Enseigner l’ICT, sur base de l’ICT

Guy Kindermans Rédacteur de Data News

Rarement, j’ai connu un débat aussi confus que celui consacré récemment à l’utilisation des tablettes dans l’enseignement en remplacement des manuels scolaires traditionnels. Les participants y emmêlaient à tout va des éléments comme l’enseignement de l’ICT (dans l’optique de sortir davantage de jeunes informaticiens) et l’enseignement sur base de l’ICT (l’utilisation éventuelle de tablettes), et y évoquaient à tort et à travers la connaissance toute faite (pourtant utile pour retrouver assez rapidement quelque chose sur internet), voire les qualités ou non du calcul mental…

Rarement, j’ai connu un débat aussi confus que celui consacré récemment à l’utilisation des tablettes dans l’enseignement en remplacement des manuels scolaires traditionnels. Les participants y emmêlaient à tout va des éléments comme l’enseignement de l’ICT (dans l’optique de sortir davantage de jeunes informaticiens) et l’enseignement sur base de l’ICT (l’utilisation éventuelle de tablettes), et y évoquaient à tort et à travers la connaissance toute faite (pourtant utile pour retrouver assez rapidement quelque chose sur internet), voire les qualités ou non du calcul mental…

Le problème, c’est qu’après plus de 25 années de microordinateurs dans l’enseignement (une évolution que j’ai bien suivie depuis que j’écris pour une revue scolaire), un concept global des cours n’a encore jamais développé pour le monde de l’enseignement en Belgique. Comprenez un concept par lequel du matériel scolaire soit développé de manière pédagogiquement responsable, pour être utilisé dès le début et jusqu’au terme du cycle scolaire, et qui propose aux enseignants une méthodologie ‘ICT/practice & drill’ ex-cathedra/interactive intégrée. Reconnaissons-le, si l’on compulse les catalogues, un solide travail a déjà été accompli (et c’est évidemment bien ainsi). Mais si l’on y accorde quelque peu plus d’attention, l’on découvre souvent encore un patchwork fragmentaire.

Ce type d’approche exige aussi bien plus qu’un simple inspecteur à la retraite pour créer ce genre de chose (et une fois encore, ce n’est pas une critique à l’encontre des actuels développeurs de matériel scolaire). Il faut continuer à chercher un concept global exploitant les diverses techniques pédagogiques de manière organique et réellement sensée, et pas uniquement ‘de temps à autre’. Et de préférence pas d’une façon qui offre simplement un nouvel habit numérique aux outils existants, à l’instar du ‘tableau’. Autrefois, il était noir, puis il est devenu vert, alors qu’aujourd’hui, il est blanc et/ou intelligent…, mais c’est encore et toujours le tableau utilisé par nombre d’enseignants comme au temps de nos grands-parents. Quoi de plus logique, puisque les enseignants n’ont jamais considéré l’ICT et/ou les outils informatiques comme autre chose que des moyens occasionnels qui étaient prévus de manière incommode par une approche existante, sans en faire réellement partie.

Problème? Le prix de revient (et j’ai de la pitié pour les éditeurs de manuels scolaires qui éprouvent des difficultés). Voilà pourquoi – même si cela peut être blasphématoire en Belgique – l’on verrait volontiers une collaboration entre les divers réseaux scolaires. De cette manière, les efforts consentis par les nombreux enseignants enthousiastes, qui tentent de faire quelque chose avec les moyens dont ils disposent, donneraient assurément de meilleurs résultats. Tout cela exige aussi un certaine dose de continuité (commerciale) garantie durant plusieurs années, afin d’offrir aux éditeurs la chance d’affiner et d’étoffer le produit (notamment dans l’optique d’un support des élèves ayant des problèmes et des retards d’apprentissage, ou des enfants plus doués, etc.). Ce qui à son tour exige une plus grande stabilité dans l’enseignement même, comme la réalisation des objectifs fixés.

L’homme peut certes rêver. Or après 25 années de microordinateurs dans l’enseignement, l’on devrait tout de même pouvoir laisser la phase de rêve quelque peu derrière nous pour passer au concept du ‘manuel d’éducation’ que Neal Stephenson présente dans son livre ‘The Diamond Age’ (un ouvrage au titre enchanteur: ‘Young Lady’s Illustrated Primer: a Propædeutic Enchiridion in which is told the tale of Princess Nell and her various friends, kin, associates, &c’). L’auteur y décrit un système interactif en tant qu”interface’ vers l’éducation et la formation de l’enfant, sur base d’un mix dynamique d’enseignement classique, d’auto-apprentissage, d’interaction avec les éducateurs, etc. Cette ‘primeur’ n’est assurément pas encore pour demain, mais aujourd’hui déjà, l’on pourrait quand même s’intéresser à de nouveaux moyens. Si l’on opte pour l’iPad, pourquoi par exemple ne pas alors envisager l’iBook Author d’Apple?

Et finalement, pour ce qui est de l’enseignement de l’ICT même, l’on ne pourrait assurément pas mieux le supporter qu’en offrant les petits ordinateurs de poche Raspberry PI aux écoliers de chaque école et en leur disant: ‘Amusez-vous!’. Et même s’ils en abiment un, pas de problème. Le plus cher des Raspberry PI ne coûte en effet que 40 euros. N’oubliez pas, un informaticien est et reste un informaticien… et il ne m’étonnerait pas que les informaticiens actuels aient trouvé goût à ce qu’ils font en programmant leur Spectrum ou leur C64. Ce genre de Raspberry PI permet de faire beaucoup de choses, d’utiliser pas mal d’applications, ce qui pourrait assurément élargir la vision des informaticiens en herbe… Et c’est au moins aussi important dans l’optique du type d’informaticien dont nous aurons besoin dans le futur.

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