D’une cyber-attaque à une guerre réelle

Guy Kindermans Rédacteur de Data News

Les cyber-attaques peuvent conduire à des conflits réels, prévient le conseiller d’Obama.

Les cyber-attaques peuvent conduire à des conflits bien réels, prévient Richard Clarke dans le Wall Street Journal. Ces dernières années, il est régulièrement apparu combien tout un chacun, entreprises et pays inclus, est vulnérable face aux cyber-attaques. Aujourd’hui, les entreprises et les pays doivent donc être conscients qu’il n’est pas question de savoir ‘si’ mais ‘quand’ elles/ils seront attaqués. Dans le Wall Street Journal, Richard Clarke, conseiller à la sécurité nationale de la Maison Blanche sous trois présidents, lance une mise en garde, selon laquelle les cyber-attaques lancées par des ‘hacktivistes’ ou par des pays contre l’infrastructure d’autres états peuvent générer des véritables guerres.

Clarke se réfère ici à la facilité avec laquelle récemment au Moyen-Orient, tant des entreprises que des pays comme Israël (où l’on a volé des données de cartes de crédit) et l’Arabie Saoudite (la Bourse) ont été ainsi touchés. Le succès de ces attaques démontre que la défense, même chez ceux qui prétendent être bien préparés, est encore insuffisante. Que se passerait-il si des pirates parvenaient finalement à endommager l’infrastructure physique dans ces régions, comme les conduites pétrolières, se demande Clarke. “Il n’en faudrait guère plus pour inciter des gouvernements à riposter rapidement à d’autres tant au moyen de cyber-armes que d’armes conventionnelles.”

Clarke se plaint aussi qu’il n’existe aucun système de communication rapide entre gouvernements en cas de cyber-attaques éventuelles, par analogie avec les possibilités de communication instantanée existant entre les Etats-Unis et l’ex-Union Soviétique durant la Guerre Froide (le fameux ‘téléphone rouge’ entre Washington et Moscou, alias le ‘Nuclear Risk Reduction Center’). Ce système pouvait éviter l’escalade d’un incident en une guerre nucléaire, dont en fait aucun des deux pays ne pouvait sortir vainqueur. Clarke demande la mise en oeuvre d’un système similaire pour assurer les contacts entre gouvernements, où ceux-ci seraient tenus de fournir une assistance immédiate en vue d’interrompre les cyber-attaques à partir de leur territoire. Un refus conduirait à des sanctions, comme des amendes financières ou le filtrage obligatoire des messages sortants du pays concerné et ce, en vue d’intercepter les programmes d’attaques.

Etant donné la vulnérabilité des pays aux cyber-attaques, surtout si l’infrastructure nationale critique est attaquée, les gouvernements devraient prendre conscience qu’une cyber-guerre pourrait avoir à grande échelle les mêmes conséquences qu’une guerre nucléaire.

La prise de conscience qu’une guerre nucléaire mènerait à une ‘mutually assured destruction’ (la doctrine MAD), préviendrait en fin de compte ce genre de conflit. Et cette prise de conscience devrait également prédominer dans l’art du cyber-conflit. Comme de nombreux pays développent déjà des moyens pour mener une cyber-guerre dans leurs organisations militaires, la question est évidemment de savoir comment ce genre de système de communication pourrait véritablement forcer des résultats.

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