Elitisme

Etudes, enquêtes et statistiques: autant de magnifiques instruments qui viennent… étayer analyses hasardeuses ou scénarios-catastrophes. Nous les journalistes, nous sommes en général assez larges d’idées, mais de temps à autre, la source de nos informations va quand même trop loin.

Etudes, enquêtes et statistiques: autant de magnifiques instruments qui viennent… étayer analyses hasardeuses ou scénarios-catastrophes. Nous les journalistes, nous sommes en général assez larges d’idées, mais de temps à autre, la source de nos informations va quand même trop loin.

Ainsi en est-il de la récente étude flamande sur la fracture numérique. Cette dernière se déplace, à en croire le service d’études du gouvernement flamand. Premier froncement de sourcils. ‘Se déplace’ et donc pas ‘se réduit’ ou ‘se rétrécit’. Voilà qui est étrange dans la mesure où je pensais que la fracture numérique faisait allusion au manque d’accès à l’IT et à l’internet. Et ne lisons-nous pas par ailleurs que toujours plus de Flamands possèdent un PC et surfent sur le net? Une bonne nouvelle, il me semble.

Que nenni! “La fracture numérique se déplace de la possession à l’utilisation”, apprend-on. Les ‘groupes défavorisés’ (seniors, chômeurs, personnes sans formation,…) n’utiliseraient donc pas l’internet et leur PC pour des ‘applications IT sophistiquées’ comme les sites web d’actualité, les guichets publics numériques, les applications d’e-banking, les cours sur internet,… A l’autre bout de la fracture numérique, l’on trouve, toujours selon l’étude, “les loisirs, les emplettes via l’internet, les jeux et l’envoi de messages simples”. Deuxième froncement de sourcils et sens de l’équité exacerbé. Depuis quand les autorités doivent-elles nous dire ce que pouvons faire avec notre PC et notre connexion internet? Et que, disons, les emplettes sur internet ne méritent que mépris, alors que l’e-banking est digne de tous les éloges? Voilà qui est nouveau.

Tout semble indiquer qu’un fonctionnaire flamand s’est par trop mélangé les pinceaux en analysant les chiffres, au point de tomber dans une mare d’élitisme nauséabonde. En omettant que la fracture numérique s’est certes réduite, mais n’a pas encore disparu. Relever le seuil d’accès aux applications IT n’est absolument pas la solution pour aider les retardataires. Ni d’ailleurs qualifier les seuils plus bas de marginaux. Si les soi-disant ‘groupes défavorisés’ ne peuvent accéder à telle ou telle application d’e-gouvernment ou d’e-banking, la faute en incombe à un manque de bon sens et non pas à la mauvaise volonté de l’utilisateur.

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