également dans la bataille. « Nous avons constitué une équipe pluridisciplinaire qui d’une part, se penche sur les développements rapides dans ce domaine et, d’autre part, traduit la technologie en applications concrètes (potentielles) au sein de Jumbo, indique le porte-parole Ronald van der Aart. Nous mettons fortement l’accent sur l’applicabilité concrète et la valeur métier de la technologie. Pas question donc de mettre sur pied un AI Lab qui expérimenterait toutes sortes de choses et dont seule une fraction se révélerait finalement intéressante. » Bref, le contre-pied de la stratégie d’Albert Heijn.

Entre-temps, Jumbo utilise l’IA générative en différents endroits au sein de l’organisation. C’est ainsi que la chaîne a utilisé la technologie pour migrer 60.000 recettes de la plateforme culinaire SmulWeb vers son propre site Web. En l’occurrence, elle a à la fois adapté et généré sur mesure en fonction de son site Web tant les textes que les photos grâce à l’IA générative. « Pour l’instant, nous améliorerons la fonction de recherche sur notre site Web en utilisant la même technologie », précise-t-on.


Ronald van der Aart ajoute que le déploiement de l’IA générative ne se limite pas au caddie du supermarché. « Notre Jumbo Tech Campus exploite des outils de GenIA pour revoir et déboguer le code de nos développeurs. Par ailleurs, nous adaptons la technologie pour générer du contenu pour nos campagnes de recrutement, par exemple pour convertir le curriculum écrit en un script vidéo. Nous utilisons également l’IA dans le Jumbo Service Center où nous analysons et résumons de très nombreux appels téléphoniques pour localiser plus rapidement les situations problématiques dans le but de continuer à optimiser le service à la clientèle. »

Réduire le gaspillage alimentaire

Via Too Good to Go, les utilisateurs peuvent commander en fin de journée des denrées alimentaires qui n’ont pas été vendues en journée. L’intelligence artificielle doit désormais permettre aux supermarchés de localiser plus rapidement et plus facilement les produits en question. « Chaque jour, nos collaborateurs contrôlent manuellement les produits pour voir si la date de péremption est dépassée, expliquait le CEO, Mette Lykke, dans une interview à Bloomberg Green. Ce processus est très chronophage et implique une marge d’erreur. » L’application logicielle d’IA de Too Good To Go prend en compte le comportement du client, la saisonnalité du produit et plusieurs autres critères pour estimer la probabilité que le produit soit vendu en magasin à un moment précis.

Des algorithmes présentent régulièrement aux collaborateurs une liste de produits à date de péremption proche, ce qui leur permet de limiter les contrôles manuels. En outre, l’appli indique évidemment quand un produit peut être donné ou être vendu avec une forte réduction via l’appli Too Good To Go.

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