Kristof Van der Stadt

“D’ici 10 ans, le CIO n’existera plus”

Kristof Van der Stadt Rédacteur en chef chez Data News

Le chief information officer d’avant-hier, responsable des choix techniques délicats en matière d’infrastructure, de stockage et de réseaux. Le CIO d’hier, en charge de faire tourner les plateformes alors même qu’il – et parfois aussi elle – devait aussi s’efforcer de promouvoir l’innovation. Le CIO d’aujourd’hui, qui est pourtant bien plus en phase avec les objectifs de l’entreprise et entend générer de la valeur pour l’organisation. Ce CIO d’aujourd’hui, qui tente d’aider le CEO dans la poursuite de la croissance, la mise en place de nouvelles structures, la numérisation de l’organisation et la création de nouvelles opportunités commerciales. Bref, le CIO est désormais plus que jamais en mesure de positionner le département IT comme partie intégrante de l’entreprise et non plus comme un poste de coûts, mais un générateur de revenus. Le CIO comme partenaire indispensable, comme le Robin aux côtés de Batman.

La mort du CIO’ est annoncée depuis des décennies déjà.

Mais qu’est-ce qui caractérisera le CIO de demain? Traditionnellement une question qui surgit à l’approche de la fin de l’année et de ses rapports fourmillant de concepts coûteux, de prédictions audacieuses et d’évolutions stratégiques. Des rapports qui concernent toujours des tendances technologiques comme telles, mais s’intéressent toujours plus à la gestion et à sa mise en oeuvre stratégique. En d’autres termes, à la relation que le CIO doit établir avec la direction générale. Donc comment le CIO doit s’intégrer dans la prise de décision et en être partie prenante. Le CIO de demain serait-il dès lors par priorité un leader métier? Une étude de VMware menée l’an dernier auprès de CIO de grandes entreprises indique notamment que 49% d’entre eux auront pris la place du CEO à l’horizon 2025. Bref, Robin qui remplace Batman.

Les CIO d’aujourd’hui – et ceux de demain – jouent pleinement la carte du cloud qui s’impose désormais à pratiquement tous les niveaux, de l’infrastructure (IaaS) aux plateformes (PaaS) en passant par les applications (SaaS). Sans oublier les mots en vogue du style hyper-automatisation, analytique de données et IA, mais aussi formation continue et approvisionnements puisque sans les talents, guère de projets.

Et quel sera le CIO d’après-demain? Cette réponse surprenante m’a été récemment donnée par le tout nouveau CIO de Roularta. “Kristof, je pense que d’ici 10 ans, le CIO n’existera plus.” Pardon? Certes, cela fait des années que j’ai appris à connaître notre nouveau CIO comme une personne qui ose jeter un pavé dans la mare, mais son raisonnement pourrait tenir la route. Car une fois que la puissance du cloud aura été largement exploitée, que le casse-tête technique aura été externalisé, que les processus auront été rationalisés et que la numérisation sera une réalité, il n’y aura plus besoin d’un CIO – ou d’un CDO -, quel que soit sa dénomination. Les fournisseurs cloud et de services (gérés) n’assument-ils pas toujours davantage de responsabilités? Et comme il est chargé de la gestion quotidienne, le CIO ne doit-il pas se muer en un stratège métier? Peut-être. Mais peut-être pas aussi. ‘La mort du CIO’ est annoncée depuis des décennies déjà. Ainsi, en 2000, le Harvard Business Review se demandait si le CIO n’était pas devenu superflu. Et en 2008, ComputerWeekly titrait: ‘Role of CIO will disappear in 10 years’, un article basé sur un rapport de la Cranfield School of Business et Deloitte. Et voici qu’en 2021, le CIO est toujours bien vivant et que son rôle est constamment redéfini. Mieux encore, la pandémie lui à donné une nouvelle chance de briller, une chance que d’aucuns ont saisie. Prenez l’exemple de notre CIO of the Year qui, depuis le Covid-19, combine ses fonctions à celles de COO. Et regardez les autres nommés et les réalisations au cours de l’année écoulée. “Non, Kristof, d’ici 10 ans, il n’y aura plus de CIO en tant que tel parce que cela ne sera plus nécessaire”, concluait encore notre CIO au terme de son raisonnement. Il est manifestement convaincu, moi pas encore totalement.

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